ACTUS LOCALESTRANSPORTS Bathyscaphes, grue, robots sous-marins… Un navire « couteau-suisse » bientôt au fenua Charlie Réné 2024-04-14 14 Avr 2024 Charlie Réné Le baliseur Chef-de-Baie, livré en 2020 et basé à La Rochelle, fait partie de la dernière génération de navire des Phares et balises. Le Teremoana devrait reprendre certaines de ses caractéristiques, mais sera en plus équipé d'un grand portique, servant, entre autres à mettre à l'eau les bathyscaphes. ©SPB Richard Bailey veut faire construire, dans un chantier local, un navire « multi-missions » de 25 mètres de long inspiré des baliseurs français les plus modernes. En plus de sa grue, de son portique ou son treuil, le Teremoana sera capable de lancer deux bathyscaphes, des sous-marins habités taillés pour les abysses, et d’opérer des drones aquatiques (Rov). De quoi effectuer des travaux de surface – pose ou entretien de bouées, par exemple – aussi bien que des chantiers en profondeur, sur des câbles ou des Swac. Surtout, ce navire, espéré pour la fin 2025, est un outil rêvé pour la recherche océanographique en Polynésie. Teremoana : c’est le nom du projet développé depuis de longs mois déjà par les équipes de Richard Bailey. Des premiers Swac de Polynésie au Blue climate Summit de 2022, en passant par les divers programmes de la Tetiaroa Society, le patron de Pacific Beachcomber – groupe qui rassemble les hôtels Intercontinental, les Maitai et le Brando – est depuis longtemps investi dans les questions maritimes, de recherches ou d’écologie. Il s’agit de s’engager encore un peu plus sur cette voie, grâce, cette fois, à un navire de 25 mètres, qui pourrait sortir d’ici moins de deux ans des chantiers de Nautisports Industries (NSI), à la Presqu’île. C’est d’ailleurs ensemble qu’un représentant de Richard Bailey, Bruno Chevallereau, et le gérant de NSI Hervé Driano, ont rencontré, la semaine passée, le ministre des Finances Tevaiti Pomare pour une présentation officielle du projet. Ses promoteurs n’en sont pas à leurs premières discussions : ils avaient déjà approché la direction de l’Équipement, les Affaires maritimes, des organismes de recherche ou des entreprises en charge des réseaux de télécommunication… À chaque fois le même message : le Teremoana a de quoi les intéresser. De la surface à 1000 mètres plus bas Il faut dire que le navire a des capacités qu’on ne retrouve sur aucun autre bâtiment en Polynésie. « Grue de pont de 18t/m, portique arrière de 10 tonnes, un treuil de remorquage supportant 12 tonnes », liste le ministère des Finances dans un communiqué. Cette « unité polyvalente de type baliseur multi-missions », inspiré de la toute dernière génération de baliseurs côtiers récemment acquis par le service des Phares et balises français, pourra, surtout, mettre en œuvre deux bathyscaphes. Des sous-marins habitables conçus pour descendre dans les abysses plus que pour naviguer à l’horizontal et capable d’atteindre les 1000 mètres de profondeur. Le Teremoana sera aussi équipé pour actionner des ROV, ces drones des mers, conçus pour faire de l’acquisition d’information, des prélèvements ou des interventions sous-marines très précises. Des ébauches de plans du Teremoana, avec les bathyscaphes qu’il pourra opérer. ©PBSC Un bateau « couteau-suisse » donc, qui permettrait de mener des missions de travaux ou de maintenance maritimes à la surface – pour poser ou entretenir les bouées et balises notamment – autant que lancer des opérations sous-marine, pour des poses de canalisation, de l’entretien de Swac ou de câble. Son faible tirant d’eau devrait en outre lui permettre d’entrer dans beaucoup de lagons aujourd’hui inatteignables par les navires à grand rayon d’action, par exemple pour des missions de dépollution. Mais surtout, le Teremoana a été pensé pour mener des missions de recherches océanographiques en eau profonde, qui bute, aujourd’hui, sur la manque d’embarcation adaptée au fenua. Un atour majeur, à l’heure où le Pays discute du potentiel de ses monts sous-marins, cherche à comprendre le fonctionnement des écosystème de sa ZEE, afin de les préserver ou de valoriser au mieux ses ressources, et s’interroge sur la géologie des sous-sols marins. Lancement fin 2025 ? Les promoteurs du projet sont bien sûr à la recherche de financements, aides ou contrats, auprès des autorités publiques, pour accompagner sa concrétisation. Et les responsables de PBSC se disent résolus à avancer. Les architectes, choisis car ils avaient déjà travaillé sur des baliseurs modernes français, ont déjà livré certains plans. Une fois la commande signée, il faudra compter 6 mois d’étude et 12 à 15 mois de chantier… Le navire de 25 mètres, destiné à être rattaché à la petite flotte de la compagnie Transport Maritime de Tetiaroa, pourrait ainsi naviguer dans les eaux polynésiennes dès « la fin 2025 ». Un navire baliseur français en pleine opération de renouvellement des équipements de signalisation maritime. ©SPB Du côté du Pays, on semble avoir reçu l’idée avec enthousiasme : Tevaiti Pomare a « encouragé les porteurs de projet à rencontrer l’ensemble des professionnels susceptibles d’être intéressés et a indiqué que le dossier serait mis à l’étude pour entrevoir les possibilités de soutenir ce projet qui sera réalisé localement ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)