Tony Géros a ouvert la session budgétaire en parlant davantage de ses projets de président de l’assemblée que du budget du Pays. Nouvelles commissions, nouveau bâtiment et rénovation de l’ancien, nouveau jour férié… Tony Géros voit clairement son rôle comme celui du peperu idéologique de la nouvelle gouvernance.
« Nous sommes fin prêts à légiférer », a assuré Tony Géros au début de son discours. « Une première série de propositions de texte est déjà prête à être examinée », même si c’est avant tout le projet de budget du gouvernement qui va occuper l’essentiel des débats jusqu’à la mi-décembre.
Tony Géros a ensuite déroulé sa « feuille de route très ambitieuse pour ce mandat. » Comme il l’avait déjà annoncé, il a bien l’intention de créer une « commission spéciale de décolonisation », qu’il présidera lui-même pour toute la durée du mandat, pour qu’elle soit « partie prenante du dialogue souhaité avec la puissance administrante sous l’égide onusienne ». D’ailleurs, pour la première fois en Polynésie le 24 octobre sera fêté à Tarahoi, date qui marque la signature de la charte des Nations-Unies en 1945.
Au chapitre international, Tony Géros veut d’ailleurs poursuivre l’action de ses prédécesseurs, que ce soit en maintenant la présence de l’APF dans l’Assemblée parlementaire de la francophonie – il a déjà assisté à la dernière session qui s’est tenu à Tbilissi en Géorgie – ou au sein du Groupe des parlements des îles du Pacifique créé par Jacqui Drollet et dont l’APF assure le secrétariat permanent. Tony Géros était tout récemment à Tonga pour la dernière réunion de cette instance. Un forum dans lequel continuer le « travail diplomatique contre le concept de colonialisme par consentement », a déclaré le président de l’assemblée.
Il veut aussi « redynamiser la commission d’évaluation des politiques publiques », créée fin 2016 par Marcel Tuihani qui présidait alors l’APF. Elle devra rendre une évaluation annuelle des politiques sectorielles, comme celles du tourisme, de l’environnement et de la fiscalité. Tony Géros annonce aussi davantage de missions d’information et de commissions d’enquête.
Deux grand projets immobiliers
Tony Géros prend au mot le « bâtir » du programme bleu ciel et a présenté deux projets immobiliers « structurants » : un immeuble à construire sur le terrain vacant en face de la présidence, en haut de l’avenue Pouvanaa a Oopa, pour accueillir au moins une partie des 150 collaborateurs d’élus. Un chiffre en augmentation que le président de l’assemblée explique par la volonté des élus de se doter de davantage de collaborateurs au lieu de consacrer leurs dotations à d’autres besoins.
Repenser Tarahoi, c’est rénover les bâtiments actuels, mais aussi les agrandir « significativement » pour les doter d’un centre de conférence « dans le respect architectural de l’esprit des lieux », et permettre l’accueil de grands événements comme le Blue Climate Summit qui avait du se dérouler à bord du Paul Gauguin faute de lieu adapté.
Des grands projets qui ne sont pas encore chiffrés, mais Tony Géros rappelle qu’il avait, lors de sa précédente présidence de l’assemblée, su trouver 800 millions sur la durée de sa mandature pour notamment édifier l’immeuble Tetunae qui abrite les collaborateurs institutionnels. À l’issue d’une consultation, un entrepreneur a été retenu qui doit « commencer à cogiter sur la manière dont on pourrait reconfigurer Tarahoi ».
Le 1er septembre férié ?
Tony Géros soutient la suppression du 29 juin (la « fête de l’autonomie ») de la liste des jours fériés, et il a annoncé qu’il serait proposé de la remplacer par celle du 1er septembre, date de la prise d’indépendance de l’Église protestante ma’ohi. C’était l’une des conclusions du dernier synode. Une annonce qui a surpris Moetai Brotherson et les membres de son gouvernement, si l’on en juge par leur expression… Mais, interrogé à l’issue de la séance, et quand on lui rappelle que les autonomistes représentent toujours 56% des électeurs, le président de l’assemblée a déclaré qu’il ne serait pas opposé à une consultation populaire sur le sujet.
Tepuaraurii Teriitahi : « Plus une intervention d’un président de gouvernement que d’un président de l’assemblée »
L’élue Tapura constate qu’en dehors des annonces sur les futures constructions, Tony Géros a fait un discours beaucoup plus politique que budgétaire, et qu’il est allé au-delà de ses prérogatives de législateur. Le futur immeuble pour accueillir les collaborateurs ? « C’est pas très logique, dit Tepuaraurii Teriitahi, d’éloigner les élus de leurs collaborateurs, il faudra se parler constamment par téléphone, ce n’est absolument pas pratique. Mais le fait de séparer les collaborateurs pour que les élus soient clairement identifiés, on sent vraiment la volonté de différencier les petites mains des élus. Il faudrait plutôt faire en sorte d’augmenter l’espace à Tarahoi. » Quant à la proposition de remplacer le jour férié du 29 juin par le 1er septembre, elle n’y voit qu’un « remerciement de campagne » à l’égard de l’Église protestante ma’ohi. |