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Air Moorea : la santé du pilote en question

La santé du pilote était au cœur des débats vendredi au palais de justice dans le procès en appel d’Air Moorea. Le médecin légiste et expert judiciaire, le Dr Beaumont, affirme que le pilote « était vivant au moment de l’impact, et que son cœur a continué à battre encore plusieurs secondes après l’impact ». Les cardiologues parisiens de la défense réfutent cette thèse. Le Dr Dreyfus déclare « Je ne peux pas dire qu’il a fait un malaise mais je ne peux pas l’exclure ».

Après les hypothèses de défaillances techniques et d’erreurs de pilotage, il a été question vendredi matin de l’état de santé du pilote. Le médecin légiste et expert auprès du tribunal de Papeete Étienne Beaumont a été appelé à la barre et a fait état de l’examen qu’il a établi le 11 août 2007 en présence du vice-procureur Yann Hausner. Il a d’abord rappelé que sa mission était de déterminer si le pilote avait fait ou non un malaise.

Le pilote « était vivant au moment de l’impact » – le Dr Beaumont

Il a ensuite assuré que les tests effectués recherchant alcoolémie, présence de stupéfiants ou de médicaments se sont révélés négatifs. Il a précisé qu’il y avait sur le corps de Michel Santurenne plusieurs ecchymoses, signe qu’ « il était vivant au moment de l’impact, et que son cœur a continué à battre encore plusieurs secondes après l’impact ». Mais cette autopsie a aussi révélé que le pilote avait une sténose artérielle, c’est-à-dire des artères en partie bouchées. Il n’écarte donc pas le malaise vagal mais insiste sur le fait que le pilote était vivant lors de l’impact. Le juron poussé par le pilote, assure-t-il d’ailleurs, « c’est quelqu’un de conscient qui dit ce genre de chose ».

La veuve du pilote, Mme Santurenne, appelée ensuite à la barre, a déclaré : « mon mari n’a jamais eu d’alerte et aucun examen particulier pour son cœur. Il a passé ses visites médicales et cela tout les 6 mois, c’est une obligation lorsqu’on est pilote. Ils font même des tests d’effort et rien n a été détecté sinon il aurait perdu sa licence. Il avait d’ailleurs fait un match de tennis peu de temps avant, même si on m’a dit que je mentais, et au sortir de ce match avec notre fils, il se sentait très bien ».

« Je ne peux pas dire qu’il a fait un malaise mais je ne peux pas l’exclure » – le Dr Dreyfus, témoin de la défense 

Une cardiologue de Paris appelée en tant que témoin par la défense est ensuite venue à la barre. Son confrère et elle ont travaillé à partir des différents rapports médicaux fournis. Elle décrit le pilote comme sportif, grand, sans symptômes particulier. En revanche elle a rappelé que c’était un ancien fumeur et qu’il souffrait sans doute d’hypertension artérielle. Elle assure que l’infarctus vasculaire est la 1ère cause de mortalité en Europe. Le Dr Dreyfus a aussi rappelé que Michel Santurenne n’avait pas mangé. Elle déclare que vu qu’il effectuait un décollage « cela a créé un stress soit la libération d’adrénaline (…). Et donc on ne peut pas écarter une perte de connaissance, un malaise et une mort subite ». Elle rajoute que « il n’y a pas de son audible après le juron et cela atteste un malaise profond car on peut imaginer qu’il aurait émis un son de peur ».

L’avocate générale lui rappelle qu’elle n’est pas inscrite sur la liste des experts et qu’elle ne peut donc attester de quoi que ce soit puisqu’elle n’est que témoin citée par la défense. Dr Dreyfus retire ce terme et précise que « c’est hypothétique (…) c’est une déduction, cela a valeur de probabilité hypothétique ».

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La partie civile a contesté la méthodologie utilisée :« Ce stress vous le déduisez par le silence qui règne juste après le juron. Vous oubliez une chose, le rôle d’un commandant de bord qui transporte des passagers et qui a de l’expérience a une priorité, celle de continuer à faire voler la machine et pas d’informer les passagers. (. Ce silence ne s’explique pas forcément par la médecine… Avez-vous pris en compte cette dimension humaine et professionnelle qui échappe peut-être à la médecine ? ». Dr Dreyfus répond que « toutes nos déductions se basent sur des études scientifiques qui n’ont fait l’objet d’aucunes discussions (…). Je ne détiens pas la vérité mais on ne peut exclure que très certainement le pilote aurait eu un malaise avec perte de connaissance, c’est une probabilité qui repose sur des données scientifiques ».

« Vous avez trouvé un livre où il est écrit qu’après un juron c’est un malaise ? lance la présidente du tribunal à la jeune cardiologue. C’est cela qui me gêne car vous faites état de données scientifiques mais il n’y a rien concernant les jurons ». Le Dr Dreyfus répète : « Je ne peux pas dire qu’il a fait un malaise mais je ne peux pas l’exclure ».

La défense affirme que la rupture du câble de gouverne peut être à l’origine du crash et que c’est au parquet d’apporter la preuve du contraire.

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La partie civile estime le procédé de travail des cardiologues cités par la défense « totalement hallucinant ». Me Thierry Jacquet ne comprend pas comment ces cardiologues peuvent avancer des hypothèses alors même qu’ils n’ont pas rencontré le pilote.

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