ACTUS LOCALESCULTURE Après les bagnards, Franck Chanloup dans la peau des Apaches Charlie Réné 2025-01-21 21 Jan 2025 Charlie Réné Les Apaches étaient des bandes criminelles au style tapageur du Paris de la Belle époque. Du Caillou à Montmartre, il n’y a qu’un pas, que Franck Chanloup, qui racontait la Calédonie du bagne dans Les Enchaînés, saute avec La reine des Apaches. Une plongée dans les milieux voyous du Paris du XIXe, remplis de destins cabossés et de quotidiens violents, d’amitiés à la vie à la mort et de guerres de bandes… Au Vent des îles aurait-il perdu le goût du Pacifique ? Pas tant que ça, puisque ces attachantes canailles finiront par cavaler sous nos latitudes, où l’auteur compte bien faire rencontrer ses différents héros dans le dernier opus de la trilogie. La butte Montmartre, destination plutôt exotique pour le Vent des îles. Mais la maison d’édition tahitienne et océanienne était bien décidée à suivre l’auteur des Enchaînés, premier roman publié en 2021, qui avait connu « son petit succès » et même remporté un prix national. Franck Chanloup s’y mettait dans la peau d’un petit brigand métropolitain, arrêté pour un crime qu’il n’a pas commis, puis envoyé, comme tant d’autres, dans l’enfer du bagne en Nouvelle-Calédonie, avec l’évasion comme seul espoir. Changement de décor, donc, mais pas d’époque avec La Reine des Apaches, qui nous plonge dans un Paris de la fin XIXe où il ne fait pas bon se balader dans tous les quartiers. Les Apaches, ces bandes de « gamins des rues » tombés dans la criminalité, font régner leur loi. Il y a les Cravates vertes ou les Costauds de la Villette, mais Montmartre c’est le territoire des Loups de la butte, bande où on croise « Le Balafré » ou « le Rablé », mais surtout Mathilde « La Rouquine », enfant abandonnée devenue cheffe de la meute. Casque d’or, Peaky Blinders ou Sergio Leone « J’ai toujours aimé raconter les parcours cabossés, les difficultés de la vie », confie Franck Chanloup, qui après 15 ans en Nouvelle-Calédonie, a élu domicile à Las Vegas. Chez ces voyous parisiens, l’auteur trouve – ou en tout cas crée – des ambiances de « western à la Sergio Leone », des intrigues « à la Peaky Blinders ». Le passionné d’histoire, dont aïeul a vécu à Montmartre, n’est pas arrivé en terrain inconnu : les images des Apaches, leur parlé, il les avaient croisés dans ses lectures ou au cinéma. Puis il les a pistés dans ses recherches, fouillé, comme pour les Enchaînés. L’auteur s’est constitué un petit lexique de l’argot de ces années, a étudié les noms de bandes ou de bars, a consulté des images d’archives ou des vieilles cartes du quartier, et même vérifié l’orientation des rues de la butte où les Loups rodent sur Google Street View. Les blogueurs littéraires, dont Franck Chanloup a longtemps fait partie, sont formels : c’est ce goût du détail, associé à un rythme haletant qui rendent le roman « magnétique » et permettent au lecteur d’être happé dans ce Paris de la Belle Époque bientôt à feu et à sang. Qu’importe cet ancrage métropolitain, pour Christian Robert, le fondateur du Vent des îles, Franck Chaloup a une plume qui mérite le voyage. Car en plus de son amour de la langue et de l’histoire, on retrouve dans ce deuxième roman tout le soin qu’il apporte à ses personnages. « Ça fait partie de ses qualités d’écrivains : la force qu’il donne aux caractères, toujours avec beaucoup d’empathies, décrit-il. Là, ce sont des voyous, souvent très jeunes, qui vivent de larcins voire même de meurtre, et pourtant ils sont tous pleins d’humanité. Il a cette capacité à leur donner de la vie et du fond ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/APACHES-1.wav Les Apaches et les Évadés réunis dans le troisième opus de la trilogie L’éditeur sait aussi qu’entre Montmartre et le Pacifique il n’y a qu’un pas que Franck Chanloup et ses Apaches finiront par faire. Tant pis pour le « spoiler » : Les Evadés et La Reine des Apaches font en fait partie d’une même trilogie, et le troisième tome reliera ces deux histoires pourtant de prime abord si éloignées. « Le héros principal du premier roman, c’est Victor, ce garçon qui se trouve au bagne et qui s’évade, là ils sont deux : Mathilde et Alexandre, qu’on sent être un personnage en devenir, rappelle Christian Robert. Dans le troisième tome, ils se retrouveront en Nouvelle-Calédonie, et la Reine des Apaches se termine sur le bateau qui y part ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/APACHES-2.wav « To be continued », comme on dit dans les films. En attendant que Franck Chaloup organise cette rencontre, La Reine des Apaches est en librairie. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)