L’association sportive Dragon va ouvrir deux pistes de padel à Titioro dès 2024, et en prévoit trois autres « si le succès est là ». Une manière de « décharger » l’AS Phénix, dont les 5 terrains – et quatre autres en projet – attirent toujours plus de monde à Punaauia. Vif, accessible et convivial, le padel n’existait pas voilà un an au fenua, mais son succès est fulgurant : certains le voient rapidement rassembler un millier d’adeptes au fenua.
Un petit court coincé entre des vitres et des murs grillagés, quatre joueurs aux raquettes rondelettes, des échanges intenses, des smashs, des lobes et des montées incessantes au filet… Le padel, sport d’origine mexicaine, c’est l’enfant terrible du tennis et du squash, qui après s’être répandu en Amérique du Sud, s’est imposé en Europe méridionale, en Espagne en particulier, et a conquis, entre autres, la métropole. 80 000 joueurs français en 2018, près de 500 000 aujourd’hui… L’accessibilité du padel et son côté convivial le rendent viral. Et la Polynésie n’échappe pas à l’épidémie. Voilà un an, l’AS Phénix avait installé ses deux premiers terrains à Outumaoro. Les curieux ont tout de suite accroché, les tennismen et joueurs de squash se sont convertis, ont appellé des amis pour compléter les parties, souvent mixtes et ouvertes à toutes les générations.
« On a vu revenir au club des gens qui ne jouaient plus depuis des années », explique un responsable de Phénix. L’association de Punaauia ne perd pas de temps et ouvre trois « pistes » de plus en juillet. De quoi satisfaire les mordus de la petite raquette ? Non. Malgré le coût de l’abonnement – 8000 francs par mois, avec une limite du nombre de réservations simultanées, pour laisser la place à tout le monde – les terrains sont pris d’assaut de 6 heures à 21 heures, certains faisant le déplacement d’Arue ou Mahina pour taper quelques balles. L’AS Phénix compte déjà 500 abonnés au padel, contre 150 en tennis ou en squash. Le succès avait de quoi attirer l’attention des autres clubs sportifs.
7 millions de francs, avec l’aide du Pays et de Paris
Et notamment celle de l’AS Dragon et ses 700 membres, en plein effort d’investissement. Du côté de Pirae, deux courts de tennis viennent d’être rénovés, un nouveau stand de tir à l’arc est en préparation pour doubler celui de Pater, et les dirigeants ont vu dans ce nouveau sport de raquette un bon moyen de redynamiser le complexe de Titioro, qui ne manque pas de place. « Les responsables de Phénix sont les premiers à demander qu’il y ait des courts de padel qui se développe de l’autre côté de Papeete », explique le président de Dragon, Charles Fong Loi. Appel entendu : les dossiers de subventions ont été montés en milieu d’année, l’Agence nationale du Sport a déjà accepté de mettre au pot, et l’aide à l’investissement du Pays a été étudiée – et pré-validée – au début du mois en commission de l’assemblée. Deux nouvelles pistes – pour un investissement total de 7 millions de francs – devraient donc être ouvertes « dès l’année prochaine » sur le « plateau extérieur » du complexe de Titioro, près de la salle omnisports et du terrain de football.
Bientôt 14 pistes au fenua ?
L’AS Dragon devrait même créé une nouvelle section – sa huitième – pour accueillir les futurs padelistes. « Ces deux pistes, c’est un début, reprend le président, on a prévu d’en construire trois autres si les adhérents répondent présents ». Ce qui a toute les chances d’arriver, vu la dynamique au fenua. Car à Phénix, rien indique que la tendance s’essouffle : le club, lui aussi, prévoit d’accompagner ce succès avec quatre nouvelles pistes en projet. Elles seront construite, cette fois sous une toiture de huit mètres de haut pour préserver les moquettes qui tiennent mal le soleil, en lieu et place du court de tennis numéro 3. « C’est un peu triste mais il faut bien reconnaitre que les terrains de padel sont beaucoup plus demandés », soupire un tennisman. Le fenua, qui « padel » depuis un an seulement, pourrait donc rapidement arriver à 14 pistes. « Ça ne serait pas si étonnant d’avoir un millier de joueurs en Polynésie d’ici un an », confie un responsable sportif. Pas si étonnant, quand on considère que la métropole dispose maintenant de près de 1500 terrains, dont 240 sont sortis de terre dans les douze derniers mois.
Et d’autres clubs, sollicités par leurs membres, ou attirés par les ressources financières offertes par ce sport-tendance, se convertissent. Qui, en Polynésie, pour rivaliser avec Phénix et Dragon ? En attendant de pouvoir lancer un championnat local, le petit milieu compte prendre du niveau. Phenix organise ces jours-ci un championnat féminin, les joueuses étant aussi représentés que les joueurs sur les pistes, attend ses quatre nouveaux terrains pour créer son « école de padel » pour les jeunes, et réfléchit à faire venir des joueurs métropolitains. Des membres de l’équipe de France était déjà passé par Tahiti l’année dernière, et le fenua pourrait accueillir, dans les semaines à venir Léa Moerava Godallier, ex-championne de France et d’Europe, qui pointait en novembre à la deuxième place du classement féminin français. La championne serait toutefois de passage pour des vacances plus que pour des master class au fenua. Un pays où elle a des liens puisqu’elle est née… à Manihi.