ACTUS LOCALESSOCIAL

Après son succès dans les urnes, la Fraap tape du poing sur la table

Après avoir recueilli plus de voix que la CSTP-FO et A Ti’a i Mua aux élections professionnelles de la fonction publique, le syndicat de Jean-Paul Urima souhaite discuter avec le Pays des salaires et des retraites, ainsi que de l’organisation des commissions administratives paritaires. Il demande également des audits de plusieurs directions et s’oppose, comme d’autres, à la fusion entre la DGRH et la DMRA, demandant même la destitution de certains cadres, notamment à l’équipement. La Fraap, qui rencontrera Vannina Crolas ce vendredi en espérant être écoutée, agite déjà la menace de mouvements de grève, s’appuyant sur le soutien unanime des pompiers d’aéroport.

La Fraap continue de faire son nid dans le paysage de l’administration locale. Créé en 2017, le jeune syndicat, qui comptait une vingtaine de membres à l’époque, a commenté ce jeudi les résultats des dernières élections de la fonction publique territoriale. Ces résultats le placent en tête des suffrages en termes de voix, devant la CSTP-FO et son éternel rival, A Ti’a i Mua. Une victoire qui vient « conforter » Jean-Paul Urima dans les choix stratégiques pris par le groupe. « Nous ne sommes pas sur le même mode de fonctionnement que la CSTP-FO… je n’hésite pas à déléguer », dit-il.

673 voix en 2018, 915 en 2024

La « Fédération de rassemblement des agents des administrations de Polynésie », qui est passée de 673 voix en 2018 à 915 lors de ces dernières élections, qualifie sa progression de « vertigineuse ». Une évolution de 242 voix en sept ans, pourtant modeste, mais qui permet à la Fraap d’hériter de deux sièges au Conseil supérieur de la fonction publique, contre un pour ses quatre principaux concurrents. Jean-Paul Urima assure que ce résultat est le fruit d’un gros travail de terrain auprès des agents, en particulier ceux de catégorie D qui ont été nombreux à lui faire confiance.

La Fraap « spécialiste des préavis de grève »

Jean-Paul Urima et son équipe, qui se disent « spécialistes des préavis de grève », veulent faire bouger les lignes, en commençant par celles du code de travail qui empêche la Fraap de devenir une centrale représentative du fenua. « Cela va faire partie de nos revendications auprès du gouvernement, précise le secrétaire général. Il faut que l’on change les règles de la représentativité des syndicats. Je considère qu’elles sont totalement obsolètes depuis des années puisque seuls les syndicats qui ont des délégués du personnel, donc ceux élus au sein du secteur privé, bénéficient de cette représentativité. Ce que nous contestons totalement aujourd’hui. Elle n’a plus lieu d’être, il va falloir la réformer. »

Respect des protocoles d’accord

Le syndicat souhaite donc discuter du sujet avec le Pays mais évoque de nombreuses autres revendications. Il cite, entre autres, le sujet des salaires et des retraites, de l’organisation des commissions administratives paritaires et veut surtout que le gouvernement « honore » les protocoles d’accord signés ces deux dernières années. La Fraap réclame les résultats des audits à la Direction des services informatiques, au Service d’Accueil et de Sécurité rattaché à la présidence, à la DRM ou encore à l’Aviation civile.

Non à la fusion DGRH -DMRA

Autre point de désaccord qu’il compte d’ailleurs faire remonter à la ministre , celui de la fusion entre les services de la DGRH et de la DMRA. Un projet « antinomique » selon Jean-Paul Urima qui se positionne « tout à fait contre » cette association qui, selon lui, va engendrer « encore plus de dysfonctionnements au sein de l’administration ». Cette étape, pourtant annoncée pour septembre, rentre dans « le plan de restructuration des services » annoncé par la ministre. Créé en 2015, ce service du Pays « ne sert à rien », répète le secrétaire général. « À la base, la DMRA a été créée pour contrôler certaines administrations qui posent problème, faire des audits, mais on se rend compte qu’il n’y a rien qui se passe. »

La Fraap espère en tout cas être « entendue » et comprise par les autorités. Le syndicat, qui ne manque pas de sujets de discorde, est aussi visiblement très remonté par un contrôleur de gestion de l’équipement « qui sème la zizanie depuis son arrivée dans le service ». Il va même jusqu’à demander à la direction de « l’écarter » faute de quoi, elle « s’en occupera personnellement ». La Fraap assure enfin ne pas vouloir faire de « chantage » mais n’hésite pas non plus à brandir la carte de la menace de mouvements de grève, et s’appuie notamment sur les pompiers d’aéroport chez qui le syndicat fait l’unanimité des suffrages.

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