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Au Cesec, l’éternel problème de la prévention

C’est à l’occasion de l’adoption d’un avis sur un texte technique concernant les longues maladies que les membres du Cesec ont, une fois encore, déploré le manque de politique de prévention du Pays et surtout le « manque de courage politique » qu’elle suppose.

Les conseillers ont rendu ce jeudi un avis favorable à un texte technique, qui complète une loi de 2017 sur l’harmonisation de la prise en charge de la longue maladie pour les trois régimes d’assurance maladie, RGS, RNS et RSPF. Ainsi, le versement des prestations en espèces pour les arrêts de travail de ces patients pendant une durée de trois ans est juridiquement sécurisé.

L’occasion aussi de fixer la liste des longues maladies, et d’harmoniser les critères de classification et de durée de prise en charge des différentes pathologies. Car la modification du texte de 2017 avait entraîné la caducité de la liste des affections de longue maladie. L’arrêté du conseil des ministres qui devait la rétablir n’a jamais été pris. Le gouvernement promet d’officialiser cette liste « prochainement », une liste « adaptée aux spécificités polynésiennes » qui remplacerait le seul outil dont la CSP dispose en attendant, c’est-à-dire la liste de la Sécurité sociale française.

Pour rappel, selon les chiffres 2023 de la CPS, les longues maladies touchent 46 200 personnes, soit 17% de la population. Environ 2 500 nouveaux cas sont enregistrés par an. Tous sont « particulièrement affectés par les maladies liées à la surcharge pondérale ».

Mais le Cesec regrette l’absence de projection sur plusieurs années des changements qui pourraient être faits dans ce domaine. Ainsi, si les diabètes dits « légers » étaient inclus dans la liste des longues maladies, la dépense publique s’alourdirait de 12 milliards supplémentaires, soit le double de la dépense actuelle.

« On est en train d’empoisonner la population »

Le Cesec déplore que la réforme liée à la mise en œuvre du médecin traitant, du parcours de soins coordonnés et du panier de soins – qui avait suscité une levée de boucliers et une action en justice des médecins libéraux – soit toujours au point mort. Plus largement, il déplore aussi l’absence de toute politique de prévention sérieuse, renvoie aux nombreux avis qu’il a déjà donné sur le sujet, et pointe encore une fois le manque de volonté politique face à des mesures impopulaires et au lobbying des importateurs.

Tandis que certains appellent au changement de comportement alimentaire, pour beaucoup d’autres « on n’en est plus là » : « On est en train d’empoisonner la population », dit Patrick Galenon en évoquant les « nouilles chinoises » bourrées d’ingrédients cancérigènes et pourtant classées PPN. Pour Jeff Benhamza, ex-président du CA de la CPS, l’abandon de toute politique réelle de prévention depuis que les taxes qui alimentaient l’Epap sont reversées au budget général a été une erreur que paieront les générations futures. Il raconte qu’il avait demandé à assister à la commission de la DGAE qui étudie d’éventuelles interdictions d’importations, et reçu une réponse négative : « On ne peut pas y aller, ce ne sont que des importateurs, dit-il. On s’en est ému, on en a parlé, personne ne nous a jamais répondu. Tout est dit ! »  Christophe Plée, toujours dans son costume de défenseur du libéralisme, affirme : « Vous pouvez mettre 30% de taxes en plus sur le sucre, il n’y aura pas moins de diabétiques ! Les taxes, ça ne marche pas ! »  – encore faudrait-il avoir essayé, comme le fait la Nouvelle-Calédonie depuis le début de l’année et qui en attendait 2,6 milliards de recettes fiscales. Il suggère un calendrier de réduction des taux de sucre et de graisse des produits proposés au consommateur.

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