Le Haut-commissariat a annoncé ce jeudi matin que toutes les alertes cycloniques étaient levées dans les îles de la Société. La circulation maritime est désormais autorisée, les établissements scolaires et les garderies rouvriront bien vendredi, mais l’interdiction des loisirs nautiques et de montagne ne prendra fin que la nuit prochaine à minuit. Nat, qui est finalement passée à plus de 150 kilomètres au Sud de Tahiti et n’a causé que des dégâts mineurs, s’est affaiblie. La dépression continue son chemin vers les Tuamotu. Plusieurs atolls, dont Hao, Anuanurunga, Tureia ou Tematangi restent donc en phase de « mise en garde » cyclonique.
« Beaucoup de bruit pour pas grand chose », pensent certains, « mieux vaut être prudent », disent les autres, à commencer par les autorités de l’État et du Pays, qui ont pris leurs décisions à la lumière des prévisions de Météo France. De nouveau le service d’État est critiqué pour son imprécision, sur les distances ou l’intensité des phénomènes météo, alors que son directeur défend le travail de ses prévisionnistes, plus fouillé que celui des sites que consultent beaucoup de Polynésiens, comme Windy ou Windguru. La question de l’harmonisation des alertes et codes couleur entre les différents acteurs se pose à nouveau pour une meilleure compréhension du grand public, reconnaît-on au cabinet du haut-commissaire.
« Cette histoire, c’est vieux comme les cyclones », répond Éric Spitz qui se rappelle avoir vécu des épisodes et des polémiques similaires en Nouvelle-Calédonie. Le représentant de l’État se félicite, lui, du bilan humain : « zéro mort et zéro blessé ».
Nat a donc frôlé les îles du Vent la nuit dernière, en passant 60 km plus au sud que prévu, à 160 km au Sud de Tahiti. Une houle de 4 à 5 mètres a été constatée dans l’archipel de la Société la nuit dernière, et des rafales de vent à 95 km/h ont été mesurées à Moorea, même s’il y a eu au final « moins de pluie de prévu ». Et des dégâts peu nombreux et peu graves – « quelques câbles électriques tombés, quelques arbres à Pic Rouge et Pic Vert (sur les hauteurs de Papeete, ndr), le relogement préventif de 6 familles à Papeete, et quelques ouvrages en bord de mer abimés », comme au Trou du souffleur. La pré-alerte cyclonique a été levée à 9 heures ce matin pour les Raromatai, et ce midi pour Tahiti et Moorea. Les activités nautiques et en montagne restent interdites ce jeudi, la navigation maritime est à nouveau autorisée depuis 13 heures, même si Aremiti et Terevau ont préféré rester à quai toute la journée et ne reprendre les rotations que vendredi matin. Les crèches, écoles et l’université reprennent leurs activités normales vendredi également. Seules les écoles maternelles et primaires de Faa’a resteront fermées, a-t-on appris de la mairie cet après-midi.
La dépression tropicale poursuit sa route vers les Tuamotu et particulièrement les îles de Hereretue, Nukutepipi, Tematangi, Moruroa, Tureia et Marutea Sud. Les Tuamotu Ouest et Centre Sud sont placées en vigilance orange pour fortes pluies, les Tuamotu Centre et Ouest également pour fortes houles et vents violents. D’après la directrice de la protection civile, la colonelle Cécile Macarez, une centaine de personnes seraient actuellement sur ces atolls, d’autres ayant « pris leurs dispositions » pour partir avant la tempête. Un passage de Nat au plus près de Hereretue Nukutepipi est attendu dans la nuit de jeudi, puis tôt vendredi matin vers les autres atolls, « avec des rafales de l’ordre de 100 km/h », selon le Haut-commissariat. La navigation maritime et les activités nautiques sont interdites de 14 heures aujourd’hui au vendredi 9 février à minuit (soit samedi 10 février 0 heure) dans les eaux territoriales des Tuamotu Centre Sud (Hikueru, Hao), Tuamotu Ouest (Anuanuraro, Anuanurunga, Hereheretue, Nukutepipi), Tuamotu Sud (Tureia, Tematangi).
Quant à Osai, la dépression tropicale qui s’est formée plus loin à l’Ouest, elle « est en train de se désagréger », disait ce matin Éric Spitz, sans pour autant exclure des perturbations dans les prochains jours.