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Au CHPF, les soignants les plus qualifiés sont aussi les plus vaccinés

Seule la moitié du personnel de l’hôpital est vaccinée, mais ce taux approche de 80% chez les médecins, dont beaucoup regrettent les « fausses informations » répandues sur le vaccin. Pour le président de la commission médicale d’établissement, étendre la couverture vaccinale est plus que jamais une nécessité, à l’hôpital comme dans le reste de la Polynésie.

Le chiffre était affiché sous la grande nef, lors de la visite du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, mardi. « 1 131 agents » du Taaone avaient alors déjà été vaccinés. Difficile de dire que ce total évolue rapidement : à la mi-mars, 800 volontaires avaient déjà reçu une injection dans les rangs de l’établissement. Difficile, aussi, de dire que ce taux est satisfaisant, après quatre mois de campagne et alors qu’ils ont été très tôt prioritaires, seuls 51% du personnel, soignant comme administratif, a reçu au moins une dose. L’hôpital serait-il réticent à la vaccination ? Pas vraiment, répond le Dr Didier Sicard. Le médecin du travail du Taaone rappelle d’abord que beaucoup de ses collègues ont eu le Covid entre septembre et février dernier. Le taux d’immunisation, qui inclut les vaccinés et les contaminés, serait ainsi de l’ordre de « 60 à 65% ». Or  « on demande aux personnes contaminés d’attendre au moins 6 mois avant de recevoir une dose », rappelle le médecin. 200 à 300 agents pourraient donc être simplement « en attente » de vaccination.

Des réticences et des réponses 

Mais le responsable met surtout en avant un rapport à la vaccination très variable en fonction des catégories de personnel. La couverture a ainsi tendance à grimper en même temps que la qualification médicale : si le taux de vaccination du personnel administratif n’est pas au plus haut, il atteint, chez les médecins de l’hôpital, entre « 70% et 80% », toujours sans compter les immunisés en attente. Un taux à comparer avec la vaccination dans la population générale : en début de semaine, moins de 25% des adultes polynésiens avaient reçu au moins une dose, et 16% avaient terminé leur vaccination.

Pour autant, les réticences, si elles sont moins répandues qu’ailleurs, « existent bel et bien au CHPF ». « La plupart du temps, elles sont liées à l’inconnu, note le médecin du travail. Certains mettent en avant la rapidité de conception du vaccin, d’autres la technologie utilisée« . Le professionnel a ainsi plusieurs fois discuté avec certains membres du personnel de l’établissement public, de la technologie du vaccin Pfizer, « pas si nouvelle que ça », ou des données existantes sur la vaccination dans le monde, rassurantes sur le plan de l’efficacité et de l’innocuité des sérums.

Du côté de la direction, on ne semble pas s’alarmer de ce « petit » 51%. Pour la directrice directrice générale du CHPF, Claude Panero, le taux devrait grimper rapidement dans les semaines à venir, grâce au centre de vaccination mis en place dans la grande nef de l’hôpital. Ouvert à tous les Polynésiens, il accueille aussi le personnel de l’hôpital. « Ca nous a déjà permis de remettre la vaccination au centre des préoccupations, et en quelques jours, on a regagné quasiment une centaine de professionnels de santé qui sont venus dans le centre », explique-t-elle.

Sébastien Lecornu avec des médecins de l’hôpital lors de sa visite mardi. ©C.R.

« Il n’y a aucun risque à se faire vacciner »

À entendre la directrice, c’est aussi « la distance avec le pic de l’épidémie » qui invite certains à ne pas se presser au centre de vaccination. Les taux de contamination, au plus bas ces derniers mois, y compris à l’hôpital, peuvent effectivement laisser à penser que la crise est enterrée, injection ou pas. Une erreur pour le Dr Dupire, président de la commission médicale d’établissement. « Je ne veux faire peur à personne, mais c’est une protection très relative. Il y a des variants, et même si un variant, c’est quelque chose de classique chez les virus, certains augmentent les capacités à transmettre et éventuellement la gravité, pointe le chef de la pharmacie de l’hôpital. Je crois qu’il faut être méfiant, ne pas baisser la garde, surtout que des personnes extérieures au pays vont rentrer ».

Alors comme d’autres médecins, il le répète : « il n’y a aucun risque à se faire vacciner ». Pfizer ou Janssen « sont des vaccins de bonne qualité » explique le spécialiste, qui suit les études pharmacovigilance publiées dans le monde entier, et les rapports – très encourageants – sur l’efficacité de la vaccination pour la sortie de crise. Des analyses qui confirment, explique-t-il, que les effets indésirables des vaccins, « propres à tout médicament », sont « non significatifs » ou en tout cas « extrêmement faibles » par rapport au « bénéfice attendu ». Face à des personnes, qui sur les réseaux sociaux, vont jusqu’à remettre en cause la bonne foi de l’ensemble du corps médical, le responsable met en avant la vaccination de ses collègues médecins, de la hiérarchie de l’hôpital… Et la sienne. « Vous imaginez bien que si la personne qui s’occupe de la pharmacologie à l’hôpital avait un doute, elle ne se serait pas fait vacciner, pointe-t-il. Imaginez un vigneron qui ne boit pas son vin ! »

À noter que le centre de vaccination du CHPF, situé dans le grand hall du Taaone, est ouvert à tous du lundi au jeudi de 7h30 à 15 heures et le vendredi jusqu’à 14 heures.

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