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Au Salon du Bourget, Air Moana commande trois nouveaux ATR et rêve d’Airbus

CP/Radio1

Air Moana prévoit de commander trois nouveaux ATR 72-600 XT, et d’y proposer une classe Premium. Mais la compagnie s’intéresse aussi aux moyen-courriers Airbus pour se positionner sur des liaisons entre Papeete et Nuku Hiva, et pourquoi pas sur la Nouvelle-Zélande, Hawaii ou Rapa Nui. Radio1 a rencontré le président d’Air Moana Raitini Rey lundi à Paris, avant l’annonce des projets de développement d’Air Moana au 54e Salon international de l’aéronautique et de l’espace au Bourget.

« Très, très heureux de rencontrer à nouveau les grands acteurs du monde de l’aérien et en particulier les constructeurs, disait Raitini Rey lundi à Paris. C’est l’opportunité de rencontrer Airbus, et ATR pour avancer encore un peu plus vers l’acquisition de trois ATR 72-600 XT de nouvelle génération qui émettent moins de CO2, car l’ambition d’Air Moana c’est de se doter d’une flotte la plus responsable possible au niveau de l’environnement. »

Une classe Premium de 12 places sur les prochains appareils

Air Moana va aussi « statuer sur la configuration finale de ses prochains ATR », dit son président.  Environ 900 touristes arrivent chaque semaine en classe business, et nombre d’entre eux sont intéressés par un meilleur confort sur les lignes intérieures. « Nous prévoyons de mettre en place une classe Premium, nous pensons que ça va répondre à un réel besoin des transporteurs internationaux » , dit Raitini Rey.

La clientèle locale pourrait elle aussi être intéressée par cette offre, particulièrement sur les vols les plus longs.

Finaliser ces contrats dans les prochaines semaines doit permettre à Air Moana de prendre livraison d’un premier ATR début 2025, et des deux suivants dans le courant de la même année.

Le financement repose à la fois sur la Banque de Tahiti, qui soutient l’entreprise depuis son lancement, et qui « prendra la tête de file sur ce montage complexe » dans lequel les autres banques locales devraient également figurer, et sur les défiscalisations locale et nationale. Cela supposera l’entrée au capital, pour l’heure entièrement privé, de partenaires institutionnels, de l’État ou du Pays. Raitini Rey a d’ailleurs rendez-vous à Bercy durant son séjour parisien. Il compte sur le bon démarrage de la compagnie pour convaincre : Air Moana a déjà transporté 25 000 passagers depuis son lancement en février dernier.

Un Airbus dernière génération pour les Marquises

Air Moana a d’autres ambitions encore : relier Tahiti aux Marquises en moins de deux heures, avec un jet.

Pour desservir Nuku Hiva dont la piste doit être refaite, l’appareil envisagé est un Airbus A220, qui peut transporter jusqu’à 160 passagers, « un choix personnel parce que j’avoue que je suis  très fan de la technologie française », dit Raitini Rey. Mais ce serait, dit-il, une étape intermédiaire, en leasing, avant de pouvoir acquérir l’Airbus A321NeoLR, qui lui peut transporter jusqu’à 220 passagers. « Pour moi c’est l’avion de demain, malheureusement il est très difficile pour le moment d’obtenir des ‘slots’ de fabrication », explique le président d’Air Moana. Tout dépendra de la rapidité avec laquelle le Pays pourra refaire la piste, qui est suffisamment longue, assure Raitini Rey, mais dont la surface doit être renforcée pour accueillir ce type d’appareil.

Auckland, Hawaii, Rapa Nui… un futur partenariat avec ATN ? 

Alors qu’Air Tahiti Nui vient d’annoncer qu’elle étudie « prudemment » l’acquisition d’avions monocouloir pour des dessertes de moins de 6 heures, Air Moana aussi veut explorer la possibilité d’aller à Auckland, Hawaii ou Rapa Nui. Selon Raitini Rey il ne s’agit pas de concurrencer Air Tahiti Nui, mais plutôt de construire une complémentarité : « En fait, nous nous orientons surtout vers un partenariat fort avec les compagnies internationales. Ce serait idéal pour Air Moana d’être un partenaire privilégié d’Air Tahiti Nui. »

Air Tahiti Nui qui a encore, en tout cas pour l’instant, des accords de code-share avec Air New Zealand. Vu les délais de livraison de ce type d’appareils, Air Moana définirait ainsi une stratégie de 5 à 10 ans.

Le bât blesse à Tahiti-Faa’a

Air Moana aura du mal à se déployer tant que la plateforme aéroportuaire de Tahiti-Faa’a n’est pas modernisée, ce qui prendra encore quelques années,  et/ou tant que Air Tahiti n’accepte pas un meilleur partage des espaces et des services : la compagnie, qui « a permis de faire baisser les prix de près de 30% pour les Polynésiens » et emploie déjà 220 personnes, estime dans son communiqué « indispensable que les règles d’accès aux infrastructures essentielles comme par exemple l’aéroport de Tahiti soient mises en place en préservant les conditions d’une concurrence équitable si la France et la Polynésie veulent préserver ce contributeur majeur à l’économie et l’emploi local que représente le transport aérien inter insulaire. » Air Tahiti est le seul FBO (fixed-base operator, ou fournisseur de services au sol – le très lucratif ravitaillement en carburant des compagnies extérieures, la gestion des salons, l’accueil des jets privés, etc) et fait ainsi la pluie et le beau temps à Tahiti-Faa’a et sur les autres aérodromes polynésiens. L’enregistrement des vols d’Air Moana, qui n’est pas effectué au terminal domestique mais à l’extrémité opposée de l’aérogare normalement dédiée aux vols internationaux, en est l’une des illustrations. La jeune et ambitieuse compagnie pourrait-elle aussi concurrencer Air Tahiti au sol ?

©CP/Radio1

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