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Après les rythmes scolaires, Ronny Teriipaia veut faire évoluer le calendrier

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Ronny Teriipaia a signé sa lettre de rentrée, avant le retour en classe de plus de 48 000 élèves polynésiens, mardi et mercredi. Le ministre de l’Éducation y indique sa volonté de « lancer une réflexion sur l’évolution de notre calendrier scolaire » lors des états généraux prévus début 2025. Parmi ses autres priorités, le plurilinguisme, la poursuite de l’océanisation des programmes, le renforcement de la lutte contre le harcèlement, la mise en place d’un nouveau statut pour les établissement du 2nd degré, et la poursuite du plan de rénovation des infrastructures scolaires

« Une école qui nous rassemble et qui nous rassemble » : voilà le vœu formulé par Ronny Teriipaia, dans sa lettre de rentrée publiée jeudi dernier, en amont du retour de dizaines de milliers d’élèves dans les salles de classe, le 13 août pour les collégiens et lycéens, et le lendemain pour ceux du premier degré. Pour construire cette vision de l’école, le ministre de l’Éducation, actuellement secoué par une mise en examen, annonce l’organisation d’états généraux « entre la fin février et la fin mars 2025 ». Une concertation entre personnels d’éducation, parents, élus partenaires sociaux et associations, destinée à rédiger la  nouvelle charte de l’éducation qui sera ensuite présentée à Tarahoi, en vue d’une mise en application à la rentrée 2025. Mais aussi à « lancer une réflexion sur l’évolution de notre calendrier scolaire ». Ronny Terriipaia souhaite que « l’on tienne enfin compte des conditions climatiques du pacifique Sud et des pics de températures des premières semaines de l’année civile ». Cette spécificité est par exemple prise en compte dans le calendrier scolaire de Nouvelle-Calédonie, où la rentrée s’effectue mi-février, après deux mois de vacances pendant la saison chaude. Sans préciser comment il compte le mettre en place, avec les bouleversements que cela implique après ceux engendrés cette année par la modification des rythmes scolaires, le ministre espère, dans un premier temps, faire entrer en vigueur ce nouveau calendrier pour trois ans, à compter de 2026.

Après avoir mis l’accent sur le bilinguisme, dans sa première lettre de rentrée rédigée l’an passé, Ronny Teriipaia pousse pour le plurilinguisme, avec la poursuite du plan d’action territorial pour les langues, développé l’an passé pour cinq ans. « Les élèves doivent maîtriser leur langue polynésienne, le français mais aussi l’anglais », note celui qui fut le premier agrégé en reo tahiti. Notamment car « la maîtrise de l’anglais s’avère indispensable dans le contexte de l’hôtellerie-restauration » et dans une situation géographique « très majoritairement anglophone ». « Conscient de cette exigence, l’expérimentation des écoles bilingues français-anglais dès le primaire, lancée depuis la rentrée 2023 à Bora Bora, sera poursuivie », écrit le ministre. Et, nouveauté de cette rentrée 2024, un « parcours anglophone du Pacifique » est mis en place pour les élèves de baccalauréat professionnel de l’hôtellerie-restauration-tourisme. « Il permettra à la fois de renforcer les compétences linguistiques et interculturelles de nos élèves et de répondre aux besoins en compétences des professionnels dans le secteur du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie. Ce parcours anglophone du Pacifique, voie d’excellence au sein de la voie professionnelle, conduira à la délivrance d’un certificat dénommé Pacific ‘ara qui sera la reconnaissance des compétences des élèves », détaille le ministre.

En ce qui concerne le seul apprentissage des langues locales, le volume horaire dédié à leur enseignement « sera porté à 3 heures par semaine dans le premier degré et à 2 heures en classe de 6e en commençant cette année dans les collèges dotés d’un professeur des écoles en langues et culture polynésiennes ». Ronny Teriipaia annonce aussi la mise en ouvre d’un « plan reo » début 2025, destiné à « consolider les compétences des professeurs des écoles à travers des formations massives à destination des volontaires qui se sentent en insécurité linguistique ».

