Après un passage fort en symboles aux Marquises, c’est à Manihi que le chef de l’État a passé quelques heures ce lundi. Des abris anticycloniques à la préservation environnementale, il a, une fois plus, assuré du soutien et de la « protection » de l’État. Mais n’a pas annoncé de nouveaux programmes ou abordé la question du nucléaire.
Parti « Hakaiki o taha’oe » de Hiva Oa, c’est en « Te taki nui » qu’a été accueilli Emmanuel Macron, ce lundi après-midi, à Mahini. Et plutôt que les cavaliers marquisiens c’est une petite armada de bateaux, là encore bardés de drapeaux, qui lui ont servi de cortège à l’arrivée. La « grande fierté » d’accueillir un chef d’État, elle, n’a pas changé. Non pas que les Tuamotu n’en aient jamais reçu, mais les autres visiteurs présidentiels s’étaient cantonnés à Moruroa pour parler de nucléaire. « Là, il vient parler de nous », se félicite John Drollet, qui « préfère laisser les discussions sur le nucléaire à d’autres ».
Quant à savoir pourquoi l’Elysée, courtisée par plusieurs atolls, a choisi Manihi, le tavana, qui a appuyé le rôle pionnier de son île dans l’industrie de la perle ou du tourisme, n’a pas d’hésitation : « Il vient voir la plus belle des îles ». La vingtaine de maires des Tuamotu rassemblés pour l’occasion ne partagerons pas forcément l’analyse, pas plus que les pilotes de bateaux et officiels, venus des îles alentours pour l’occasion. Mais qu’importe la raison, parmi la population, un peu plus de 600 personnes, et un millier en comptant celle de la commune associée de Ahe, on ne demandait pas beaucoup plus que sa présence au président. « J’ai 73 ans, et c’est la première fois que je vois un évènement comme ça », se félicite Marguerite, membre du chœur qui a accompagné la cérémonie d’accueil, « dans la pure tradition paumotu ».
Un chantier déjà annoncé plusieurs fois
Le discours du président répond à celui de John Drollet à propos de l’énergie verte – « moins d’hydrocarbures, moins de pollution, pour des coûts moindres » -, des difficultés liées au CGCT – « il faut garder l’ambition en étant pragmatique » – ou l’environnement. Mais si le chef de l’État était attendu sur un sujet aux Tuamotu, c’est celui des changements climatiques – « le destin commun du Pacifique c’est de faire face au dérèglement climatique » – et des catastrophes naturelles qui peuvent y être liées. A Manihi, on redoute que se répète « plus souvent » un évènement comme le cyclone Orama, qui, en 1983, n’avait laissé que très peu de bâtiments debout à sur l’île. Une tempête que beaucoup, comme Marguerite, ont encore en mémoire :
« Notre paradis peut se transformer en enfer », rappelle donc le tavana, formule reprise par son invité. Qui confirme, comme le prévoit une convention État – Pays signée en mars, la construction de 17 abris aux Tuamotu – Gambier, dont neufs nouvelles structures et huit réhabilitations. Six milliards de francs d’investissement au total pour compléter le réseau d’abris. « La République tiendra sa promesse, celle de la protection », appuie le chef de l’Etat.
À quelques centaines de mètres – et des dizaines de selfies et de discussion du président avec des habitants – de là, le site choisi pour la construction de l’abri. Il s’agit de l’ancien terrain du groupement d’observation dispersé, antenne d’un collège de Rangiroa, qui n’en est pas à sa première « première pierre ». « Il y a eu le ministre Pierre (Victorin, ndr) Lurel, puis Madame Pau-Langevin qui étaient passés, et depuis plus rien, explique Gilbert Rattinassamy, 4e adjoint au maire et directeur de l’école municipale qui sera relogée dans cette structure. Ce qui a ralenti, ce sont les financements. A l’époque, le Pays voulait que l’Etat prenne en charge à 100%. Maintenant, ils ont opté pour 50/50 dans le contrat de projet signé récemment. Cette fois, les financements, sont vraiment partis ». Après « plus de 10 ans d’attente », la mairie se dit donc « très confiante » : la construction doit débuter au début de l’année prochaine pour une livraison clé en main en septembre 2023.
Autre étape de la visite : la centrale hybride et son millier de panneau solaire, inauguré en temps que projet pilote, en juin 2018. Un détour finalement annulé, par manque de temps.