Londres (AFP) – Chelsea, affaibli par la fin de règne du mythe José Mourinho, a misé sur l’entraîneur Antonio Conte, le sélectionneur de la Nazionale, pour amorcer cet été la renaissance à l’italienne des « Blues » après l’intérim mitigé de Guus Hiddink.
Pour ramener le lustre d’antan, le club londonien de Roman Abramovich renoue donc avec une tradition récente et l’ex-joueur et entraîneur à succès de la Juventus Turin deviendra donc le cinquième italien à diriger l’équipe après Gianluca Vialli, Claudio Ranieri, Carlo Ancelotti et Roberto Di Matteo.
Avec l’objectif ultime, comme le dernier en 2012, de décrocher la Ligue des champions où les Londoniens viennent de se faire éliminer sèchement par le Paris SG en huitième de finale (2-1, 2-1).
« Je suis fier d’être le sélectionneur de mon pays et seul un rôle aussi attractif qu’entraîneur de Chelsea pouvait suivre ensuite », a réagi Conte, qui s’est engagé pour trois ans, dans un communiqué des Blues.
« Nous sommes fiers d’avoir recruté l’un des entraîneurs les plus suivis et également de l’avoir fait avant la fin de la saison », a déclaré Marina Granovskaia, administratrice du club et bras droit du propriétaire.
L’entraîneur de 46 ans devra pourtant dépasser les réserves de rigueur qui accompagnent son arrivée et convaincre les plus sceptiques alors que ses démêlés avec la justice pourraient prochainement noircir autant les pages que son palmarès.
– Procès du Calcioscommesse –
Dans sa première vie, de 1991 à 2004, il a d’abord tout gagné avec la « Vieille Dame », notamment cinq « scudetti », une C1 en 1996 et une C3 en 1993, à l’époque sulfureuse jalonnée de rumeurs persistantes de dopage massif.
Reconverti entraîneur dès 2006 à Arezzo (D2), il a ensuite été suspendu dix mois en 2012 (réduits à quatre en appel) pour des accusations de matches truqués qu’il n’aurait pas dénoncés du temps où il dirigeait Sienne (2010-2011).
Etrangement, mardi doit d’ailleurs s’ouvrir à Crémone le volet Conte du procès du « Calcioscommesse », ces faits de corruption et d’achat de matches à grande échelle qui gangrènent le football italien. Il est poursuivi pour « fraude sportive » et devrait connaître son sort le 21 avril au plus tôt.
Après le petit club toscan de Serie B, Conte a retrouvé son amour de jeunesse, sur le banc cette fois. Avec la Juventus, l’ex-bon soldat du milieu (20 sélections) a remporté comme entraîneur ses trois premiers titres de Serie A en autant de saisons (avec un nouveau record de 102 points en 2014) avant de brusquement quitter le club lors de l’été 2014 pour rejoindre quelques semaines plus tard l’équipe nationale.
– Faire le ménage –
A Chelsea, il devra veiller à embellir un bilan européen, ce qu’il n’a pas su faire à la tête de la Juve.
Ce ne sera toutefois vraisemblablement pas pour la saison prochaine car les Blues, 10e à 10 points du 4e après 32 journées, ne devraient pas se qualifier pour le prestigieux rendez-vous continental.
Le Néerlandais Hiddink ayant ramené le calme chez le champion d’Angleterre en titre – pour quelques semaines encore – après la tumultueuse fin de mandat du « Special One », Conte aura pour tâche de le remettre le plus vite possible sur la voie Appia des titres.
Il lui faudra pourtant d’abord faire le ménage et amorcer un nouveau cycle. Le club de Roman Abramovich n’a pas de problèmes de fin de mois, mais l’acharné travailleur italien devra composer avec la menace du fair-play financier.
Il pourrait chercher à débaucher Paul Pogba, qu’il a révélé dans le Piémont, mais la concurrence sera sûrement rude. Il lui faudra également initier l’après John Terry, le dernier des historiques du club dont le départ semble acquis. Leonardo Bonucci, son homme-lige à Turin et en sélection, pourrait être une piste à suivre.Le timing de cette annonce, qui met fin aux « spéculations » selon l’aveu de Conte lui-même, va néanmoins permettre à Chelsea d’enclencher dès maintenant le dégraissage et l’opération reconquête.
Ceux qui resteront découvriront un technicien italien classique, féru de préparation et de tactique, rigoureux mais pas tyrannique, apprécié et respecté de ses anciens joueurs.
La route pour permettre à l’Italien d’arriver en Angleterre va pourtant serpenter encore car elle passe par une longue étape en France à l’occasion de l’Euro-2016 (10 juin-10 juillet).
© AFP/Archives ANDREAS SOLAROLe sélectionneur de l’équipe d’Italie Antonio Conte, le 9 novembre 2015 à Florence