PORTRAIT – Après le décès du roi Abdallah, son demi-frère accède au trône à 79 ans. Considéré comme un modéré habile, il était déjà sur le devant de la scène depuis plusieurs années.
L’info. A 79 ans, le prince Salmane Ben Abdel Aziz accède au trône d’Arabie saoudite. Désigné prince héritier en juin 2012 du fait de la santé fragile d’Abdallah, il avait depuis été placé sur le devant de la scène. Qui est le nouveau monarque saoudien ?
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Un héritier omniprésent. Considéré comme un arbitre respecté au sein de la famille royale, Salmane est également perçu comme un modéré habile. Ces dernières années, il s’était placé sur le devant de la scène, présidant souvent le Conseil des ministres et représentant à l’étranger le roi Abdallah qui avait considérablement réduit ses activités publiques. Il était aussi premier vice-Premier ministre, poste obtenu en même temps que celui d’héritier du trône en 2012, et cumulait également la fonction de ministre de la Défense.
Une santé fragile. En dépit d’une santé précaire, Salmane a tenu à montrer « sa détermination à devenir roi », estime Simon Henderson, spécialiste du Golfe au Washington Institute. Le nouveau monarque souffre en effet de problèmes de santé, et a notamment été opéré en 2010 d’une hernie discale.
Ce qui l’attend. Le nouveau souverain aura pour tâche de mettre en oeuvre les réformes économiques et sociales entamées de manière prudente sous le règne d’Abdallah. « Il me semble qu’il est capable de trouver l’équilibre délicat et nécessaire pour faire avancer la société (saoudienne) tout en respectant les traditions et les positions conservatrices », explique Robert Jordan, qui fut ambassadeur des Etats-Unis à Ryad de 2001 à 2003.
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Un réformateur « prudent ». Personnage imposant, possédant l’un des plus puissants groupes médiatiques du monde arabe, Salman est également considéré comme un homme prudent sur la question des réformes culturelles et sociales. Il estime notamment que la démocratie ne convient pas au royaume saoudien conservateur.
« Il veut des réformes mais il est très proche de la mentalité tribale, de la nature conservatrice de son électorat », estime Djamal Khashoggi, patron d’une des chaînes de télé appartenant à un prince. Selon Jane Kinninmont, experte à Chatham House à Londres, Salmane est « considéré comme relativement libéral ». Il pourrait à ce titre « adopter une approche plus réformatrice, dans le cadre des limitations et des lignes rouges du système ».
Le « bâtisseur » de Ryad. Né à Ryad le 31 décembre 1935, le prince Salmane a été gouverneur de la capitale pendant près de 50 ans, la plupart des provinces saoudiennes ayant à leur tête des membres de la famille royale avec rang de ministre. « Ce poste lui a donné de l’expérience et il a supervisé l’émergence de Ryad comme capitale », souligne Eleanor Gillespie de la Gulf States Newsletter, basée à Londres. Il est considéré comme l’artisan du développement de cette cité, bâtie en plein désert par la dynastie des Al-Saoud pour en faire une ville moderne.
Le nouveau roi Salmane, 25e fils du roi Abdel Aziz, le fondateur du royaume, fait partie du clan des Soudaïri. Marié à trois reprises, il a dix fils encore en vie, dont le plus connu est le prince astronaute Sultan Ben Salmane, seul Saoudien à avoir fait partie d’une mission dans l’espace. Un autre d’entre eux, le prince Abdel Aziz, est ministre adjoint du Pétrole du royaume.
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