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Attaques de chiens : le Pays pointe la responsabilité des maîtres, des communes et de l’État

Des chiens errants - au en tout cas divagants - croisés à Mahina par une internaute. ©Lou Isa

Quatre jours après l’attaque de randonneurs sur le sentier du Mont Marau, à Faa’a, le gouvernement s’est ému, par communiqué, de la multiplication des morsures « dans toute la Polynésie ». Le Pays, qui souligne que l’État et surtout les communes ont la compétence en matière de maintien de l’ordre, demande aux victimes de porter plainte de façon systématique. Et rappelle que les propriétaires risquent jusqu’à deux ans de prison et 3 millions de francs d’amende en cas d’attaque d’un de leur chiens. La présidence estime tout de de même que ce problème est « l’affaire de tous » et va « officialiser » un comité inter-institutions dédié.

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C’est la première réaction officielle des autorités depuis l’attaque du Mont Marau. Samedi matin, trois coureurs avaient été blessés, dont deux gravement, par des chiens lors d’une sortie d’entrainement au trail sur ce sentier fréquenté de Faa’a. Un accident qui a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux, des centaines d’internautes confiant leur propre mésaventure avec des chiens errants ou divagants, sur ce site ou ailleurs. Le gouvernement explique ce mercredi qu’il partage ce constat d’augmentation du nombre d’attaques : « Ces faits ne sont malheureusement pas isolés et se multiplient dans toute la Polynésie française, lit-on dans un communiqué signé par la présidence, et diffusé après le Conseil des ministres de ce mercredi. Ils sont par ailleurs très souvent sous-évalués, les victimes ne saisissant que trop rarement les autorités publiques ».

Les autorités en question, ce sont bien sûr les forces de l’ordre et la justice vers qui le gouvernement encourage les victimes à se tourner. Mais le communiqué interpelle surtout sur la responsabilité des propriétaires qui risquent, en cas de blessures infligés à un tiers par un animal sous leur responsabilité, des peines pouvant atteindre « deux ans d’emprisonnement et 3 millions de francs d’amende ». Dans le cas de Mont Marau, un propriétaire « présumé » a été identifié par la police municipale de Faa’a, qui assurait mardi à nos confrères de TNTV qu’il serait « bientôt auditionné ». « Nous en appelons à la responsabilité des propriétaires d’animaux et au respect des règles basiques de sécurité pour éviter que de telles agressions puissent se réitérer et qu’ils s’assurent que leurs chiens ne soient pas en divagation », lit-on dans le communiqué du gouvernement.

Les communes et l’État compétente pour la sécurité, le Pays pour la règlementation

Le communiqué souligne au passage que « la sécurité et notamment le maintien de l’ordre sont des compétences attribuées explicitement à l’État et aux communes, qui ont pour devoir de faire respecter l’ordre public sur leur territoire ». Un constat que d’autres avaient déjà fait : depuis lundi, la mairie de Faa’a est prise à partie dans de nombreux commentaires pour son manque de prévention sur la question des chiens en divagation et sur le manque de réactivité de ses forces de sécurité lors de l’accident. Il faut tout de même préciser que c’est bien le Pays qui a le pouvoir d’adapter la règlementation. Au travers sa compétence en matière de Santé et d’Environnement, le Pays peut aussi, aux côtés des communes, accompagner le contrôle des animaux errants, au travers notamment de campagnes de stérilisation. Le gouvernement se dit
« bien conscience de l’important défi relatif aux carnivores domestiques » et reconnait que cette « problématique doit être l’affaire de tous » et pas seulement du Haussariat et des tavana.

C’est dans cette optique qu’a été créée, il y a quelques mois, un comité « intégrant les autorités de l’État, du Pays, de la justice, de la police, des communes, des associations et des vétérinaires » et qui est destiné à « faire évoluer la règlementation et son application » sur les questions animales. Un comité pour l’instant très discret, et surtout très informel, mais dont « les travaux ont déjà débuté », assure le Pays. Il « fera prochainement l’objet d’une officialisation par arrêté pris en conseil des ministres ».