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Après la ZEE, Winiki Sage demande un corridor bleu à l’échelle du Pacifique

Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi, le président de la Fédération des associations environnementales Te Ora Naho s’est félicité des annonces de protection renforcée sur un million de kilomètres carrés de ZEE polynésienne. Mais il a surtout appelé à préparer la suite : attribuer des moyens à la gestion de ces zones, et surtout créer et financer des espaces régionaux de protection de l’océan.

A lire aussi : Edouard Fritch annonce la protection d’un million de kilomètres carrés de ZEE

Pas de raison de le cacher, à la Fédération des associations environnementales Te Ora Naho (Fape), on est « très, très content » des annonces qui ont été faites en fin de semaine dernière à Brest, depuis le One Ocean Summit. 500 000 kilomètres carrés de zones, délimitées en bordures de chaque île polynésienne, qui seront bientôt exclusivement réservées à la pêche artisanale et vivrière, 15 000 kilomètres carrés de récif qui recevront une protection renforcée, et 500 000 autres kilomètres carrés de « Rahui Nui », une nouvelle aire marine protégée, au large des Australes, d’ici à 2030… Ce zonage de la ZEE, la Fape le demandait depuis longtemps. Et même si les périmètres d’exclusion des « longliners » proposés par la fédération était plus larges, son président, Winiki Sage, se dit satisfait :

Le responsable associatif apportera tout de même un regard vigilant à la « deuxième étape » de ces annonces : celle du financement. « Pour créer des espaces-là, il faut des connaissances, des compétences techniques, il faut des moyens logistiques, des bateaux, des personnes… liste l’ancien président du Cesec. C’est toute cette mise en œuvre-là à laquelle on voudrait être associé, avec les communes, les services du Pays… Demain notre avenir, c’est la mer, c’est évident, et le fait de la protéger, c’est garantir un développement économique qui soit durable ».

Moins de poissons à cause de la pêche extérieure

Surtout, Winiki Sage estime qu’il faut désormais regarder au delà de la ZEE dans la protection des océans. Car, zone protégée ou pas, « tout le monde a constaté depuis des années que le nombre de prises a diminué ». Et pour le militant – accessoirement pêcheur – cette raréfaction prend surtout sa source à l’extérieur de la ZEE. Dans les eaux internationales ou dans les zones de pays voisins comme les Cook, qui autorisent, contrairement à la Polynésie, les bateaux senneurs dont les énormes filets « pillent le Pacifique » et ne font aucune différence entre les prises.

Après les efforts de conservation terrestres, particulièrement mis en avant au début des années 2000 au niveau international, c’est donc le moment de créer des systèmes de protection des océans à grande échelle, appuie le président de la Fape. « Quand on parlait changements climatiques, pendant longtemps, on a pensé aux forêts, détaille-t-il. Depuis 5 ou 10 ans, on se rend compte que la priorité absolue c’est de préserver les océans ».

La Banque mondiale en renfort

Winiki Sage, depuis longtemps, parle d’un « corridor bleu », une vaste zone d’exclusion des techniques de pêche les moins écologiques (et notamment la pêche à la senne) qui pourrait être créée au travers du Pacifique. Il se félicite aujourd’hui de trouver un écho auprès de certaines instances internationales, mais aussi auprès du Pays (à Brest, Edouard Fritch a parlé du « Grand mur bleu du Pacifique »). « La question c’est de savoir comment faire pour que nos voisins, nos cousins, de Kiribati, des Cook ou des autres, n’acceptent plus la pêche à la senne dans leur zone, reprend le responsable associatif. Ce qu’on souhaiterait, c’est que la Banque mondiale, comme l’a proposé Christine Lagarde, vienne remplacer ces recettes » issues des ventes de permis de pêche.

C’est aussi du côté de l’Etat que le président de la Fape donne des coups de coude. En proposant un « centre d’expérimentation des technologies durables » en Polynésie, revers vert au CEP. Ou en demandant un moratoire sur l’exploitation des ressources marines, appelant à « récupérer les terres rares dans les tonnes d’équipements électroniques que l’on jette, plutôt que de lorgner sur le fond du Pacifique ». Interrogé sur le manque de débats environnementaux dans les campagnes électorales, le président de la Fape, qui dit préférer « travailler avec tout le monde » plutôt que de se lancer en politique, annonce une nouvelle lettre aux candidats, comme aux municipales de 2020. D’ici là, la Fédération des associations compte publier une deuxième édition de son « Guide des 50 solutions pour un fenua durable ».

Toute l’émission L’Invité de la rédaction à retrouver en vidéo :

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