ACTUS LOCALESSANTÉSOCIÉTÉ

Assises des sages-femmes : faire évoluer la profession

Assises sage-femmes

Le Conseil de l’ordre des sages-femmes organise les assises de la profession pendant deux jours à la mairie de Pirae, ce mercredi et jeudi. Au programme : naissance et culture, la mise en place d’un réseau de professionnels autour de la parentalité, l’organisation de l’entretien post-natal comme dans l’Hexagone, ou encore l’obtention obligatoire d’un doctorat pour les futures sages-femmes.

La quatrième édition des Assises des sages-femmes est organisée ce mercredi et jeudi à la mairie de Pirae. Un rassemblement important pour la profession, qui a lieu habituellement tous les deux ans (sauf au moment de la crise sanitaire du Covid) depuis la première édition de 2016. « C’est important de se retrouver, de voir ce qui se fait ailleurs, d’écrire des conclusions ensemble et d’obtenir le soutien fort du gouvernement qui nous suit », explique Pascale Langy, sage-femme coordinatrice à la maternité du CHPF, organisatrice de ces assises avec Matha Williams, la directrice de l’école des sages-femmes et présidente de leur Conseil de l’ordre. Éliane Tevahitua, la vice-présidente et ancienne sage-femme elle-même, a fait l’ouverture de l’événement et expliqué que cette première journée est dédiée à l’intégration de la culture dans les pratiques de la maïeutique. « Les objectifs sont la naissance et la culture, quelle est la place de la culture dans les processus de naissance qui sont avant tout des processus médicaux, bien protocolisés. Là, c’est pouvoir introduire un peu d’humanité dans cette naissance, que ce soit au moment de la gestation ou au moment de la naissance ou au post-partum. Il y a un ensemble de gestes qui peuvent accompagner la grossesse, la naissance et l’après-naissance. »

Pour celles qui souhaitent accoucher autrement qu’à l’hôpital, une maison de naissance, Tumu Ora, propose déjà un dispositif plus intime et moins médicalisé. Mais tout le monde ne peut pas y accéder, il faut que les risques soient faibles, et surtout l’association s’inquiétait de la pérennité de son financement. « J’espère qu’elle pourra continuer à exister car elle offre un cadre différent de la salle d’accouchement habituelle et elle répond à la demande d’une certaine patientèle qui souhaite accoucher dans des conditions plus intimes, moins médicalisées, il est important de tenir compte de ces femmes qui souhaitent bénéficier de ce type de services », explique la vice-présidente. Même son de cloche du côté du Conseil de l’ordre qui observe que les Polynésiennes souhaitent accoucher chez elles, même dans les îles. « Il faut naître dans sa culture, on ne naît bien que dans sa culture. Les Polynésiennes tiennent à récupérer le placenta, le mettre en terre, y planter un arbre… Ça ne se fait dans aucune maternité de France. Il y a une demande de la population de naître chez eux, notamment dans les îles. » Éliane Tevahitua tempère : « Accoucher au fin fond des Tuamotu, je trouve que c’est un peu risqué. »

Créer un réseau de professionnels

D’autres questions ont également été abordées sur l’évolution du métier comme la création d’un réseau de professionnels pour entourer les parents : « La mise en place d’un réseau au sein de notre communauté de tous les professionnels qui gèrent la parentalité, en métropole et en Outre-mer, c’est obligatoire, ça permet d’harmoniser les pratiques de tout le monde, de créer du lien, au niveau des personnels de la maternité, de la PMI (protection maternelle infantile, ndlr), des affaires sociales, des affaires familiales, des psychologues, de manière à pouvoir travailler tous ensemble. »

Une autre évolution sur laquelle le Conseil de l’ordre des sage-femmes souhaite travailler pendant ces deux jours : la mise en place au fenua d’un entretien post-natal, qui est obligatoire en France depuis juillet 2022/  « Il est primordial pour mettre en lumière les difficultés des parents et permettre un suivi de grossesse le plus apaisé possible. On s’est rendu compte qu’en termes de mortalité maternelle, les suicides étaient la première cause. Pour permettre une meilleure prévention et prise en charge de la maman et de la famille du bébé, on a mis en place cet entretien qui va mettre en lumière les difficultés de la maman après l’accouchement. »

Autre évolution importante à venir de la profession : les étudiants devront désormais aller jusqu’au doctorat en maïeutique pour devenir sages-femmes et ne pas « se contenter » d’un master. Le Conseil de l’ordre des sages-femmes présentera des conclusions et d’éventuelles mesures au gouvernement. « Je pense que toutes les sages-femmes présentes vont s’empresser de modifier leurs pratiques quotidiennes en fonction des échanges de ces assises. Et s’il y a des propositions de modifications de lois, nous sommes à l’écoute du conseil de l’ordre », a assuré Éliane Tevahitua.

Eliane Tevahitua

Article précedent

La Certification des éducateurs de Polynésie a commencé !

Pacific Battle Games
Article suivant

283 athlètes aux Polynesian Battle Games

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Assises des sages-femmes : faire évoluer la profession