Avec 13,2% des voix et une troisième place, Jean-Luc Mélenchon est une des surprises de ce premier tour au fenua. Si le leader de la France Insoumise a été clair en appelant à « ne donner aucune voix à Marine Le Pen » au second tour, son collectif de soutien polynésien entend, lui, « laisser à chacun la liberté de son vote ». Et réfléchit déjà aux prochaines élections.
2492 voix en 2012, 5952 en 2017, 8035 pour cette présidentielle 2022. Le vote Mélenchon progresse en Polynésie, et le candidat de gauche radicale se classe pour la première fois troisième de ce premier tour, au niveau local comme national, loin devant Valérie Pécresse et Éric Zemmour. Chez ses soutiens, réunis au sein de l’Union Populaire Polynésie, on attendait encore, ce dimanche midi, les résultats officiels pour s’assurer que le chef des file des Insoumis n’était pas qualifié pour le second tour. Il faut dire qu’au niveau national, l’écart s’est réduit, au fil de la soirée électorale, avec Marine Le Pen (23% contre 22,2% pour Jean-Luc Mélenchon), qui devrait tout de même conserver sa seconde position, et donc son ticket pour le 23 avril.
« Si on avait eu deux semaines de campagne supplémentaires… »
Si la déception est palpable chez les militants, particulièrement sur les réseaux sociaux où certains s’étaient imaginé une « vague anti-Macron », Tevaiarii Frebault, une des porte-paroles de l’Union Populaire Polynésie, se félicite du score obtenu. « On a vraiment augmenté le nombre de votes, et on l’a fait avec très peu de moyens, explique-t-elle. Il faut féliciter tous les militants ». Qu’est ce qui a manqué à Jean-Luc Mélenchon ? « Deux semaines de campagne supplémentaires », pointe-t-elle, rappelant que les nouvelles règles ont raccourci d’autant la campagne officielle, et que la dynamique de ces derniers jours profitait à son candidat partout en France. Tevaiarii Frebault regrette aussi l’abstention record : « Peut être que parmi ceux qui ne sont pas exprimés, beaucoup rejetait le bilan d’Emmanuel Macron, et auraient pu voter pour un programme comme celui de Jean-Luc Mélenchon ».
Rejeter le bilan du président sortant, cela parait être un des fils conducteurs des soutiens locaux de Jean-Luc Mélenchon dont beaucoup étaient impliqués dans les manifestations anti-masque ou anti-vaccin. Si le candidat a insisté, dimanche soir sur le nécessaire barrage à l’extrême droite – « il ne faut ne donner aucune voix à Marine Le Pen » au second tour a-t-il martelé – la porte-parole de l’Union Populaire Polynésie explique, elle, qu’aucune consigne de vote ne serait relayée au fenua. « On veut laisser à chacun la liberté de son vote » pointe-t-elle, en précisant que les militants devraient se réunir dans les jours à venir. Pour parler du second tour, mais surtout de la suite. Pour Tevaiarii Frebault, les voix des 8000 Polynésiens qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon doivent être « prises en compte », aux législatives et aux territoriales :