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Après une altercation avec le capitaine, la police « sécurise » le déséchouement du Turning Point


Le voilier de 9 mètres est sur la plage Lafayette de Arue depuis plus d’une semaine. L’entreprise choisie par les autorités pour le déséchouer est intervenue aujourd’hui. Mais les rapports sont tendus avec le capitaine, Russe vivant à Moorea, et qui sait qu’il sera difficile de récupérer le bateau une fois remis à flot.

Du monde sur la plage Lafayette ce matin. Le Turning Point, voilier échoué depuis mardi dernier, n’attire pourtant plus les curieux. Mais cette fois ce sont quelques spécialistes des travaux maritimes qui s’approchent, précédés de plusieurs policiers, de la DSP ou de la Police aux frontières. Ils viennent « discuter », et « encadrer » Jenia, le capitaine du bateau qui loge depuis la semaine dernière juste en face du lieu d’échouement. En début de semaine ce Russe, au naturel vif mais plutôt avenant, avait entamé une traversée de Moorea, où il réside « depuis deux ans », vers Tetiaroa à bord du Turning Point. « Le bateau a commencé à prendre l’eau dont on s’est rerouté vers Tahiti, se rappelle-t-il. Mais il a pris de plus en plus l’eau, et on a dû mettre le cap sur cette plage« . « Une question de survie » pour le jeune homme originaire de Saint-Petersbourg. Le lieu n’a pas été choisi au hasard : « je sais que c’est abrité, et je connais le propriétaire du terrain d’en face », explique-t-il.

Jenia n’est pas le propriétaire du Turning Point. Ce dernier – « un ami » – serait mort et ses enfants, « qui habitent à Amsterdam, aux Caraïbes et à Londres », lui auraient confié le bateau. Une responsabilité qu’il n’a pas encore officiellement revendiquée.

Menaces et négociations du capitaine

Car la suite de l’aventure risque d’être compliquée : sans assurance et sans contact avec le propriétaire réel, c’est la Direction polynésienne des affaires maritimes qui a pris en charge le déséchouement. Et choisi une compagnie spécialisée, Ti ai Moana, par appel d’offres. Ses représentants sont venus faire des repérages en début de semaine. Mais la discussion s’est envenimée avec le capitaine. Les mots sont montés hauts, et le navigateur aurait menacé un des gérants, faisant, d’après ces derniers des références à la « mafia russe ». Pas de quoi faire perdre le sourire aux travailleurs de Ti ai Moana , qui ont tout de même prévenu les autorités, « pour éviter que ça aille plus loin ». C’est donc accompagnée par la police – qui a « déjà entendu parler » de Jenia – que la société est venue ce matin. Le débat semble avant tout d’ordre financier. Le capitaine, qui dit avoir fait « tous les travaux pour préparer le navire » estime qu’il peut être remis à l’eau en l’état, pour éviter des frais supplémentaires. Il aurait demandé à la société – avec une certaine insistance, donc – « la moitié du prix du marché ».

Sauf que du côté de Ti ai Moana, on n’entend pas se faire dicter la marche à suivre. Son gérant, Nicolas Brigato, compte bien faire toutes les inspections, et assurer l’étanchéité du pont avant de ceinturer et de tracter le bateau. Voire d’utiliser un ponton-grue si nécessaire. Une opération en deux phases, donc, comme le prévoit son contrat. Pour apaiser la situation, il a proposé au capitaine d’indemniser ses journées de travail. Mais les discussions restaient tendues ce matin. Le spécialiste compte bien déséchouer le bateau dans la journée, « si on a de soucis avec personne ».

L’opération de déséchouage comptait sur une mer haute, en ce début d’après-midi, pour faciliter la traction, indique la mairie de Arue.  Malheureusement, il n’en a rien été – il aura fallu trois tentatives de traction avant de réussir. Le « Turning Point » a été ensuite tranquillement remorqué par la barge jusqu’au port de Papeete, escorté par un poti marara prêt à récupérer le technicien resté sur le pont du voilier et chargé de s’assurer qu’aucune nouvelle voie d’eau ne faisait son apparition. Une fois à quai, le voilier a été sécurisé.  Le capitaine sera alors autorisé à monter à bord, mais pour pouvoir reprendre la mer, il devra prouver que le bateau est aux normes, que les propriétaires lui ont confié et, surtout, assumer les frais liés à cette opération. « Si ça doit coûter un million je suis désolé, mais je ne le prend pas », lance Jenia.

© Mairie de Arue

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