A l’issue de trois jours de visite pour lancer les réunions bilatérales avec les indépendantistes d’une part et les non indépendantistes d’autre part, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a annoncé la venue du président de la République sur l’archipel cet été. Gérald Darmanin a rejoint Paris ce lundi avec un accord sur le calendrier et la méthode de travail sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Un sujet de notre partenaire Outremers360°.
« L’État a tendu la main, a proposé un calendrier, une méthode de travail et des principes, et je crois que cette main a été serrée par les membres du FLNKS, par les non indépendantistes » a conclu le ministre Gérald Darmanin, à l’issue de cette visite de trois jours sur l’archipel, accompagné par le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco, qui lui a poursuivi sa visite à Wallis et Futuna.
Interrogé par nos confrères de Nouvelle-Calédonie La 1ère, Gérald Darmanin a détaillé ce calendrier : une prochaine réunion à Paris au mois d’avril, toujours en bilatérale, pour « rencontrer les ministres, la Première ministre pour pouvoir discuter de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, donner des certitudes à tous les Calédoniens et de la perspective à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie ». Interrogé par Le Figaro, Gérald Darmanin assure que les indépendantistes accepteront l’invitation à cette réunion, qui sera émise par Élisabeth Borne.
À la suite de cette rencontre, le ministre espère une trilatérale, c’est-à-dire une réunion rassemblant, autour de la même table, indépendantistes, non indépendantistes et État, à Paris ou à Nouméa, au mois de mai, mois durant lequel Gérald Darmanin et Jean-François Carenco doivent retourner en Nouvelle-Calédonie, avant une visite d’Emmanuel Macron cet été.
Par la suite, les partenaires sur l’avenir institutionnel calédonien auront « cinq mois de travail intense » avant l’échéance capitale fixée le chef de l’État : la réforme constitutionnelle qu’Emmanuel Macron souhaite ouvrir début 2024. En attendant, Gérald Darmanin a évoqué tous les objectifs à atteindre pour l’avenir calédonien : « définir ce qu’est le droit à l’autodétermination tel qu’il est prévu dans la Constitution française pour tous les peuples d’Outre-mer » et « quand peut-on l’exercer » ; ou encore mettre en place le « projet économique, culturel, social, climatique et réfléchir aux institutions ».
« Les Calédoniens ont tranché, ils ont choisi de rester dans la France » a une nouvelle fois insisté le ministre, alors que les indépendantistes visaient il y a quelques semaines un accord politique sur l’accession de l’archipel à la pleine souveraineté. Pour le ministre, « il s’agit désormais d’avoir un projet de Nouvelle-Calédonie dans la France en respectant sa grande autonomie, en voyant si on peut donner des compétences nouvelles aux institutions de la Nouvelle-Calédonie, se poser d’ailleurs la question de savoir si ces Institutions fonctionnent correctement et en garantissant le droit à l’autodétermination ».
Corps électoral : « dégelé » mais pas d’« ouverture générale »
L’autre sujet sur lequel il faudra arriver à un accord : celui du corps électoral spécial pour les élections provinciales. Celui-ci est restreint, tout comme le corps électoral référendaire, et fermé aux personnes arrivées sur l’archipel après 1998. A un an des échéances provinciales de mai 2024, les non indépendantistes demandent son ouverture, à laquelle les indépendantistes sont opposés. Gérald Darmanin martèle : les provinciales se tiendront avec un corps électoral modifié à l’issue d’un « accord politique ».
« Nous tiendrons les élections à l’heure, en mai 2024, avec un corps électoral qui sera modifié pour permettre aux gens qui sont là depuis très longtemps (depuis 1998, ndlr) de pouvoir voter », a insisté le ministre, tout en tempérant : « Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, nous recherchons un accord notamment avec les indépendantistes » avant l’été, a-t-il espéré. En cas de non-accord, « le gouvernement prendra ses responsabilités », conformément au « droit constitutionnel et européen », c’est-à-dire sans aucune restriction, à l’instar des scrutins nationaux et communaux.
« Ce corps électoral doit être dégelé » a encore poursuivi le ministre, se disant toutefois « pas favorable à l’ouverture générale ». Dans ce qui pourrait être un accord politique sur le corps électoral, Gérald Darmanin souhaite fixer le nombre d’années de présence nécessaire sur le territoire calédonien pour pouvoir voter. « Nous devons dessiner ensemble ce projet dans la trajectoire dessinée par l’Accord de Nouméa en respectant tout le monde », a-t-il ajouté.
Stratégie nickel avant décembre
Sur le nickel, Gérald Darmanin a une nouvelle fois insisté sur le nécessité d’élaborer une stratégie industrielle calédonienne et un « new deal » autour du minerai, dont la Nouvelle-Calédonie possède 25% des réserves mondiales. Et alors que l’État a versé près de 2 milliards d’euros à la filière en moins de six ans, il « ne pourra pas continuer à verser de l’argent sans que l’on réfléchisse à une véritable stratégie nickel », a répété le ministre, qui énumère « trois grands sujets » pour le nickel : les usines, notamment leurs fonctionnements, leurs procédés industriels et leurs difficultés ; les énergies, pour l’heure coûteuses et peu vertueuses ; et ce que le nickel rapporte à la Nouvelle-Calédonie en termes de recettes fiscales.
Et alors qu’une mission de l’inspection générale des finances arrive ce 8 mars pour faire un audit et dresser des perspectives pour la filière, Gérald Darmanin fixe l’élaboration de cette nouvelle stratégie industrielle, qui doit entres autres permettre aux « richesses du nickel de redescendre directement en Nouvelle-Calédonie », à décembre. Juste avant de rejoindre Paris, Gérald Darmanin participait à un Groupe de travail des présidents d’exécutifs (GTPE) à Koné, rassemblant notamment Sonia Backès, présidente de la province Sud, et Paul Néaoutyine, son homologue du Nord. Les provinces ont la compétence sur le nickel calédonien.
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