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Au foyer Pu o te hau, un Fare Vahine et encore des projets


Le Fare vahine, extension du foyer Pu o te Hau destinée à accueillir des femmes victimes de violences, a été inauguré ce samedi à Pirae. Une satisfaction pour le Conseil des femmes, qui attendait depuis longtemps cette vingtaine de places supplémentaires et plus adaptées au besoin d’autonomie et de vie de famille de certaines pensionnaires. Mais le projet d’extension du foyer est loin d’être terminé : un Fare Metua et une salle commune doivent sortir de terre une fois les financements sécurisés.

Le fare, « lieu de transformation », « Vā », l’espace domestique, économique ou spirituel, « Hine », la femme, de son enfance à l’âge adulte… C’est en revenant à l’étymologie qu’Éliane Tevahitua a introduit ce Fare Vahine, extension du foyer Pu o te hau inaugurée samedi à Pirae. À l’intérieur du bâtiment, financé par le Pays, l’État mais aussi les dons adressés au Conseil des femmes, des chambres ,salles d’eau et cuisines spacieuses, pouvant accueillir des femmes ayant subi des violences conjugales. Un « lieu d’accueil, mais aussi de réappropriation et de reconstruction », précise la vice-présidente.

Davantage d’autonomie

Le bâtiment aux tuiles de bois, conçu pour permettre à des petits groupes de vivre en autonomie et avec davantage d’intimité que dans le foyer tout proche, doit pouvoir accueillir jusqu’à une vingtaine de femmes, et autant d’enfants. Des familles qui ont fait l’objet d’une prise en charge par la DSFE, les associations, ou dont l’accueil en foyer a été sollicité par les mairies. Toutes sont d’abord dirigées vers le bâtiment principal de Pu o te hau, situé à quelques mètres. « Ce n’est qu’ensuite, quand elles sont plus autonomes, le temps de se reconstruire, qu’elles viennent dans ce bâtiment », explique Chantal Galenon, présidente du Conseil des femmes pendant la naissance du projet et depuis devenue ministre des Solidarités en charge de la condition féminine. « Lorsqu’elles sont battues, elles ont besoin d’être suivies psychologiquement, suivies par des agents, elles ne peuvent pas rester toutes seules, explique la responsable. Lorsqu’elles vont mieux, elles viennent dance bâtiment pour être plus en autonomie, elles peuvent faire leur cuisine, être avec leurs enfants ».

2500 faits signalés tous les ans

La date de ce samedi n’a pas été choisie au hasard pour l’inauguration : c’est le 25 novembre qu’est célébrée la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Déjà, lors des marches organisées sur la côte Est et sur la côte Ouest cette semaine, qui ont convergé jeudi vers Tarahoi, la triste banalité de ces violences avait été rappelée en chiffres. « On a tous les ans 2500 faits de violence qui sont traités par les services de police et de gendarmerie et qui arrivent au niveau judiciaire rappelle Emilia Havez qui, des renforts spécialisés aux soutiens à l’Apaj en passant par les « téléphones graves dangers », assure que l’État consolide sa politique en la matière. Peut-être une partie ne sont pas révélés et comptabilisés, mais ces 2500 faits, c’est déjà énorme par rapport à notre population. Et quand on les analyse, on voit bien que plus de la moitié de ces violences sont commises à l’intérieur du foyer familial ».

Vues d’architecte du projet d’extension dans son ensemble. Le Fare Vahine, le Fare Metua et le grand fare commun doivent créer un « cloître » qui favoriser l’échange entre pensionnaires de différentes générations. ©Mathieu Ambert architecture

Samedi, personne, dans l’assistance, ne prétendait que ce nouvel espace d’accueil était la solution au fléau des violences contre les femmes en Polynésie. Et le rassemblement, malgré son caractère festif, a été l’occasion de citer les différents axes à travailler pour les prévenir : davantage de « synergie » entre les services du Pays, de l’État et des communes, davantage d’actions dans les îles éloignées, où les situations de détresse sont exacerbées par le manque d’interlocuteurs et de structure adaptées, davantage d’accompagnement des auteurs de violence, un effort nécessaire pour éviter la récidive…

Des enfants aux matahiapo

Chacun insiste aussi sur la poursuite du soutien aux associations, dont le Conseil des femmes, qui est loin d’avoir atteint ses objectifs d’extension à Pu o te Hau. Juste à côté du Fare Vahine, une grue et du matériel de chantier attendent le déblocage de subvention pour commencer la construction d’un autre bâtiment, le Fare Metua. Un ensemble de studios indépendants, qui devait être proposés – de façon payante – aux matahiapo en situation d’isolement. Il devrait finalement accueillir, en plus, des femmes victimes de violences qui ne peuvent regagner leur foyer, et qui ont besoin d’un habitat au moyen terme. En plus de ces deux bâtiments, un grand fare, qui servira de lieu de formation et de réunion, doit être créé pour finir de délimiter un jardin partagé, dans lequel l’association veut créer des échanges intergénérationnels. « Ça profiterait à tous, des enfants aux personnes âgées », précise Chantal Galenon.

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