À l’occasion d’un entretien avec le sénateur Michel Magras sur la décentralisation, Édouard Fritch a jugé « globalement satisfaisant » le statut actuel d’autonomie de la Polynésie française. Le président a toutefois relevé que la crise du Covid-19 appelait à certaines précisions dans la relation entre l’État et le Pays. Autre piste d’évolutions évoquée : l’inscription de la dette nucléaire dans la Constitution, ou l’élargissement des compétences en matière de relations régionales.
Édouard Fritch s’est entretenu vendredi, en visioconférence, avec Michel Magras, sénateur de Saint-Barthélemy. Le président de la délégation sénatoriale aux outre-mer n’est pas un inconnu au fenua : il est depuis de nombreuses années impliqué dans les débats législatifs qui concernent la Polynésie, notamment sur le foncier et sur l’indemnisation des essais nucléaires. Ce qui lui avait d’ailleurs valu d’être décoré, en janvier, de l’ordre de Tahiti Nui par le président du Pays. Michel Magras est aujourd’hui chargé par le président du Sénat, Gérard Larcher, d’auditionner les différents représentants des collectivités d’outre-mer sur leur statut actuel. Des consultations qui s’inscrivent dans le cadre d’un groupe de travail lancé en début d’année par le Sénat pour « repenser et enrichir » la loi de décentralisation que le gouvernement central ambitionne, lui-même, de revoir en profondeur.
Diplomatie régionale et reconnaissance de la dette nucléaire
La discussion, à laquelle participait aussi la sénatrice Lana Tetuanui a donc tourné autour des mesures de déconcentration, de différentiation, mais aussi sur le « sens à donner à une éventuelle révision constitutionnelle », pointe un communiqué de la présidence. Pour Édouard Fritch, il n’y a en tout cas pas lieu d’apporter de « modifications profondes » au statut d’autonomie de la Polynésie. Il « correspond à la volonté des Polynésiens de se gouverner à travers leurs représentants élus afin que les règles qu’ils édictent tiennent compte des réalités locales et de leur culture », aurait précisé le président. Qui a tout de même évoqué plusieurs pistes d’évolutions dans le rapport entre la Polynésie et l’État. Ont été notamment cités l’élargissement des prérogatives du Pays dans les relations régionales, ou « l’inscription du fait et de la dette nucléaire dans la Constitution ».
Mieux prendre en compte l’Outre-mer dans les mesures d’après-crise
Mais la crise du Covid-19 a visiblement soulevé de nouvelles questions. Édouard Fritch aurait ainsi évoqué « des incertitudes sur l’exercice des compétences en matière de santé dans le cadre de l’état d’urgence en vigueur ». En clair : qui, du Pays ou du Haut-commissariat, doit prendre les décisions sur la protection sanitaire de la Polynésie en temps de pandémie ? Malgré les discours chaleureux, les deux institutions n’ont pas toujours été en phase pendant la crise, et certains couacs sont apparus au grand jour, sur la question des quarantaines et des rapatriements, par exemple. Le président du Pays a, au passage, demandé une « meilleure prise en compte » des outre-mer les grandes politiques nationales. Concernant le numérique, la santé, le logement… Mais aussi, et peut-être surtout, le redressement économique post-Covid.