Un couple était jugé en correctionnelle ce jeudi pour avoir tenté de faire passer du paka et une carte SD contenant des films pornographiques au parloir de Tatutu. Le colis, expédié par la mère de famille, était porté par sa fille de neuf ans, à destination du père incarcéré pour violences conjugales. Celui-ci, qui devait sortir de détention quinze jours après, a expliqué avoir passé commande pour régler une dette en prison. « C’est dégueulasse d’utiliser un enfant comme ça », s’est indignée la procureure.
Au palais de justice ce mardi, le tribunal correctionnel s’est d’abord penché sur le cas d’un planteur de paka et sur celui d’un cambrioleur en série. Puis, c’est au tour d’un couple de passer devant les juges. Elle comparaît libre, lui est extrait du « cachot » de Tatutu. Tous deux sont jugés pour, entre autres, « provocation directe de mineur à transporter et offrir des stupéfiants », en l’occurrence leur fille de neuf ans.
Début octobre, l’enfant s’était rendu à Tatutu, en compagnie de sa grand-mère, pour visiter son père incarcéré après des violences conjugales. Un ultime parloir familial avant la remise en liberté de cet homme multi-condamné, prévue quinze jours plus tard. Mais la visite avait tourné court : alertés par une forte odeur, les gardiens du centre du détention avait saisi un petit paquet, dissimulé dans le short de l’enfant. À l’intérieur, cinq grammes de cannabis et une carte SD, garnie de films pour adultes. Le colis lui avait été remis par sa propre mère, qui, interdite de droit de visite, savait que la grand-mère refuserait d’assurer la livraison. C’est elle qui avait acheté l’herbe dans un point de deal, et téléchargé les films sur internet. « Pas terrible pour une mère de famille, ça ne vous pose pas un problème ? » demande le président du tribunal. À la barre, celle-ci explique avoir « honte », mais assure l’avoir fait pour répondre à une demande pressante : « mon compagnon m’a dit qu’il en avait absolument besoin ». L’air ravagé par le chagrin et la honte, l’homme avoue avoir sollicité cette livraison peu avant sa sortie pour solder une dette contractée auprès de caïds de la prison. Quelques mois plus tôt, les gardiens avaient retrouvé 50g de paka dans ses affaires. Une drogue qui ne lui appartenait pas, mais qu’il cachait pour d’autres, en échange de divers avantages. « Je devais rembourser », raconte-t-il.
« J’ai été lâche »
Les auditions menées par les forces de l’ordre avaient permis de mettre en lumière la mise en place d’une première opération quelques semaines plus tôt. Celle-ci, au mode opératoire légèrement différent, avait échoué, mais le pot-aux-roses n’avait pas été découvert. À la barre, les deux parents reviennent cette fois sur leurs déclarations et nient cette première tentative. Ce qu’affirme pourtant l’enfant, par la voix de son avocate, laquelle refuse de l’appeler à la barre pour la préserver. « Votre fille s’est sentie interpellée par les gardiens, et maintenant elle culpabilise, elle a peur pour ses parents », pointe le conseil, appelant à une « prise de conscience ». « C’est dégueulasse d’utiliser un enfant comme ça, pour régler ses dettes à l’intérieur de la prison », enfonce la procureure. « J’ai été lâche, oui c’est dégueulasse », reconnaît le père de famille.
Dans ce dossier, les deux prévenus étaient aussi mis en cause pour un petit trafic de paka mené quelques années auparavant. Celui-ci avait été révélé par l’enquête, notamment via l’analyse du téléphone portable de madame. Pour l’ensemble de ces faits, le père de famille a été reconduit en prison pour deux années supplémentaires. Au vu de son casier judiciaire vierge, sa compagne s’en sort avec un bel avertissement, un an avec sursis.