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Bettencourt: pas d'abus de faiblesse, juste la volonté d'une femme libre, plaide la défense

Bordeaux (AFP) – Au dernier jour du procès en appel à Bordeaux, les avocats de François-Marie Banier et de son compagnon ont affirmé mardi que Liliane Bettencourt avait « consenti librement » à ces dons colossaux que la justice reproche aux prévenus d’avoir obtenu en abusant de sa vulnérabilité, sur fond de conflit familial.

« La seule question, c’est celle du consentement: Liliane Bettencourt a-t-elle consenti librement les actes reprochés à François-Marie Banier ou non ? », a résumé Pierre Cornut-Gentille, un des avocats du photographe, au début de sa plaidoirie devant la cour d’appel de Bordeaux, qui rendra son arrêt le 24 août à 14H00. 

En première instance, M. Banier, 68 ans, avait été condamné l’an dernier à la plus lourde peine: trois ans de prison, dont six mois avec sursis, et 350.000 euros d’amende. 

Comme l’an dernier, Me Cornut-Gentille a rappelé comment son client avait été le premier à reconnaître Liliane Bettencourt « pour ce qu’elle était » et pas seulement « comme la fille du fondateur de L’Oréal » ou « la femme la plus riche de France ».

« Les contraintes mondaines, la vie des affaires, la vie politique lui pesaient, elle était en représentation. Et la vie familiale, quelle tristesse… », a souligné l’avocat. Et voilà que « déboule dans cette vie un demi-fou, un type fêlé, qui fait voler tout cela en éclats et bouscule les conventions ». 

Mais Me Cornut-Gentille va, cette fois, plus loin pour tenter d’éclairer la relation nouée entre la richissime vieille dame et l’artiste, poursuivi pour avoir bénéficié entre 2006 et 2010, de centaines de millions d’euros en contrats d’assurance-vie et oeuvres d’art. « Lorsque naît cette amitié, elle va mal » et le photographe, certes « immature » mais pas « tartuffe, « lui redonne goût à la vie », rappelle-t-il. 

S’appuyant non seulement sur la correspondance échangée entre l’artiste et la milliardaire, mais aussi sur les notes personnelles du photographe, l’avocat souligne le « triangle névrotique à la base de cette affaire »: François-Marie Banier longtemps battu par son père et que sa mère n’a jamais défendu, Liliane Bettencourt qui n’a quasiment pas connu sa mère, morte quand elle avait cinq ans, et la relation conflictuelle entre la milliardaire et sa propre fille, Françoise Meyers.

Mme Meyers, à l’origine de la procédure en 2007 et partie civile au procès, « pense, qu’en déposant plainte, elle va guérir… », glisse l’avocat. 

– « Une tragédie grecque » –

Pour Laurent Merlet, autre avocat de François-Marie Banier, ce dossier n’est d’ailleurs rien d’autre qu' »une affaire de succession qui a mal tourné ». Assurant n’avoir « jamais vu un dossier où il y a autant de traces de la volonté de la présumée victime… », il plaide la relaxe pour le photographe.

Quant à Richard Malka, l’avocat de Martin d’Orgeval, 42 ans, compagnon de l’artiste condamné en première instance à 18 mois de prison avec sursis et 150.000 euros d’amende pour des dons estimés à trois millions d’euros, il ironise sur ces parties civiles qui ont « décidé que la famille Bettencourt, c’était un conte de fées avant l’arrivée du méchant Banier ».

Mais « Liliane Bettencourt n’aime pas son gendre » Jean-Pierre Meyers. « C’est une tragédie grecque, c’est les Atrides, ils se dévorent entre eux ! » lance-t-il. 

« On peut comprendre que Liliane Bettencourt ait eu envie, après avoir beaucoup donné à sa fille et payé les droits fiscaux, de donner à d’autres », souligne l’avocat. Et « ne peut-on pas admettre que François-Marie Banier ait été l’instrument de sa guerre » contre sa fille ? demande-t-il, plaidant la relaxe. 

Et surtout, la preuve que ces dons et libéralités reflétaient bien le libre choix de la milliardaire, c’est « vingt ans de silence »: « jamais il n’y a eu un regret d’avoir donné ».

Quatre prévenus étaient jugés en appel depuis le 10 mai dans ce dossier: outre MM. Banier et d’Orgeval, l’avocat Pascal Wilhelm et le notaire Patrice Bonduelle. Deux prévenus, dont l’ex-ministre Eric Woerth, ont été relaxés en première instance. Trois autres n’ont pas fait appel, un dernier est décédé. 

Le photographe français François-Marie Banier quitte le tribunal de Bordeaux, le 23 mai 2016. © AFP

© AFP GEORGES GOBET
Le photographe français François-Marie Banier quitte le tribunal de Bordeaux, le 23 mai 2016

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