L’enseignant de formation ajoute que « l’accent mis sur la maitrise des domaines fondamentaux (dire, lire, écrire, compter) doit s’appuyer sur la valorisation des langues et de la culture polynésiennes dans les enseignements. » Et pour engager au mieux les élèves dans leurs études, il écrit aussi vouloir intégrer le patrimoine culturel matériel et immatériel dans l’apprentissage. « Dans cette perspective, l’apprentissage et la pratique des arts traditionnels tels que l’art oratoire et les chants traditionnels polyphoniques seront intégrés dans le parcours éducatif et artistique des élèves et valorisés lors des événements culturels organisés à l’initiative des équipes », tels que le Heiva Taure’a.

Un comité de pilotage a été créé : il rassemble des inspecteurs, des cadres de la DGEE et du vice-rectorat. Objectif, « adapter et contextualiser d’avantage les programmes« , pour apporter « du sens pour les élèves et pour leurs familles ». Ronny Teriipaia souhaite pousser l’océanisation « en français, en mathématiques, en éducation morale et civique, en histoire-géographie, mais aussi dans des disciplines comme l’EPS avec les Tu’aro ma’ohi, les sciences, l’éducation musicale, les arts plastiques », bref l’ensemble de l’emploi du temps. Le ministre attend des propositions de ce comité dans le courant de l’année.

Toujours du côté pédagogique, le membre du gouvernement prévient que cette rentrée 2024 « réaffirmera le rôle essentiel du numérique éducatif ». « L’accent sera mis sur l’éducation aux médias, l’information et l’intelligence artificielle, pour aider les élèves à se projeter dans un avenir numérique mieux appréhendé. »

« Les établissements publics territoriaux d’éducation de la Polynésie française (EPTE) sont entravés dans leur fonctionnement par un statut devenu obsolète », pointe Ronny Teriipaia. Notamment, dit-il, pour des questions de « cohérence avec la règlementation financière, budgétaire et comptable de la Polynésie française ». Comme en Métropole avec les EPLE et en Nouvelle-Calédonie avec les EPENC « la Polynésie française souhaite créer un statut particulier pour ses établissements scolaires qui vont devenir des Établissements publics d’enseignement de la Polynésie française (EPEPF) ». Leur création fera l’objet d’une loi de Pays, « dans le courant de l’année ».

« Préoccupé » par l’augmentation des cas de suicides d’élèves, Ronny Teriipaia insiste sur la nécessite « d’identifier, au sein de tous les établissements, des lieux de parole et d’écoute pour les élèves ». Il annonce la création d’un nouveau domaine d’enseignement à l’école primaire : « Bien être et bien apprendre ». « Partout, la lutte contre le harcèlement doit être renforcée. Le dispositif mis en place en 2022 doit être accompagné par la formation des personnels de l’équipe ressource car aujourd’hui nous ne disposons pas encore d’assez de formateurs pour lutter efficacement contre le harcèlement au sein des établissements scolaires », concède le ministre de l’Éducation. Autre priorité du ministre, cette fois hors les salles de classe : « améliorer les conditions d’accueil et de vie dans les internats ».

Cette amélioration des conditions d’accueil passera notamment par la poursuite du « plan Marshall » mis en place cette année pour rénover les construction scolaires. « J’ai publié, suite au vote du budget 2024, la liste des travaux à réaliser pendant cette année et ceux à réaliser sur les années 2025-2028. J’actualiserai cette liste après le vote du budget 2025 afin que tous les usagers aient une visibilité sur la programmation de l’amélioration du bâti scolaire et des internats que je souhaite effective pour accueillir les personnels, les parents et élèves dans de meilleurs conditions », annonce le ministre.

Lettre de Rentree 2024 2025