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Avec Tauhiti Nena, Éric Zemmour s’engage sur une Polynésie « état associé » à la France

Candidat souverainiste aux législatives à Papeete, Tauhiti Nena a signé un partenariat avec Éric Zemmour et son parti Reconquête!. D’après l’accord de ralliement révélé par Tahiti Infos, le candidat d’extrême-droite, pourfendeur des « anti-colonialistes » et défenseur d’une France qui protège ses intérêts « dans tous les océans », s’engage à ouvrir des discussions sur un changement de statut de la Polynésie. 

C’est ce samedi, à la mairie de Papeete, que Tauhiti Nena doit détailler ses plans pour les législatives et les territoriales à venir. Création d’un nouveau mouvement Hau Maohi Ti’ama, présentation des ses candidats aux législatives… Et surtout annonce de nouveaux soutiens métropolitains. L’information a finalement « fuité » dès ce matin, dans les pages de Tahiti Infos : c’est avec Éric Zemmour que l’ancien sportif, aujourd’hui président de la Fédération océanienne de boxe, a négocié un soutien croisé. L’ancien polémiste et son nouveau parti, Reconquête!, s’engage à investir le candidat Nena dans la première circonscription (Papeete, Pirae, Arue, Tuamotu, Marquises) du fenua et à mener une « concertation » avec lui concernant les deux autres circonscriptions. Et l’ancien ministre de l’Éducation polynésien s’engage de son côté à soutenir le candidat d’extrême-droite à la présidentielle, en le présentant notamment comme le meilleur « défenseur des libertés individuelles ». L’accord de ralliement évoque même un slogan : « Avec Eric Zemmour on va arrêter d’emmerder les Polynésiens ».

Pour Zemmour, la France doit « imposer ses vues dans le Pacifique »

Un soutien qui peut paraitre étonnant, vu la ligne politique de Tauhiti Nena. Membre du gouvernement d’Oscar Temaru entre 2011 et 2013, candidat sous les couleurs du Tavini aux législatives de 2012, puis de l’UPLD en 2014, le conseiller municipal de Papeete a quitté le giron bleu ciel mais la souveraineté de la Polynésie reste le fil rouge de sa carrière politique. Aux côtés de Gaston Flosse ces 18 derniers mois, il a défendu une souveraineté « associée à la France ». Un positionnement qu’il a conservé malgré son éviction récente du Amuitahira’a, et qui semble difficilement compatible avec celui d’Éric Zemmour. Pourfendeur de la « propagande anti colonialiste », le médiatique essayiste rejette régulièrement, dans ses écrits et ses discours, toute « repentance » sur le passif colonial de la France. « Je me moque des pages sombres de notre histoire », avait-il notamment déclaré. Candidat de la « grandeur de la France », Éric Zemmour défend aussi une hausse historique du budget des armées, qui permettrait entre autres un « accroissement des moyens militaires dans le Pacifique ». La France, « nation mondiale, présente dans tous les océans », doit « redevenir suffisamment puissante pour imposer ses vues dans le Pacifique » avait-il ainsi déclaré dans un message de soutien au camp anti-indépendantiste calédonien, en décembre.

Dans l’accord de ralliement, signé avec Tauhiti Nena, le coordinateur outre-mers de Reconquête!, Benjamin Cauchy, engage toutefois le candidat nationaliste dans la « reconnaissance du fait nucléaire » ainsi que du « fait colonial ». « Considération » pour les victimes des essais, « défense de la culture polynésienne »… Les termes employés sont plutôt timorés mais tranchent tout de même avec les prises de positions habituelles de l’ancien journaliste, dont les sorties sur l’immigration, le communautarisme ou une supposée « guerre d’extermination de l’homme blanc » lui ont valu de nombreux procès, et des condamnations, notamment pour provocation à la haine raciale. Enfin, l’accord  se clôt sur un point concernant l’évolution institutionnelle du Pays, chère à Tauhiti Nena, intitulé « que la Polynésie devienne un état associé ». Le nostalgique revendiqué de l’empire français serait prêt à pousser la Polynésie vers la souveraineté ? Les termes de l’engagement restent là aussi, bien vagues : « ouverture de discussions sur les modalités d’associations entre l’État et les Polynésiens« .

Nena habitué des soutiens à droite… et des revirements

Mais Tauhiti Nena, qui semble surtout vouloir miser sur un concurrent sérieux dans la course à l’Elysée, n’en est pas à sa première surprise en matière de politique nationale. S’il avait bénéficié, en 2014, du soutien du groupe socialiste à l’Assemblée dans sa campagne législative, le candidat avait basculé à droite de l’échiquier dès 2016. Un temps opposant affirmé à Nicolas Sarkozy, c’est à un de ces anciens ministre que leader du Tau Hoturau avait apporté son soutien : Bruno Le Maire. Mauvais cheval et score faible à la primaire des Républicains : c’est donc vers François Fillon que portera son soutien pour la présidentielle de 2017. Et ce même s’il « ne partageait pas totalement la vision du colonialisme » de l’ancien Premier ministre conservateur. À quelques semaines de l’élection, pourtant, c’est du mouvement En Marche! que l’élu se rapproche… Avant d’annoncer donc son soutien à Emmanuel Macron. Tauhiti Nena, qui a remercié dans un communiqué Maxette Pirbakas (eurodéputée Rassemblement national, qui a rejoint Reconquêtes! au début du mois) pour ses « connexions » à Paris, devrait en dire plus sur les raisons de ce soutien croisé lors de la conférence de lancement de Hau Maohi Ti’ama, ce samedi.

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