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Avec French Blue, l’UPLD a peur des « vrais-faux backpackers »

© Cédric Valax

Après le Tahoeraa par la voix de Gaston Flosse, c’est au tour de l’UPLD et d’Antony Géros de s’inquiéter jeudi en séance à l’assemblée de l’afflux de voyageurs « low-cost » en Polynésie via la compagnie French Blue. La ministre du Tourisme Nicole Bouteau a accusé l’élu UPLD d’aller trop loin, mais a annoncé dans le même temps que French Blue s’était engagée par écrit à ne vendre que des billets aller/retour.

Plus d’une semaine après l’autorisation d’exploitation de services réguliers de passagers, frets et courriers à la compagnie aérienne French Blue, l’arrivée prochaine de la compagnie « low-cost » agite l’opposition. Jeudi matin lors de la cinquième séance de la session budgétaire de l’assemblée, le représentant UPLD, Antony Géros, a adressé une question orale à la ministre du Tourisme en s’inquiétant d’abord de la survie d’Air Tahiti Nui face à l’arrivée d’une compagnie qui propose des tarifs 20% moins chers. Mais surtout en s’inquiétant du type de clientèle que la compagnie allait convoyer jusqu’en Polynésie : « Des vrais backpackers vous en aurez certainement. Mais il n’y en aura pas beaucoup. (…) Mais ce qui nous inquiète vraiment ce sont les « vrai faux » backpackers, ce sont les long term backpackers et ceux-là croyez moi, ils seront légion. Ils viendront sans souci de durée de séjour ou de formalité administrative. (…) Et lorsqu’ils seront ici, eh bien, ils seront chez eux. Et tout ceci à l’heure où nous rencontrons de réelles difficultés en matières d’offres de logement social, à l’heure où nous n’arrivons que très difficilement à satisfaire nos demandeurs d’emploi et à l’heure où nous n’arrivons pratiquement plus à assurer l’équilibre de nos comptes sociaux ».

Une rhétorique qui n’est pas sans rappeler celle utilisée le mois dernier par Gaston Flosse, également opposé à l’arrivée de French Blue. Dans son intervention, Antony Géros demande si le gouvernement compte signer une convention avec French Blue avant d’aller plus loin. « Quelles mesures administratives de contrôle envisagerez-vous prendre vis-à-vis des ressortissants de la communauté européenne qui voyageraient à bord de cette compagnie ? Aujourd’hui il n’y en a pas. Avez-vous l’intention de mettre en place par exemple une fiche d’information relative aux raisons de leur séjour, leur lieu de résidence, la durée de résidence ou le montant qu’ils envisagent de dépenser lors de leur séjour, l’identité etc. Avez-vous l’intention de faire tenir un registre de domiciliation dans chaque commune, ouvert à tout ressortissant à partir de leur 3ème mois de résidence ? ».

French Blue s’est engagé à ne vendre que des aller/retour

Des propos qui ont vivement fait réagir la ministre du Tourisme qui, après avoir indiqué que la compagnie s’était engagée par écrit à ne vendre que des aller/retour, a estimé que le représentant UPLD allait « très, trop loin en agitant l’épouvantail du péril extérieur qui menace notre Pays ».

Sur la question de la convention, Nicole Bouteau interroge à son tour Antony Géros : « La Polynésie a-t-elle signé des conventions avec Air New Zealand, Hawaian Air Lines, Latam, Air Calin, ou même avec Air France ? Jamais ! ». Quant à la mise en place de mesures de contrôle : « Il faut, à vous entendre, qu’ils soient fichés. Il leur faudrait des garants, des surveillants individuels. Il faudrait un « registre de domiciliation ». Et pourquoi pas un tatouage au poignet. Une puce électronique. Un suivi permanent. Et puis quoi encore ? Big Brother, jusqu’où souhaitez-vous emmener ce Pays ? Accepteriez-vous que de telles mesures nous soient appliquées lors de notre entrée sur le sol d’autres territoires français ou en Métropole ? On va où, là ? ».