PRÉVENTION – Un rapport confidentiel remis Place Beauvau propose de limiter le taux autorisé pour les jeunes conducteurs à 0,2 g/l de sang.
L’INFO. Ce n’est pour l’instant qu’un document de travail mais il fait déjà grand bruit. Un rapport d’évaluation de la politique de sécurité routière, remis en juillet au ministère de l’Intérieur et auquel Le Parisien a eu accès, préconise d’abaisser le taux d’alcool autorisé à 0,2 gramme par litre de sang pour les conducteurs qui ont le permis depuis moins de deux ans contre 0,5 gramme par litre comme c’est le cas actuellement pour tous les conducteurs.
Un seul verre, voire aucun. Pour vous donner un ordre d’idée, un seul verre d’alcool fait monter le taux de 0,15g à 0,30g/l de sang, selon la corpulence de chacun. En clair, si les préconisations de ce rapport étaient appliquées, certains jeunes conducteurs pourraient se retrouver en infraction même avec un seul verre d’alcool.
Pourquoi les jeunes sont-ils visés ? Pour justifier ce taux restrictif, les auteurs du rapport mettent en avant le manque d’expérience des conducteurs qui ont le permis depuis moins de deux ans, l’impact sur les temps de réaction d’une alcoolisation même légère et leur taux d’accident. En effet, dans une lettre rédigée en janvier, Manuel Valls, alors premier flic de France, s’était alarmé « qu’en 2013, les conducteurs de 18 à 24 ans ayant consommé de l’alcool étaient impliqués dans un accident sur deux entre minuit et 6 heures du matin, les samedi et dimanche. Le ministre de l’Intérieur avait alors commandé ce rapport.
« Une fausse bonne idée ». Invité mardi d’Europe 1 Midi, la présidente de la Ligue contre la violence routière a d’abord rappelé que cette proposition revenait de manière récurrente dans les rapports concernant la sécurité routière. « C’est la fausse bonne idée par excellence », estime Chantal Perrichon. « Entre 0,2 g/l et 0,5 g/l, il n’y a pas une accidentalité très importante. Dans 80% des accidents mortels, l’alcoolémie est supérieure à 1,2 g/l », a précisé la présidente de l’association, pour qui « il faut arrêter de proposer tout et n’importe quoi »
Une exception française ? Préconiser une telle mesure pour les jeunes conducteurs est-elle une exception française ? Pas vraiment. Des limitations semblables sont déjà appliquées au Luxembourg, en Irlande, en Grèce et au Portugal. L’Allemagne, l’Italie et la Suisse sont encore plus sévères puisqu’aucun verre d’alcool n’est autorisé pour les automobilistes n’ayant que deux à trois ans de permis.