Pour la reprise du procès Air Moorea, lundi, l’expert judiciaire près de la cour d’appel de Reims et consultant en transport aérien Hugues Arnould a été longuement entendu. Il considère que « la cause unique de ce crash est la rupture du câble », qu’il est « difficile de déterminer s’il y eu une erreur de pilotage » et qu’il était impossible de redresser l’avion à l’altitude à laquelle volait le pilote.
C’est l’expert judiciaire près de la cour de Reims et consultant en transport aérien, Hugues Arnould, qui a ouvert le bal lundi pour la reprise du procès Air Moorea. Il a décrit, après l’écoute du CVR, l’enregistrement sonore vol, tout ce qui s’est passé lors du décollage jusqu’à l’impact. Il estime que lorsque le pilote, Michel Santurenne, a d’abord rentré les volets (avec pompe hydraulique) et qu’au moment du « juron », on entend un bruit de commande. L’expert judiciaire estime que ce bruit est « peut-être le bruit du manche qui devient libre avec une éventualité d’une rupture de câble ».
L’expert judiciaire estime aussi que le pilote a mis les hélices au maximum pour pouvoir reprendre de l’altitude et que les moteurs ont fonctionné jusqu’à l’impact. Il n’y a donc pas eu de panne sèche.
« On n’a pas le temps de redresser l’avion »
Hugues Arnould estime qu’à 400 pieds, soit 90 mètres d’altitude, « on n’a pas le temps de redresser l’avion » qui est en chute, ou en phase descendante. Cela relèverait de « l’exploit ». Les pilotes font d’ailleurs des exercices de descente à 4 000 pieds, mais pas à 400 pieds. Selon lui, il faut au minimum être à 1 500 pieds « pour permettre à un pilote de récupérer l’avion ».
« On a l’impression qu’il a remis pleins gaz »
L’expert estime que le pilote a remis les pleins gaz. Contrairement à l’avis de certains témoins entendus depuis le début du procès, ce n’est pas la chute de l’avion qui a augmenté la rotation des hélices. Pour lui, c’est tout simplement « une action volontaire ». « Le pilote a tenté de faire quelque chose ».
« Difficile de déterminer si c’est une erreur de pilotage »
Pour Hugues Arnould, à l’écoute du CVR, il est difficile de déterminer s’il y a une erreur de pilotage. « Je ne vois pas d’éléments qui permettent de le dire ». Il ajoute que l’alarme de « décrochage se serait déclenchée » s’il y avait eu erreur de pilotage.
Michel Santurenne est « carré, méticuleux »
Le lecture des auditions des anciens collègues de travail du pilote a également été faîte à l’audience. L’un d’entre eux, aujourd’hui responsable de production à Air Finistère, estime que Michel Santurenne s’est beaucoup investi dans compagnie : « il était carré, méticuleux, tout était vérifié avant chaque vol, il posait souvent des questions aux mécanos ».
Un autre de ses collègues, qui voulait venir travailler à Air Moorea, a déclaré que Michel Santurenne lui avait déconseillé de venir, car selon lui : « les mécanos n’étaient pas qualifiés, et que c’est le bordel ici à Air Moorea ». Vaea Ariipeu d’Air Moorea considérait le pilote comme « très droit au niveau de la sécurité de la compagnie ».
L’ancien directeur de Air Moorea, Freddy Chanseau, a également reconnu les compétences de Michel Santurenne. Selon lui, le thèse de l’erreur de pilotage ne fait pas forcément référence à « son incompétence » mais à une « erreur de gestuelle ».