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Aux assises, un handicapé accusé de la mort de son beau-père

Un homme de 30 ans, souffrant d’un handicap psychique et bénéficiaire de l’allocation Cotorep, est jugé aux assises pour avoir causé la mort de son beau-père, en lui lançant une pierre lors d’une altercation sur fond d’alcool. La victime, capable de se montrer extrêmement violente, vouait une haine tenace à l’accusé. Le témoignage de l’experte médicale est attendu vendredi.

À voir son air doux et son regard tranquille, on pourrait le croire incapable de faire du mal à une mouche. Et pourtant, c’est pour des faits criminels que cet homme de 30 ans, déjà connu pour des faits d’agression sexuelle et de vol, comparaît aux assises. En détention depuis un peu plus de deux ans, il est jugé pour avoir causé la mort de son beau-père de 63 ans. Un procès particulier : constamment assisté de l’interprète, l’accusé est un illettré qui souffre de troubles psychiques. Ils font de lui un bénéficiaire de l’allocation Cotorep. Venu avec son tuteur dans la grande salle d’audience, il semble un peu perdu au moment de répondre aux questions de la présidente.

Il a commis l’irréparable en 2022 : à l’époque, le jeune homme vit à Raiatea, en compagnie de son frère jumeau, de sa mère, et de son nouveau beau-père. Celui-ci, un homme sans activité professionnelle, vit aux crochets de sa compagne, qu’il bat régulièrement si elle ne lui donne pas d’argent. Capable de se montrer extrêmement violent, il voue une haine tenace aux deux jumeaux. Au point d’avoir causé plusieurs cicatrices à l’accusé lors d’altercations précédentes, en le frappant à coups de barre de fer, « celle pour ouvrir les cocos », ou en lui tailladant le dos à la hache. Le jeune homme, connu pour des faits d’agression sexuelle et de vol, est aussi à même de renvoyer l’ascenseur : en l’occurrence une tronçonneuse, qu’il avait projetée vers le sexagénaire au cours d’une dispute antérieure. Bref, à ce rythme-là, l’un comme l’autre avaient toutes les chances de se retrouver un jour devant la cour d’assises.

La victime avait refusé les soins

Le soir des faits, le trentenaire et son beau-père sont fortement alcoolisés. Le jeune homme fait alors malencontreusement tomber la marmite du dîner, provoquant la colère de son aîné. Fou de rage, celui-ci s’empare d’une hâche de bûcheron et s’empresse de poursuivre son beau-fils. Lequel prend la fuite, avant de revenir quelques minutes plus tard, une pierre à la main, qu’il lance sur la victime. Le sexagénaire s’écroule net, mais parvient à se relever.

Malgré d’importants saignements à la tête, il refuse de consulter, et empêche sa femme d’appeler les pompiers. Son état s’aggravant, il est conduit aux urgences deux jours plus tard. Et décède à son arrivée, des suites d’un traumatisme crânien encéphalique ouvert. Dans un premier temps, la mère de l’accusé évoque une chute accidentelle. Les examens médicaux démentent, la femme avoue l’altercation, une enquête est ouverte et le jeune homme se rend aux gendarmes le lendemain.

Décrit comme « un enfant heureux, qui n’a jamais manqué de rien », l’accusé encourt quinze ans de réclusion criminelle pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ce jeudi, les témoignages familiaux se sont succédé à la barre. L’audition de l’experte médicale, attendue ce vendredi, sera suivie avec attention pour aider le jury à déterminer la responsabilité pénale de l’accusé au vu de ses troubles psychiques.