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Bientôt des voies réservées aux bus entre Tipaerui et Erima


Après les pistes cyclables, le Pays lance un autre grand chantier dans
la zone urbaine : les voies réservées aux transports en commun. La direction des Transports terrestres cherche d’ores et déjà  un maitre d’œuvre pour programmer et mener les travaux qui doivent s’étendre de 2025 à 2028 entre l’entrée de Papeete à Arue. Le centre ville sera la première zone traversée par ces couloirs de bus, circulant parfois à contre-sens des voitures, et, sur d’autres portions, en sens alternés suivant les moments de la journée.

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Moins « d’autosolisme » – le fait de rouler seul en voiture – et davantage de transports en commun. Voilà l’objectif affiché par la Direction des Transports terrestres dans l’important avis d’appel public à la concurrence lancé début aout à propos des voies de bus de la zone urbaine. Il ne s’agit pour l’instant que de la mission de maîtrise d’œuvre, et elle ne concerne que l’Est de l’agglomération, à Papeete, Pirae et Arue, mais le chantier, discuté depuis des années si ce n’est des décennies, et désormais porté par le ministère des Grands travaux de Jordy Chan, est bien sur les rails. Et il n’est pas isolé, puisque la Direction de l’Équipement, a lancé voilà un mois, et sous la tutelle du même ministre, un autre marché qui doit permettre aux cyclistes de relier le front de mer au camp d’Arue. Les « transports alternatifs » ont décidemment la cote de ce côté de la capitale.

Voies latérales ou voies centrales, parfois en circulation alternée 

L’idée générale des deux projets est la même : rendre plus sûrs, plus pratiques et plus rapides les modes de transports les moins encombrants et les moins polluants. Mais les réseaux, eux, et malgré quelques kilomètres en commun, sont bien distincts. La première grande piste cyclable prévu par l’Équipement entre Papeete et Arue, sera ainsi tracée, d’ici 2026, en bordure de l’avenue Prince Hinoi, puis, côté Pirae, le long de l’avenue du général de Gaulle, passant les ronds points Gadiot, Taaone et Aorai,- qui doivent d’ailleurs être supprimés. L’itinéraire sera à terme complété par une voie réservée aux vélos sur le front de mer de Papeete jusqu’à Faa’a, qui a déjà ses propres pistes.

Les voies de bus, elles s’installeront davantage côté montagne, comme l’avait déjà suggéré une pré-étude commandée ces derniers mois au spécialiste international de la mobilité publique Transamo. Vu la complexité de la zone – les nombres de voies varient beaucoup, certains passages sont aujourd’hui à sens unique, l’emprise de la route n’est souvent pas extensible – impossible de réaliser un ouvrage unique et cohérent tout au long du parcours. Les voies réservées, seront ainsi soient latérales (côté trottoir) soient centrales (entre les deux voies de circulation), aménagées dans les deux sens, dans un seul ou même à circulation alternée en fonction des horaires. Elles seront parfois ouvertes aux vélos ou seulement aux transports d’urgence… Une collection de solutions qui reflète la complexité du chantier.

Quatre tronçons, dont un à contre-sens des voitures

Le marché de maîtrise d’œuvre qui vient d’être lancé concerne ainsi quatre tronçons reliant l’entrée de Papeete, côté Faa’a au rond d’Erima à Arue :

Le futur maître d’œuvre devra donc confirmer les choix qui ont été faits sur ces portions. Et pour affiner au mieux les ouvrages et programmer les travaux, il aura une foule de questions à prendre en compte : les conséquences des suppressions ou rétrécissements de voies sur le flux de voitures, le positionnements des arrêts et des quais pour les voyageurs, le niveau de priorité des bus, voitures cyclistes et piétons aux intersections, l’état des voiries dont certaines doivent être reprises et d’autres simplement équipées, les questions de réseaux, d’emprises foncières… Une vaste réflexion qui doit durer au total trois ans. Ce qui n’empêchera pas les tronçons les moins complexes à commencer à être aménagés dès septembre 2025. À cette date, la circulation devrait être perturbée pour plusieurs mois dans la zone, à commencer par le centre-ville de Papeete.

La traversée du centre-ville dès 2026

Dans les faits, ce trajet d’un peu plus de 7 kilomètres de voies réservées, que le transports en commun prennent parfois plus de 45 minutes à parcourir aujourd’hui, ne sera pas réalisé en un seul temps. Son aménagement est non seulement lié aux « pôle d’échange multimodaux » et gares routières qui doivent être créés tout au long du parcours – et qui ne sont pas concernés par ce marché – mais leur niveau de complexité est aussi très différent. Étonnamment, c’est la portion reliant la rue Cook à Mamao, en passant par Paofai et le centre-ville qui est la plus facile à réaliser.

Dans un planning présenté en Conseil des ministres, Jordy Chan a daté la mise en service des 2,6 kilomètres de voies de bus sur ce tronçon à la mi-2026. Pas beaucoup plus de complexité pour le trajet Mamao – Tefaatau (l’intersection qui mène à l’hippodrome de Pirae), prévu pour fin 2026 selon ce calendrier, qui sera probablement amené à évoluer. En revanche, il faudra attendre au moins 2028 pour voir ces voies réservées atteindre le camp d’Arue et le rond-point d’Erima. Et 2029 pour que soit équipée la zone de Tipaerui.



Une voie de bus et de covoiturage sur la RDO

L’objectif du gouvernement n’est bien sûr pas d’en rester à ce tronçon Papeete – Arue. La zone urbaine, à laquelle sont liés 9 trajets sur 10 effectués sur l’île de Tahiti, est entièrement concernée par ce projet qui ne fait que préfigurer le réel objectif, annoncé dans le programme de campagne du Tavini en 2023. Il s’agit de la création d’un réseau de Transport en commun en site propre (TCSP), entièrement séparé des voies de circulation classique, et accueillant potentiellement des bus à hydrogène. Les voies de bus seraient une « étape importante » avant ce TCSP, de même que les pistes cyclables. Le gouvernement mise aussi, toujours pour décongestionner la zone urbaine, sur le covoiturage avec son financement de l’application Wigo, déjà opérationnelle et qui sera officiellement lancée d’ici quelques jours, la décentralisation, l’étalement des rythmes administratifs et scolaires… Et bien sûr l’amélioration de la qualité du réseau de bus lui-même, qui laisse toujours à désirer.

Après les voies de bus Papeete – Arue, seront donc étudiées d’autres voies réservées du côté de Faa’a. Le Pays table à l’heure actuelle sur une voie réservée au bus et au covoiturage sur la RDO dans le sens Punauiaa – Papeete d’ici 2027. Pas si difficile à faire, contrairement à la voie bidirectionnelle accueillant aussi les vélos qui est prévue, à l’horizon 2029/2030 sur l’avenue Nelson Mandela jusqu’au parc Vairai. Plus loin vers Punaauia, 7,4 kilomètres de voies en plus pourraient être envisagés d’ici 2028, mais le projet est encore « hypothétique ». Comme d’ailleurs les 6,7 kilomètres de voies de bus axiales imaginées entre le rond-point d’Erima et Mahinarama, qui ne verront quoiqu’il arrive pas le jour avant 2029.