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Attentat en Isère : Salhi mis en examen et écroué

L’auteur présumé de l’attaque vendredi dernier contre l’usine Air products de Saint-Quentin-Fallavier est notamment poursuivi pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».

La justice confirme que la piste privilégiée dans l’enquête sur l’attaque vendredi contre l’usine Air Products à Saint-Quentin-Fallavier, dans l’Isère, reste terroriste. L’auteur présumé de l’assassinat d’un chef d’entreprise et de l’attaque de l’usine de gaz industriels, Yassin Salhi, a été mis en examen mardi par un juge antiterroriste, notamment pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste », et placé en détention provisoire.

Quatre chefs de mise en examen. Le chauffeur-livreur de 35 ans est également poursuivi pour « enlèvement et séquestration en vue de préparer ou de faciliter la commission du crime d’assassinat », « destruction ou dégradation par l’effet d’une substance explosive, incendiaire ou de nature à créer un danger pour les personnes » et « violences volontaires sur personnes chargées d’une mission de service public ».

Il conteste la dimension religieuse de l’attaque. A l’inverse d’un Mohamed Merah ou plus récemment des frères Kouachi ou d’Amedy Coulibaly, qui avaient proclamé avant leur mort leur affiliation à l’islamisme le plus radical, Yassin Salhi a contesté en garde à vue toute motivation religieuse. Mais pour la justice, le patron de son entreprise de transport, Hervé Cornara, qu’il a avoué avoir tué, est bien une nouvelle victime du terrorisme islamiste.

Un crime à la mise en scène proche de l’EI… L’attentat perpétré vendredi à Saint-Quentin-Fallavier « correspond très exactement aux mots d’ordre de Daech », l’autre nom de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), a ainsi estimé le procureur de Paris, François Molins, notamment par la volonté de Salhi de « donner à son acte une publicité maximale ». Autre élément : le crime a été entouré d’un symbolisme macabre qui rappelle les mises en scène de l’EI dans les zones de djihad en Irak et Syrie.

Après avoir été assommé d’un coup de cric puis étranglé d’une main par Salhi, Hervé Cornara a été décapité à l’aide d’un couteau doté d’une lame de 20 cm. Fixée à un grillage de l’usine de gaz industriels où Salhi se rendait régulièrement pour le compte de sa société de transport et qu’il a tenté de faire sauter, la tête était encadrée de deux drapeaux frappés de la chehada, la profession de foi musulmane. Quand il a été maîtrisé par des pompiers, le suspet, connu depuis le milieu des années 2000 comme appartenant à la mouvance salafiste radicale, a crié « Allah akbar ».

…Et un selfie macabre envoyé en Syrie. Les enquêteurs ont retrouvé dans son portable un selfie macabre avec la tête de sa victime, envoyé à un homme qu’il connaît depuis 2006 et qui combattrait dans les rangs de l’EI en Syrie, a ajouté le procureur.

Yassin Salhi était d’ailleurs « visiblement régulièrement en relation » avec ce Français, Sébastien-Yunes V.-Z., qui selon un « témoignage indirect » aurait « demandé l’autorisation à l’EI de diffuser ces clichés », selon des éléments de l’enquête relatés par le procureur. « Tout son comportement démontre que dès la veille au soir il avait conçu son projet criminel terroriste », assure le procureur. Sur ces points, Salhi s’est montré peu disert en garde à vue. Faisant preuve d’une « mémoire sélective », selon François Molins, il dit ne pas se souvenir d’avoir mis en scène la tête de sa victime.

« Venger l’humiliation » infligée par son employeur. Yassin Salhi attribue son geste à un différend professionnel avec son patron, marqué notamment par une vive altercation deux jours avant les faits. « Il explique (son acte) par la vengeance, par l’humiliation que lui aurait fait subir son employeur », a rapporté Me Michel Kohn, qui a représenté Yassin Salhi quand cet homme a poursuivi sa garde à vue à Paris après l’avoir entamée à Lyon. « Il dit, c’est ‘parce que j’ai été humilié, j’ai fait ce que je devais faire' », a ajouté l’avocat.

Dans ce cas, quel est le sens de la mise en scène djihadiste macabre autour de la tête décapitée ? « C’est une mise en scène pour créer un choc, une impression la plus violente possible, à la mesure de l’humiliation subie », a répondu Me Kohn, qui évoquait les propos de Yassin Salhi. L’avocat a ajouté ne pas avoir pu élucider ce qu’était la nature exacte de l’humiliation supposée.

« L’instruction révélera ce radicalisme ou pas ». L’avocat a refusé de commenter les informations selon lesquelles Yassin Salhi était de longue date un islamiste radical. « L’instruction révélera ce radicalisme ou pas », a-t-il dit, ajoutant que l’assassinat d’Hervé Cornara et l’attentat contre un site gazier n’ont pas été revendiqués. « Ce radicalisme n’avait pas suffisamment d’ampleur pour que le fichage continue », a souligné Me Kohn.

Une source proche du dossier évoque des motifs sans doute « hybrides » chez Salhi, qui a aussi évoqué des difficultés conjugales. Selon une autre source proche du dossier, il pourrait connaître plusieurs des quelque 500 personnes parties de France et actuellement dans les zones de djihad.

Source : Europe1

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