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« Aucun président ne s’est montré aussi outrageant, aussi condescendant que celui-là »


La Fraap a profité de l’annonce de la suspension de son mouvement de grève pour lancer une nouvelle charge contre Moetai Brotherson. Accusé de « prendre tout le monde de haut », « d’aimer organiser le désordre », d’avoir « cherché à mettre le feu » dans ce conflit et d’avoir « foutu sa zone » dans d’autres dossiers, le président, comme son équipe, est aussi taxé de « manque de compétence et de culture administrative ». Son « exaspération », le syndicat l’a rapportée à Tony Géros en l’interrogeant : « Est ce qu’on va garder un exécutif comme ça jusqu’à la fin de la mandature ? » Pas de réponse officielle, mais Jean-Paul Urima croit savoir que Moetai Brotherson « aura à répondre de ses actes ».

La prochaine bataille attendra, mais la hache de guerre n’est pas enterrée entre la Fraap et le gouvernement. En annonçant la suspension « jusqu’à nouvel ordre » du mouvement de grève qui devait débuter demain, Jean-Paul Urima, secrétaire général du syndicat, ainsi que ses secrétaires généraux délégués, ont pris soin de dire tout le bien qu’ils pensent de Moetai Brotherson, avec qui ils ont négocié pendant plusieurs dizaines d’heures depuis début décembre. Et la fédération ne mâche pas ses mots : le président indépendantiste est accusé de « prendre tout le monde de haut », de « prétendre tout savoir, prétendre avoir l’intelligence suprême« , « d’aimer organiser le désordre », même.

« Reviens sur terre, avant que les choses ne se gâtent »

Avec ses « déclarations clivantes » ou ses « petites phrases » – le « Je vous souhaite une bonne grève » de fin de négociation est cité plusieurs fois – il a « cherché à mettre le feu », à « aller au conflit », estiment les responsables, qui n’ont pas non plus pris des pincettes, entre les accusations de « haute trahison », de « dictature », ou plus récemment, le qualificatif de « roitelet ». Les syndicalistes enfoncent le clou en accusant  l’exécutif de manque de compétence. Le président et son équipe qui « manquent profondément de culture administrative, de savoir-faire dans le traitement de la fonction publique du Pays », explique Jean-Paul Urima. Qui y voit une explication simple : trop de techniciens proviennent, comme c’est le cas de la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas, de la « communale », qui ne suit pas les mêmes règles et n’a pas la même « culture » que l’administration territoriale. « Et pourtant, ils veulent nous apprendre à nous comment ça marche », s’agace la Fraap.

« Par le passé, aucun président ne s’est montré aussi outrageant, aussi condescendant que celui-là, résume Jean-Paul Urima. C’est un message très amical que je lui lance : redescends de ton nuage, de la branche de l’arbre où tu es perché, et reviens sur terre, avant que les choses ne se gâtent. »

« Dans tous les conflits, on se rend compte que les positions sont très clivantes »

Une aigreur après deux échecs de négociations ? Une menace envers le gouvernement ? Non, répondent les syndicalistes, mais une « exaspération » partagée « par beaucoup ». On est « au bord du point de non-retour », « au bord du gouffre pour agir de manière plus radicale » reprend le secrétaire général du syndicat, qui a porté ce message à un autre élu Tavini : Tony Géros, rencontré ce matin en même temps que la présidente de la commission de l’emploi et de la fonction publique de Tarahoi, Teura Iriti. Au président de l’assemblée, souvent loué dans les commentaires des militants de la Fraap, le syndicaliste, qui dit « ne pas faire de politique », a posé ses questions. « Est-ce que vous avez conscience des problèmes que pose l’exécutif aujourd’hui ? Est ce qu’on va supporter cela jusqu’au bout de la mandature ? Quelles sont les solutions que vous allez apporter ? Il est là le véritable débat. Car il ne s’agit pas seulement de notre conflit qui pose problème. Tous les conflits qui sont rapportés et qui nécessitent l’intervention de l’exécutif, on se rend compte que les positions sont très clivantes. »

Peu de conflits ont pourtant, depuis le début de la mandature, pris une tournure aussi tendue que celui de la Fraap. Mais le syndicat assure que beaucoup d’autres se plaignent « d’engagements qui sont pris et, cinq minutes après, de déclarations qui n’ont rien à voir avec ce qui a été dit ». La fédération, prête à reprendre sa grève suspendue à tout moment, compte bien provoquer du débat et des réactions autour de « l’état d’esprit » de Moetai Brotherson et de son équipe au cours de « réunions qui seront au sein de toutes les administrations de la Polynésie ». « C’est quelque chose qu’on sait faire très bien, d’aller à la rencontre des gens, d’expliquer, c’est pour ça qu’on est aujourd’hui le premier syndicat de l’administration du Pays », rappelle le secrétaire général. S’agit-il d’une campagne pour obtenir le renversement de l’exécutif ? « S’il faut aller jusque là, si ça peut rétablir l’ordre dans ce pays », lâche Jean-Paul Urima qui croit savoir que le président, à force de « foutre sa zone » et pratiquer « la politique de la terre brûlée », « aura à répondre de ce genre d’actes. »

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