AFPINTERNATIONAL Au procès de l'affaire Fiona, le visage déconcertant des accusés AFP 2016-11-18 18 Nov 2016 AFP Riom (France) (AFP) – Le procès de l’affaire Fiona, ouvert lundi et qui doit durer encore une semaine, a de quoi déconcerter les assises du Puy-de-Dôme face aux incertitudes qui persistent sur la mort de la fillette et aux nouveaux visages que dévoilent des accusés. Quand la petite Fiona est-elle morte ? Que lui est-il arrivé et où se trouve son corps ? Interrogés inlassablement par l’accusation, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf n’ont toujours pas livré, à ce jour, de nouveaux éléments probants pour percer le mystère. Vendredi, un témoin est encore venu semer le trouble en affirmant avoir vu Fiona, visiblement en bonne santé, sur le dos du concubin de sa mère, 48 heures avant le drame. Alors que pour l’accusation, la fillette pourrait être décédée quelques jours plus tôt, victime de coups mortels portés par le couple. « On a avancé sur le chemin de la vérité. On se rend compte qu’il y a aujourd’hui deux certitudes: on n’est pas sur une enfant martyrisée depuis des mois », assure l’avocat de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie. « Il y a certes des défaillances de sa famille qui étaient sous l’emprise de la toxicomanie mais on n’est pas sur des violences qui se répètent. Tout est possible, y compris la thèse de l’accident », ajoute le conseil. – Des visages qui changent – En cinq jours d’audience, l’image accolée aux accusés a aussi été ébranlée. « Paranoïaque », « impulsif », « manipulateur »: les témoignages ne manquent pas au début pour décrire toute la noirceur de Berkane Makhlouf. Le CV de ce toxicomane notoire, toujours « perché » et « malade des nerfs », est désolant. Lui-même se reconnaît comme un homme « violent », avec les hommes comme avec les femmes. Pourtant, hébété par les médicaments, il ne varie pas d’un iota quand il s’agit de parler de son rapport avec Fiona, « son ange », sa « chérie », sa « pépette ». « Pour moi, les enfants c’est sacré », rabâche-t-il à l’envi. Des propos jamais contredits, durant cette première semaine de procès, par les divers témoignages, ceux du personnel de l’école maternelle que fréquentait l’enfant comme ceux de la gardienne d’immeuble ou d’anciennes amies de Cécile Bourgeon. Une image revient même en boucle: celle de Makhlouf courant avec Fiona sur ses épaules, « en faisant le cheval ». Même Stéphanie, une ex-petite amie qui a fui sa fureur et ses coups répétés, atteste que l’accusé « adore les enfants ». Au milieu des dénégations du couple, il livre d’ailleurs un rare « moment de vérité » lorsqu’il relate, semblant revivre la scène, la découverte du corps inanimé de Fiona dans son lit et ses tentatives désespérées pour la réanimer. – Sang-froid – Alors que l’image de son ex-compagnon s’humanise, la mère de Fiona semble perdre des points, au contraire, en montrant peu d’émotion, ou en s’énervant. Et une ancienne amie a enfoncé le clou vendredi, en relatant des propos qu’elle aurait tenus. « Elle m’a dit: + j’ai un problème, Fiona ressemble trop à son père. Elle commence à me dégoûter. Je l’aime plus », a confié la jeune femme, pour qui Fiona n’avait plus droit à des « câlins » mais à des « paroles de dénigrement ». Pire: elle était vêtue « comme une clocharde ». Interrogée par Me Marie Grimaud, conseil d’une partie civile qui l’avait déjà fait sortir de ses gonds en début de semaine, Cécile Bourgeon a de nouveau perdu son sang-froid. »Fiona était très bien habillée! Ça me rend folle d’entendre ça. La petite, je l’ai jamais frappée. Vous allez arrêter votre cinéma. J’en ai ras-le-bol », lance-elle à l’avocate, les yeux noirs. Et Me Grimaud d’insister: « est-ce que vous entendez qu’on peut se dire aujourd’hui que vous avez tué Fiona ? » « Si vous voulez savoir où est le corps de Fiona, j’en sais rien. A votre avis, je fais un enfant pour le mettre à la poubelle ? Qu’est-ce que vous croyez, je veux une famille nombreuse. Là je perds mon temps en prison », bouillonne-t-elle encore. Pour un autre avocat des parties civiles, Me Antoine Portal, le bilan de la semaine est « mitigé ». « Du couple Makhlouf/ Bourgeon, on en attend tout mais on en espère vraiment plus rien », résume-t-il, convaincu que les accusés en savent « beaucoup plus qu’ils ne veulent le laisser croire ». © AFP Thierry ZoccolanUn dossier portant le prénom de la petite « Fiona », à la Cour d’assises du Puy-de-Dôme, à Riom, le 17 novembre 2016 Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)