Le député de la troisième circonscription de Polynésie devient le premier élu du Pacifique a prendre les rênes de cette délégation qui peut notamment lancer des missions d’informations portant sur les problématiques des collectivités ultramarines. Autonomie alimentaire, énergétique, infrastructures, pouvoir d’achat et bien sûr évolutions statutaires… Moetai Brotherson promet un travail « participatif » et « sans dogmatisme ». Objectif : « remettre les Outre-mer sur le radar » de l’assemblée.

Le député de la troisième circonscription avait été désigné « à l’unanimité » des groupes de la Nupes comme le candidat de la gauche pour ce poste, occupé depuis sa création en 2012 par des élus de la Réunion puis des Antilles. Moetai Brotherson était opposé au président sortant Olivier Serva, député guadeloupéen soutenu par la droite, et, après le retrait de la candidature du Calédonien Nicolas Metzdorf, par la République en Marche. Sauf que le mouvement d’Emmanuel Macron n’a pas brillé dans les outre-mer aux dernières législatives et que la gauche pèse lourd au sein de la délégation, constitué pour moitié des 27 députés ultramarins, membres de plein droit. L’élu polynésien, membre du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, en prend donc les rênes. Une fierté, dit-il, promettant une gouvernance « participative », « ouverte » et « non-dogmatique ».

Remettre les outre-mer « sur le radar de la République française »

Chargée « d’informer la représentation nationale sur toute question relative aux outre-mer », notamment au travers de missions d’information, la délégation doit aussi participer à l’évaluation des politiques publiques menées dans les départements, régions et collectivité d’outre-mer. Mais pour Moetai Brotherson, contacté ce matin à Paris, le premier objectif est de remettre ces territoires « sur le radar de la République ». « Ce dont on se rend compte, par exemple lors de l’examen du projet de loi sur le pouvoir d’achat, c’est que finalement la République ne connait pas l’outremer sauf quand il faut rappeler au monde qu’on est la deuxième puissance maritime mondiale ou que 80% de la biodiversité française se trouve dans les outre-mer, explique l’élu tavini. Hormis ces réactions d’égo, on a l’impression, et c’est un sentiment qui est partagé par tous les élus ultramarins, que les outre-mer ne sont pas sur le radar de nos collègues de Métropole. Une de mes actions fortes, ça va être de les remettre sur le radar de la République, dans toute leur diversité, et dans toutes les réclamations qu’elles peuvent avoir, dont l’évolution de leurs relations institutionnelles avec l’État. Pour les uns, ça peut vouloir dire le chemin vers l’autonomie, pour d’autres comme nous, c’est un autre appel… Mais il faut déjà remettre les outre-mer sur le devant de la carte ».

Évolutions statutaires donc, mais aussi autonomie alimentaire et énergétique, pouvoir d’achat, infrastructures et bien sûr évolutions statutaires… Les sujets à traiter sont nombreux, reste à hiérarchiser, à définir une feuille de route… « Ensemble », insiste Moetai Brotherson. « Il faut rester très modeste, dans ma conception le président de la délégation n’est pas omniscient, et je ne prétends pas connaître tous les outre-mer, loin s’en faut » précise le député. Quant aux sujets des missions d’information, qui débouchent sur des rapports présentés en séance plénière à de l’assemblée, le nouveau président précise ne pas affectionner « les missions au spectre large ». « Si vous me proposez une mission sur la paix dans le monde, ça ne m’intéresse pas tellement, je préfère des sujets plus restreints sur lesquels on peut faire des propositions concrètes »… En commençant par ceux qui sont « transversaux » aux différents bassins de l’outre-mer français :