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Assises : Un père tranquille poursuivi pour meurtre

Ce jeudi se tenait la première journée du procès d’un quinquagénaire poursuivi pour meurtre. Désigné par tous comme « un père tranquille », il a étranglé sa compagne dans un accès de colère. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Qu’est-ce qui a pu pousser un homme de 55 ans, à l’apparence effacée, sans histoire et décrit par tous comme un père tranquille, à commettre l’irréparable ? L’alcool ? Une phrase maladroite ? Pourquoi ne s’est-il pas arrêté quand il a vu sa compagne suffoquer sous ses mains, une étreinte mortelle qui selon l’accusé a duré une quinzaine de minutes ? Autant de questions qui seront au centre des débats durant deux jours d’audience.

Le 30 novembre 2018, la gendarmerie de Tiarei intervient chez un particulier suite à son appel. « J’ai tué ma compagne ». Sur les lieux deux hommes. Jean-Claude, 55 ans, et son fils visiblement très énervé, à tel point que les gendarmes se voient dans l’obligation de le menotter. Ils pénètrent dans la maison et trouve Sophie, 51 ans, la victime, allongée sur le lit. Pas de trace de lutte apparente. Le corps est encore chaud et l’un des gendarmes tente alors un massage cardiaque, aussitôt relayé par les pompiers qui arrivent sur les lieux.

Jean-Claude, calme, déclare « Je l’ai étranglée ». Selon le gendarme qui a reconstitué les faits, le couple, ensemble depuis environ deux mois, a passé la fin de journée à boire en bord de mer, rejoint un peu plus tard par son fils accompagné d’un couple. L’ambiance est plutôt bonne, tout le monde s’amuse. Vers 21 heures, ils quittent les lieux et arrivés à la maison, passablement éméchés, le ton monte soudainement.

Sophie va se coucher dans la chambre et invective Jean-Claude, lui reprochant de penser un peu trop à sa femme décédée un an plus tôt d’une crise cardiaque, et dont la dépouille repose dans son jardin. Lui désire aller se doucher et lui demande si elle ne veut pas aussi se rafraîchir. La réponse fuse, brutale, « si tu l’aimes tant ta femme t’as qu’à descendre dans le trou et te doucher avec.»

Entendant cela il pique un coup de sang, il se jette sur elle, l’écrase de tout son poids, l’immobilise et l’étrangle. Selon ses dires, les derniers mots de Sophie ont été : « je ne verrais plus mes petits-enfants ».

« J’ai cru qu’ils faisaient l’amour »

Son fils rentrant à vélo à ce moment là, aperçoit son père à travers la fenêtre de la chambre « Je ne voyais que son dos, comme s’il faisait des pompes sur le lit » et entend des gémissements. Dans son esprit ils étaient en train de faire l’amour. Peu de temps après il entend son père au téléphone avec la gendarmerie et il comprend tout. D’où sa colère. Il pénètre dans la chambre, voit Sophie gisante au milieu du lit inanimée, et se jette sur son père en lui demandant « mais qu’est ce que tu as fait ? ». Il pique une crise de nerfs et se met à frapper sur les murs. C’est dans cet état que les gendarmes le trouvent et le menottent pour le ramener à la raison.

Jean-Claude de son coté semble détaché des événements, « impassible » dira l’enquêteur qui l’entend en garde à vue. « Il avoue tout, il n’a jamais cherché à nier la vérité mais je l’ai senti détaché, rustre. » L’enquête de voisinage le décrit comme quelqu’un de calme, pas violent mais avec toutefois un penchant pour la boisson. Il faut dire que dans la même année, à un mois d’écart, il perd sa femme et sa mère. Un coup dur pour lui car il était très attaché à sa mère, mais aussi à son épouse à qui il était marié depuis 1983 et avec qui il a eu quatre enfants.

« Entre eux c’était la vie en rose »

Professionnellement parlant, Jean-Claude est docker depuis plus de trente ans et là non plus, rien à lui reprocher. « C’est un bon travailleur, calme, joyeux, mais la perte de son épouse l’a rendu triste et solitaire. » Le témoignage de son fils abonde dans ce sens. Il décrit un père et une mère sans histoire avec parfois des prises de becs, « comme dans tous les couples. Je ne l’ai jamais vu battre ma mère et elle ne m’a jamais dit quoique ce soit là-dessus. » Il poursuit en décrivant son père comme quelqu’un de « travailleur, cool et émotif. C’est un bon père, mais quand ma mère est morte, il avait l’air perdu. » Sur le couple qu’il formait avec Sophie, « cela faisait deux mois qu’ils se fréquentaient, elle et moi on avait des discussions normales, et entre eux deux c’était la vie en rose. » Ils projetaient même de se marier, Jean-Claude ayant déjà fait les démarches à la mairie.

Seul ombre au tableau, sa défunte épouse aurait confié à sa meilleure amie que Jean-Claude aurait tenté une fois de l’étrangler. Appelé à la barre pour s ‘expliquer, il raconte : « c’est parce qu’elle avait avorté sans rien me dire et cela devait être notre premier enfant et je l’ai prise à la gorge car j’étais en colère. »

Concernant Sophie, c’est le récit d’une vie un peu moins rangée qui est relaté à la barre. Vie sentimentale instable, de nombreux compagnons et cinq enfants de deux lits différents. « ce qui est récurrent, assure le directeur d’enquête, ce sont les violences conjugales qu’elle a subi de la part de ses anciens compagnons. Tous disent que quand elle avait bu, elle insultait tout le monde, les poussait à bout, revenait à la charge et ça finissait par des échanges de coups. » Le matin du drame elle aurait commencé à boire vers les 10 heures – son autopsie révélera 1,55 grammes d’alcool dans le sang.

Vendredi seront entendus les experts psychiatres, le médecin-légiste et les parties civiles.

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