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Après l'Asie, le Brexit envoie les marchés européens par le fond

Paris (AFP) – Pris à contre-pied par une sortie du Royaume-Uni qu’ils n’attendaient pas, les marchés européens se sont effondrés vendredi à l’ouverture, suivant irrémédiablement les places asiatiques et la livre britannique au plus bas depuis 1985.

Une chute de près de 10% pour la Bourse de Paris, de quasiment 10% pour celle de Francfort et de plus de 7% pour Londres. Et l’onde de choc était générale sur toutes les places européennes.

Le carnage était du même ordre de grandeur qu’au moment de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, avec le secteur bancaire en première ligne. Deutsche Bank s’effondrait ainsi de plus de 16% comme BNP Paribas et Société Générale de plus 25%.

« Les marchés n’y croyaient pas. Ils sont pris par surprise par ces résultats inattendus et c’est une réaction en chaîne », souligne Alexandre Baradez, un analyste de IG France.

« C’est l’un des plus gros chocs sur les marchés de tous les temps », estime Joe Rundle, un analyste de ETX Capital. « Les répercussions du vote vont se faire sentir dans le monde entier. L’ampleur des dégâts est difficile à évaluer mais il sera probablement plus important que tous les événements survenus depuis la faillite de la banque Lehman Brothers en 2008 ». 

Depuis le début de la campagne les marchés redoutaient une sortie du Royaume-Uni aux conséquences dévastatrices pour l’économie européenne et mondiale ainsi que pour le monde financier.

« Pour le Royaume-Uni, c’est un séisme » dont les « implications vont indubitablement aller au-delà des frontières britanniques, avec un effet immédiat et potentiellement durable sur les échanges commerciaux et sur tous les actifs financiers », estime Matthew Beesley, directeur actions internationales de la société de gestion britannique Henderson Global Investors.

Après s’être envolée au-dessus de 1,50 dollar au moment de la fermeture des bureaux de vote, la livre sterling est tombée d’abord sous 1,45 dollar, puis 1,40 dollar, et a poursuivi sa folle descente à des niveaux inédits depuis 1985, jusqu’à 1,3229 dollar, soit une chute de plus de 10% sur la journée. 

A l’ouverture des marchés européens, elle évoluait à 1,3686 dollar.

Parallèlement, les valeurs refuges comme le yen ou l’once d’or flambaient et les investisseurs se ruaient sur le marché obligataire. Le Bund allemand tombait en zone négative et le taux d’emprunt à dix ans de la France et de la Grande-Bretagne étaient à leur plus bas historique, tandis que les titres de dette des pays les plus fragiles de la zone euro étaient délaissés. 

– Les banques centrales prêtes à agir –

La Banque du Japon (BoJ) s’est aussitôt déclarée « prête à injecter des liquidités », en coopération avec les autres banques centrales, pour limiter l’impact sur les marchés. La Banque d’Angleterre (BoE) a délivré un message similaire, promettant de « prendre toutes les mesures nécessaires ». 

Sur le front des indices boursiers, la Bourse de Tokyo a d’abord démarré sur des gains modérés avant de soudainement changer de cap une heure plus tard, plongeant de près de 8% à la clôture. Les géants de l’automobile Toyota et Nissan, tous deux implantés au Royaume-Uni, ont décroché de plus de 8%.

La Bourse de Hong Kong a lâché 2,92%. Les géants bancaires HSBC et Standard Chartered étaient touchés de plein fouet par ce vent de panique.

Ailleurs dans la région Asie-Pacifique, Sydney et Séoul cédaient plus de 3%, et Shanghai plus de 1%.

Le pétrole était aussi pris dans la tourmente, les cours perdant plus de 6% dans les échanges électroniques en Asie. « Nous voyons le pétrole être emporté par la fébrilité générale des marchés face au vote », a souligné sur Bloomberg News Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney.

La sortie des Britanniques de l’UE entraîne un vertigineux plongeon dans l’inconnu pour leur économie, qui risque de pâtir d’un choc d’incertitudes avec une croissance ralentie et un chômage en hausse à la clef.

Outre les conséquences immédiates pour le pays et au-delà, un Brexit risque d’être dommageable à plus long terme, avaient prévenu avant la tenue du référendum les grandes institutions financières internationales, du FMI à l’OCDE.

© AFP Thomas SAMSON
Des courtiers de Saxo Banque, à Paris le 24 juin 2016