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ATN : moins de déficit que prévu… mais de grands changements en vue


Le conseil d’administration d’ATN a arrêté des pertes de 3,2 milliards de francs pour l’année 2023. Moins que les 4,8 milliards un temps projetés par la compagnie au tiare, qui, malgré ses réserves, est dans une situation inquiétante. « On ne peut pas garder le même modèle et espérer que les courbes vont s’inverser », explique le président Moetai Brotherson, qui veut « réinventer » Air Tahiti Nui… Sans en dire plus sur sa stratégie. Le président évoque un changement de pilote de la compagnie, qui pourrait être annoncé d’ici le début du mois de mai.

Une bonne nouvelle, ou presque, en conseil d’administration d’Air Tahiti Nui ce mardi. Alors que la compagnie du Pays tablait, en fin d’année dernière, sur un déficit de 4,8 milliards de francs pour l’exercice 2023, les comptes ont finalement été arrêtés à « seulement » 3,2 milliards de pertes. Entre le « projeté », surtout calculé sur l’activité de la première moitié de l’année, et le résultat réel, le premier transporteur international du fenua a bénéficié d’une accalmie sur le marché des carburants, toujours très volatil, et qui pèse toujours très lourd – près de 10 milliards par an – sur ses comptes. ATN a aussi engrangé des résultats meilleurs qu’espérés au deuxième semestre, notamment sur la desserte de Seattle, aidée par le « prolongement » de la ligne jusqu’à Paris, et sur la ligne du Japon, rouverte en octobre dernier, et pour laquelle les prévisions étaient très pessimistes. S’ajoutent des provisions qui ont pu être débloquées, allégeant un peu plus les comptes de la compagnie au tiare.

Le moment est venu de réinventer ATN

3,2 milliards de pertes, donc. Pas de raison de se réjouir, bien sûr, pour les administrateurs mais Air Tahiti Nui, qui avait bénéficié pendant la crise Covid d’un renflouement de 8 milliards de francs de la part du Pays, pourra encore tenir sur sa trésorerie. Et après ? Difficile à dire, car la compagnie souffre toujours, comme l’avait d’ailleurs pointé le rapport de la chambre territoriale des comptes, du flou de la stratégie fixé par le Pays, et d’un excès de concurrence sur le marché. Trop de sièges offerts, des tarifs « intenables » pour ATN, comme pour les autres sur le tronçon USA – Tahiti… Mais quand Air France, United ou Delta peuvent amortir leurs pertes sur d’autres lignes, l’opérateur polynésien ne peut, lui, que serrer les dents.

Cette situation, le Pays, actionnaire à près de 85% de la compagnie, la connait parfaitement. Sur le plateau de Radio1 ce mardi, Moetai Brotherson a dit partager une partie des constats de la CTC. « On est à un point d’inflexion. On ne peut pas garder le même modèle et espérer que les courbes vont s’inverser, a-t-il expliqué. Le moment est venu de réinventer ATN ».

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Une « réinvention » dont les objectifs et les modalités n’ont pas été abordés en conseil d’administration ce mardi. L’assemblée générale des actionnaires, programmée pour début mai, pourrait être l’occasion de plus d’explications sur la vision, encore floue, que porte le gouvernement sur l’avenir de son outil de développement touristique.

Changement de pilote : un nom dans un mois

Une réinvention qui passerait aussi par un changement de pilote, un point, qui là encore, n’a pas été abordé officiellement devant les administrateurs. Michel Monvoisin, PDG de la compagnie depuis 2013, en tandem avec Mathieu Béchonnet, directeur général délégué, a plusieurs fois été donné sur le départ ces derniers mois, mais reste jusqu’à présent aux manettes. Moetai Brotherson annonce des « décisions » sur cet attelage dans les semaines à venir et confirme plus clairement le départ du PDG au micro de Tahiti Infos, à la sortie du conseil d’administration. Le nom du successeur de Michel Monvoisin “sera annoncé lors du bilan des un an, peut-être avant », écrit le quotidien.

Les noms ne manquent pas, et tournent même sans relâche depuis des mois. Philippe Marie, ancien secrétaire général de la compagnie et aujourd’hui dirigeant de Marara Paiement, qui a été nommé au conseil d’administration l’année passée. Hiro Arbelot, ancien commandant de bord et formateur dans les rangs d’ATN, aujourd’hui PDG du centre de rééducation Te Tiare, est lui aussi administrateur. Des noms qui seraient déjà débattus depuis plusieurs semaines dans la majorité Tavini. Sur le plateau de Radio1, Moetai Brotherson a voulu être clair : « Je veux juste rappeler aux uns et aux autres que l’actionnaire ultra majoritaire de ATN, c’est le Pays et pas quelqu’un d’autre. »

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Et en la matière, c’est la branche exécutive du Pays qui prend les décisions, donc. Mais le président assure, de nouveau auprès de Tahiti Infos, que le sujet a déjà été discuté avec Oscar Temaru et Tony Géros, et va l’être de nouveau, sans que cela ne crée de « dissensions ».

Air Moana : « Une des voies possible c’est l’ouverture du capital »

Alors qu’Air Moana fait face à une crise de liquidités, Moetai Brotherson souligne que le Pays a déjà rétabli la défiscalisation pour que la jeune compagnie puisse en bénéficier et relevé les plafonds d’intervention de la Sofidep. Une intervention qui ne s’est pas encore matérialisée du fait d’un « débat technique » qui doit faire l’objet de discussions avec la société de financement. Mais le fait est que « le Pays est allé jusqu’au bout de ce qu’il pouvait faire pour ne pas être taxé de soutien abusif », pointe-il. Moetai Brotherson doit rencontre les dirigeants d’Air Moana, mais semble exclure une aide directe du Pays. « Je ne peux pas me substituer à la direction d’Air Moana. Une des voies possibles à mon avis c’est l’ouverture du capital. Je crois qu’ils avaient été approchés dans le passé par d’autres acteurs que ceux qui s’y trouvent déjà. J’attends de revoir la direction d’Air Moana après avoir vu la Sofidep pour essayer de tirer des conclusions. »

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Une ouverture du capital qui supposerait donc une dilution des actionnaires actuels.