Lors de ses premières et dernières festivités du 14 juillet dans les jardins du Haussariat, Dominique Sorain, qui quittera son poste « le cœur lourd » avant la fin du mois, a voulu remercier le fenua. Il a aussi évoqué les « défis » futurs de la Polynésie, surmontables selon lui en s’attachant aux « valeurs de la République ». Et salué, malgré les débats dont il fait l’objet, le statut d’autonomie, qui protège selon lui le pays.
« Beaucoup d’émotions cumulées » pour Dominique Sorain. Ce 14 juillet, le Haut-commissaire organisait les premières festivités de la fête nationale depuis son arrivée en Polynésie, le 7 août 2019. « La crise sanitaire nous a empêché de nous réunir dans cette configuration » a-t-il rappelé devant les centaines de personnes invitées à la « garden party » dans les jardins de la résidence du Haussariat. « Ce sera aussi mon dernier 14-juillet ici en raison de mon départ proche et ce sera le dernier de ma carrière de préfet », a-t-il précisé. Ancien préfet des Vosges, de l’Eure, de la Réunion ou de Mayotte, le haut-fonctionnaire qui a aussi longtemps travaillé sur les questions d’agriculture et surtout de pêche dans les ministères parisiens, prendra en effet sa retraite avant la fin du mois de juillet, après 45 ans au service de la République. Son successeur au Haut-commissariat de Polynésie n’est pas encore connu – seule une directrice de cabinet, Emilia Havez, a pour l’instant été nommée – mais Dominique Sorain n’a pas attendu pour adresser ses remerciements au fenua : « C’est le cœur lourd, qu’avec mon épouse nous allons quitter la Polynésie, a-t-il déclaré. Nous y sommes très attachés et nous souhaitons aujourd’hui vous remercier de nous en avoir ouvert les portes ».
Des « défis » pour la Polynésie
Ce discours du 14-juillet était aussi, bien sûr, l’occasion de dresser le bilan de trois années intenses pour la représentation de l’État. Gestion de la crise Covid, de ses conséquences sanitaires comme économiques, démarche Reko Tika sur le nucléaire, mise en place du SNU, de la nouvelle antenne du RSMA, travail sur l’inscription des Marquises à l’Unesco, renforcement de l’axe Indo-Pacifique… Le Haussaire appuie plusieurs fois sur l’aspect « collectif » de son travail et du partenariat permanent avec le Pays. Son message : si beaucoup de défis – sociaux et économiques notamment – s’annoncent pour le fenua, les « valeurs de la République », qui se « confondent aux valeurs polynésiennes », permettront au pays d’avancer.
Liberté, égalité, fraternité… « Ces valeurs ne sont pas un vœu pieux, une incantation vide de sens rituellement prononcée lors des grandes dates qui ponctuent notre calendrier national, assure Dominique Sorain. Ces valeurs sont le socle de notre vivre ensemble. Face aux agressions de l’Histoire, face aux doutes, face au relativisme et au repli sur soi, elles guident l’action des pouvoirs publics au quotidien ».
Autonomie : « Tout débat est nécessaire »
En ce jour de fête nationale, le Haut-commissaire a aussi voulu célébrer le « pacte intime qui lie la Polynésie et la République », forgé par une histoire « souvent difficile mais toujours porteuse d’espoir ». Sa matérialisation actuelle : le statut d’autonomie, une « relation particulière entre la capacité à s’auto-administrer et le fait d’être un territoire de la République » et qui protège le pays insiste-t-il : « C’est dans ce cadre que l’appui de l’État a été confirmé, notamment dans ses dimensions budgétaires et financières et même si cela l’amène parfois à intervenir au-delà de ses compétences ». Un statut qui fait pourtant débat : au fenua – Steve Chailloux, nouveau député indépendantiste placé just à droite du Haut-commissaire pendant ce discours, était là pour le rappeler – mais aussi à Paris, où Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne travailleraient sur une grande réforme du statut des collectivités d’outre-mer. « Tout débat est nécessaire, explique le Haut-commissaire, pour qui il est important de « savoir de quoi on parle » et de « clarifier les choses », à condition de le faire sereinement.
En fin de discours, et avant le traditionnel « vive la Polynésie française, vive la République et vive la France », Dominique Sorain s’est essayé à quelques mots en tahitien : « E vai noa o porinetia farani i roto i to’u nei mafatu », « la Polynésie française sera toujours dans mon cœur ».