Le président de l’assemblée de la Polynésie française récuse les propos tenus vendredi en séance par la représentante Sylvana Tiatoa sur le CHPF. C’est la première fois qu’Antony Géros, à la fois en tant que président de l’APF et que membre du Tavini, s’élève officiellement contre des déclarations outrancières faites dans l’hémicycle.
Antony Géros a publié ce mardi après-midi un communiqué dans lequel il juge que « la représentante Mme Sylvana Tiatoa a exprimé un point de vue et une analyse personnelle susceptible de jeter, à tort, le discrédit sur les missions de service public du Centre hospitalier de Polynésie française, et sur l’adéquation entre l’offre médicale actuelle et les besoins de la population polynésienne. »
Au cours de la discussion sur le collectif budgétaire, qui renforçait les moyens financiers de l’hôpital de Taaone, Sylvava Tiatoa avait dit, en reo tahiti, “le problème de la politique sanitaire de notre pays, c’est qu’on ne s’est jamais préoccupé de la culture de ce peuple et de son identité. Les Polynésiens ont été soignés comme s’il s’agissait d’Européens. Aujourd’hui, aucun médicament ne soigne vraiment les personnes, les traitements ne sont pas faits pour soigner, mais pour soulager la souffrance du peuple. C’est pour cela que chaque année, l’hôpital est déficitaire. » Une déclaration assez mal venue alors que 26 chefs de service du CHPF menaçaient de démissionner collectivement, et qui a suscité la réaction du Conseil de l’ordre des médecins, jugeant ces propos « indignes, racistes, insultants et surtout d’une incohérence étonnante », et une réponse embarrassée du ministre de la Santé Cédric Mercadal à TNTV.
Antony Géros, qui n’avait pas réagi de la sorte lorsque le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia et le représentant Mitema Tapati s’étaient pris les pieds dans le tapis sur le « blanchissement de la population » en Polynésie française, prend cette fois ses distances avec un membre de son propre camp : « les propos de Madame Tiatoa (…) ne sauraient bien évidemment refléter la position de l’assemblée de la Polynésie française, ni celle de la majorité politique la composant. » Avant de conclure que l’APF « tient à saluer et remercier le travail – souvent difficile – accompli au service de toute la population polynésienne par tous les établissements de santé du fenua, publics et privés, les médecins et l’ensemble des soignants, au-delà des clivages politiques et ethniques. »