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Au Cesec, une autosaisine sur la pauvreté en Polynésie

©CP/Radio1

Maiana Bambridge a fait adopter par le Cesec sa proposition d’autosaisine sur la pauvreté au fenua et les pistes de réflexion « vers un modèle social plus juste. » Le programme de travail du collège de la cohésion sociale et de la vie collective sera chargé, et le résultat est attendu dans trois mois.

« Les difficultés sociales constatées en Polynésie française constituent un défi économique, social et éthique d’ampleur et un véritable enjeu de politique publique, » écrit dans son exposé des motifs la conseillère du Cesec Maiana Bambridge, qui siège au titre des organismes socio-éducatifs. Mais, dit-elle, les associations représentent souvent l’ultime recours : « en amont, il faut trouver des solutions, faire des propositions. C’est le rôle du Cesec de proposer des choses différentes de celles qui ont pu être mises en place, et si nous ne le faisons pas ici personne ne le fera, parce que c’est compliqué de se faire entendre.»

La dernière étude sur la pauvreté au fenua date de 2009, même si depuis elle a pu être complétée par des rapports de la chambre territoriale des comptes ou des diagnostics de l’ISPF. Et en 2009, seul Mayotte, lanterne rouge des outre-mer, affichait un taux de pauvreté supérieur à celui de la Polynésie française, déjà à 27,6% de la population, tandis que 20% des ménages les plus riches « captent » près de la moitié du revenu total des ménages.

Le diagnostic territorial 2021 de l’ISPF utilisait l’expression « société à deux vitesses » pour décrire la Polynésie. Les 10% les plus riches au fenua gagnent en moyenne 9 fois plus que les 10% les plus pauvres ; le ratio est de 4 en métropole. Avec un faible taux d’emploi (53%) et la carence des amortisseurs sociaux, « les allocations monétaires publiques et les aides sociales comptent pour moins de 10% des revenus des ménages les plus pauvres, contre 35% en France métropolitaine. » Et seulement 11,4% de ces ménages s’attendent à une amélioration. Ils ne sont pas les seuls : « les évolutions démographiques et sociales laissent présager des dépenses publiques croissantes et des efforts qui vont peser plus lourdement sur la collectivité », dit Maiana Bambridge qui demande, au travers de cette autosaisine, la réactualisation des chiffres.

L’éducation reste la clé pour échapper à la pauvreté

Le déterminant le plus significatif de la pauvreté est sans conteste le manque d’éducation, constate Maiana Bambridge. Le fait d’avoir le baccalauréat divise par deux le risque de pauvreté par rapport à ceux qui n’ont suivi qu’une éducation primaire.

Certaines des interventions qui ont suivi n’ont pas démenti l’une des affirmations de l’exposé des motifs – « la tolérance aux inégalités semble relativement élevée ». On a ainsi eu droit à une dose de relativisme : « tout dépend de la vision », d’accusations voilées : « Pourquoi tous ces inactifs qui ne veulent pas travailler ? », de dirigisme : « il faut faire des fermes, tout le monde n’a pas les capacités pour avoir le bac », ou de fatalisme teinté de populisme : « Nous sommes dans un système capitaliste, il y aura toujours des inégalités, sinon il faut mettre tous les salaires au même niveau. » Tolérance ou déni de la réalité ? « La pauvreté qui dérange, c’est celle qui se voit (…), mais il y a des pauvretés qui ne se voient pas », rappelle Maiana Bambridge.

Plus de 15 séances de travail, un rendu dans trois mois

Maiana Bambridge prévoit au moins 17 de séances de travail sur neuf semaines. L’un des objectifs est évidemment l’actualisation des chiffres. Il faudra ensuite 3 à 4 semaines pour la rédaction du rapport final.  Seront entendus les services du Pays et de l’État, voire quelques ministères, et plusieurs associations œuvrant dans le domaine social. « Nous sommes riches, on va parler des pauvres, j’espère qu’on va inviter des pauvres », a lancé Patrick Galenon. Pourquoi pas les acteurs économiques ? a demandé un membre du Cesec ; parce qu’ils siègent déjà au Cesec, a-t-il fallu lui rappeler.  Pour d’autres, « le constat est déjà fait, on a suffisamment d’éléments » et le fond du problème « depuis 40 ans, c’est le manque de volonté politique. »

 

 

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