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ATN : fin de grève des PNC, jusqu’à 2000 passagers à « débloquer »


Après une dernière session de négociation, un protocole d’accord a été signé, ce mercredi soir à la présidence, entre la CSIP, A tia i mua, et la direction d’ATN. Les PNC, qui ont obtenu des revalorisation de leur salaire de base pouvant atteindre 47 000 francs, reprennent le travail dès cette nuit. Mais après 9 jours de grève et une dizaine de vols annulés, il faudra encore quelques jours pour que le programme de vol d’ATN revienne à la normale.

« Soulagement ». C’était maître-mot des deux côtés de la table de la présidence, ce mercredi soir, mais aussi, probablement, jusqu’au terminaux de Tahiti-Faa’a, Paris, Los Angeles ou Auckland, où des centaines de passagers étaient toujours dans l’incertitude. Après 9 jours de grève, 6 sessions de négociations avec la direction, 3 autres avec le chef du gouvernement, une dizaine de vols annulés, des prises de becs et même un ultimatum du président, un protocole d’accord a été signé, aux alentours de 20h30, avec les PNC. Un protocole qui, d’après la CSIP et A ti’a i mua accède à « l’essentiel » des revendications du personnel navigant commercial, qui dénonçait depuis le début du conflit des conditions de travail « épuisantes » et un salaire « pas à la hauteur ».

Jusqu’à 47 000 francs d’augmentation

Dans le détail, le protocole revoit à la hausse certains temps d’escale, lance un cycle d’audit et de réorganisation du travail des PNC, conditionne la reprise du Duty free à bord à des « vols tests » et à un accord syndical spécifique, généralise une prime « d’équipage réduit »… Mais c’est sans surprise la question financière qui a fait durer les débats ces derniers jours. L’accord revoit donc nettement à la hausse les grilles du salaire de base des stewards et hôtesses, avec des augmentations pouvant atteindre les 47 000 francs brut chez certains agents.

Des revalorisations qui s’inscrivaient dans un cadre, fixé lundi par Moetai Brotherson après la reprise en main des négociations. La compagnie du Pays « n’irait pas au-delà » de 510 millions de francs annuels d’effort financier. Ce qui laissait, après soustraction des acquis consentis parallèlement à l’ensemble des employés, 230 millions de francs pour revaloriser spécifiquement les grilles des PNC. « Je suis quelqu’un de constant donc quand j’ai annoncé dès le début qu’il y avait une enveloppe et qu’on en sortirait pas, et bien on n’en est pas sorti », pointe le président.

Un conflit inutilement long ?

Ces limites, pourtant, avaient été mises sur la table très tôt dans les négociations, et l’accord signé ne serait au final pas très éloigné de ce qui avait été proposé par la direction dans les premiers jours de la grève. Les syndicats, dont les demandes d’augmentation initiales étaient nettement plus élevées, ont-ils espéré obtenir davantage auprès du nouveau gouvernement ? Ont-ils, comme certains le leur ont reproché côté patronat, utiliser « à fond » le levier de la haute saison pour faire passer leurs revendications ? Mercredi côté présidence comme côté syndicat, on expliquait que c’est surtout la complexité du système de rémunération qui a ralenti la manœuvre. De projections en estimation, la direction a pris garde à ce que les modalités de revalorisation ne « dérapent pas dans le temps » : certaines propositions des syndicats « rentraient dans l’enveloppe » sur la première année, mais la faisaient doubler quelques années plus tard.

À la CSIP, on assure que « dans le détail », l’accord a beaucoup évolué en 9 jours. Et ne dites pas à Cyril Le Gayic que le mouvement a été trop long : « ceux qui râlent beaucoup, il faut dire la vérité, ce sont les voyageurs français. Mais en France, quand on bloque tout, les TGV et tout ça, ils ne râlent pas. Parce qu’ici on fait une grève tous les 10 ans, c’est la fin du monde ? Il faut pas exagérer, s’agace le chef de file – mais plus secrétaire général – du syndicat. Ils ont droit, comme tous les citoyens français à faire la grève et ici, c’est pas comme en France, on ne brûle pas les magasins, on fait une grève tranquille, en paix ».

Quant aux Polynésiens – nombreux, sur les réseaux sociaux, n’en déplaise à Cyril Le Gayic – à avoir dénoncé eux aussi le mouvement, « ils ne comprennent rien » : « le jour où ils feront la grève pour eux, ils ne rouspéteront pas » assure le syndicaliste.

48 heures pour un retour à la normal

La signature, pour le directeur général délégué Mathieu Bechonnet, ne marque en tout cas pas le retour au calme, ou du moins à la normale, de la compagnie. Certes les PNC grévistes vont reprendre leur uniforme dès ce mercredi soir, mais il y a du travail pour arrêter rapidement la « contagion » des changements d’horaires. Du travail aussi pour amener à leur destination les 1000 à 2000 passagers aujourd’hui bloqués. Un deuxième vol Aircalin avait été affrété ce mercredi, un troisième sera peut-être nécessaire, vu l’arrivée d’un long weekend pendant lequel le programme « normal » des quatre avions de la compagnie est très chargé. « Air Tahiti Nui sait gérer ce genre de situation, quand on a des pannes mécaniques par exemple : on sait tout mettre en œuvre pour répondre aux attentes de nos clients et redémarrer le plus vite possible pour laisser ça derrière nous », reprend Mathieu Bechonnet, qui parle d’un travail « sous les deux prochains jours ».

Le directeur général délégué en profite pour saluer « l’engagement » et le « professionnalisme » des équipes non grévistes, au sol ou navigante, qui ont « beaucoup donné » ces derniers jours pour assurer les rotations. « Ils ont été exemplaires et c’est une grande fierté pour nous de les avoir », pointe-t-il.

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1 Commentaire

  1. X.Claude
    13 juillet 2023 à 6h46 — Répondre

    Bon jour. Ce qui est toujours à déplorer, est la nécessité d’une confrontation, plutôt qu’une suite de discussions pour faire évoluer une situation qui en a besoin… C’est hélas historique dans le passé des syndicats et du patronat. Un jour, on arrivera à anticiper les soucis, de chacune des parties, par la diplomatie, une façon « adulte » de faire évoluer une Société, un jour. Merci

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