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Au Tavini, ni « copie », ni « béni-oui-oui »

Photos ©C.R.

Le Tavini s’est mis en ordre de bataille pour les législatives, ce samedi, lors d’un Conseil fédéral. Institutions, spéculation foncière, nucléaire, gestion de la crise sanitaire… Les thèmes de campagne ont été lancés le parti veut croire a ses chances entre un Tapura « divisé » et accusé d’allégeance systématique à l’État et un Amuitahira’a moribond qui proposerait une « copie chinoise » de l’indépendance.

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Au Tavini comme ailleurs, la crise sanitaire « n’a pas été facile à gérer » sur le plan du militantisme. Comités non renouvelés, calendrier de mobilisation avorté… Samedi au gymnase de Piafau, à Faa’a, le parti indépendantiste, qui se félicite tout de même d’une augmentation de ses adhésions – de 12300 à près de 15 000 en deux ans – a voulu se remettre en ordre de bataille pour les échéances électorales à venir. Pas pour la présidentielle, puisque Oscar Temaru avait déjà expliqué quelques jours plus tôt « qu’aucun candidat ne portait les intérêts de la Polynésie dans ces élections ». Une ligne qui a été discutée, avec les 200 à 300 militants de passage à Faa’a. Certains, parmi les opposants à la stratégie vaccinale notamment, auraient préféré voir le parti s’opposer clairement à la réélection d’Emmanuel Macron. « Il y en a qui iront voter, ils se sont expliqués, ils sont libres, mais le message reste l’abstention » résume Oscar Temaru, rappelant que la « mauvaise aventure » de l’accord avec le Parti socialiste reste gravé dans l’histoire du parti.

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« Choisissez l’original »

Le cap est donc clair : les législatives de juin. Une élection pour laquelle les indépendantistes ont aligné deux jeunes candidats,  Temata’i Le Gayic et Steeve Chailloux. Moetai Brotherson, après avoir longtemps été la figure de la jeune garde du parti, fait désormais office de mentor. Il insiste sur le fait que c’est « un trio, une équipe » qui se présente, plus que trois candidats séparés. Le député sortant, qui défendra son siège dans la deuxième circonscription voit pour le parti une fenêtre de tir en juin. « Les Polynésiens voient d’un côté un Tapura où les ambitions personnelles disputent à une espèce d’allégeance systématique à l’État, et de l’autre côté celui qui veut vous vendre une copie chinoise de l’indépendance, reprend l’élu de 52 ans. On dit aux gens, entre la copie et l’originale, choisissez l’originale ».

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Pour preuve de cette « stratégie d’équipe », les trois candidats vont faire campagne sur un programme commun, adapté à la marge en fonction des circonscriptions. Sans surprise, c’est le combat pour la souveraineté qui reste au centre de la plateforme. « Ce Pays n’est pas à vendre », a ainsi répété Oscar Temaru devant une banderole chiffrant à un million de milliards de milliards de  dollars (soit 24 zéros) la valeur de Maohi Nui. Le « peuple polynésien doit faire entendre sa voix à l’assemblée nationale », insiste Steeve Chailloux, d’autant plus urgemment que pendant ces deux années de crise sanitaire, l’État a « phagocyté l’autonomie interne ». « Il faut montrer à Paris qu’il n’y a pas en Polynésie que des béni-oui-oui, il y a aussi des gens, des élus, qui ne pensent pas comme la majorité au pouvoir ».

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Du nucléaire au sanitaire en passant par le foncier

Autre thème de campagne mis en avant : « l’ancrage », avec la problématique de la spéculation foncière, de l’emploi local et de la protection des ressources naturelles. Les inégalités, en partie produites, selon le Tavini, par le statut même de la Polynésie, et bien sûr le nucléaire, seront aussi en bonne place sur les tracts. Tout comme la gestion de la crise sanitaire. Le parti indépendantiste, qui s’était divisé sur le sujet, et notamment sur le vote de l’obligation vaccinale, semble s’être mis en ordre de marche sur la question. « Après 636 morts, c’est un sujet dont on ne peut pas ne pas parler  » explique Moetai Brotherson, après une intervention très applaudie du Dr Jean-Paul Théron. Le généraliste, qui avait prêté main forte à Tony Géros pour monter le centre médicalisé de Manu Iti, à Paea, et qui est convoqué début mars pour violences volontaires et outrage, a une fois de plus assuré qu’une part importante des décès auraient pu être évitée par une organisation de la prise en charge des malades dans le cercle familial.

Le parti indépendantiste veut aussi s’imposer comme « le parti de la relève » et donc de la jeunesse. Mais si les bleus ciel espèrent faire de Tematai Le Gayic et ses 21 ans, « le plus jeune député de la République » – comme Richard Tuheiava, à 34 ans, avait un temps été le plus jeune sénateur – Oscar Temaru, du haut de ces 77 ans, reste le président et le leader incontesté du mouvement. Un témoin de « la culture du metua » estime Steeve Chaillou, « un sujet dont on parle librement » avec l’ex président du Pays, pointe Moetai Brotherson :

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Si la mobilisation doit commencer « dès aujourd’hui » dans les comités locaux, le Tavini devrait surtout mobiliser à la mi-mars, autour du procès en appel de Radio Tefana.