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Déjà en chantier, l’Aranoa veut « révéler le potentiel » des Australes

Le petit frère de l’Aranui V, dont la construction a débutée, doit lancer sa desserte des Australes dès la fin 2025. Avec ses 115 mètres et ses 99 membres d’équipage, le navire à 7,5 milliards de francs devancera de quelques mois le Na Hiro e Pae, autre cargo mixte qui met le cap sur l’archipel du Sud. Deux bateaux concurrents mais « complémentaires » assure l’armateur, qui promet des approvisionnements plus réguliers, et un développement touristique « concerté ». L’Aranoa prévoit aussi de relier directement les Australes aux Raromatai et d’aider l’Aranui sur les grands évènements ou les croisières spéciales dans le triangle polynésien.

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La famille s’agrandit chez Aranui. La Compagnie polynésienne de transport maritime (CPTM), qui exploite le cargo-mixte sur la route des Tuamotu et des Marquises, avait depuis longtemps annoncé son projet de faire construire un nouveau bateau. Le projet était d’abord d’offrir à l’Aranui V un grand frère : un paquebot de 149 mètres et 140 cabines uniquement destiné à la croisière. Cet « Aramana » avait même commencé à être travaillé dans un chantier naval chinois, avant que le Covid ne bouleverse le monde entier, et le secteur maritime en particulier. « Notre activité a été touchée. Celle de la croisière, au niveau mondiale, a été paralysée, se souvient Philippe Wong, le président de la CPTM. On a réussi à mettre le chantier en stand-by, une année, puis une deuxième… Et dans le même temps, on a repensé le projet ».

« Les Australes ont besoin d’un deuxième opérateur »

Repensé au regard des nouveaux coûts de la construction maritime, mais aussi des enseignements de la pandémie : l’activité de fret est une bouée de sauvetage en l’absence de passagers, et l’alliance des deux activités, qui permet une croisière plus « connectée » avec le pays, continue de charmer les clients européens. Retour, donc, à l’ADN de la compagnie : le nouveau cargo sera finalement mixte et sera plus petit – 117 mètres contre 125 pour l’Aranui et neuf ponts au lieu de 10 – pour rester dans les coûts envisagés avant crise. 7,5 milliards de francs, voilà le nouveau devis. Le chantier naval joue le jeu, transfert les acomptes déjà versés sur le nouveau projet, au passage rebaptisé Aranoa, et réserve une place de choix au navire sur des carnets de commande qui débordent. La construction a commencer depuis septembre à Qingdao et la quille devrait être posée dès le deuxième trimestre 2024.

Mais qui dit cargo mixte dit autorisation, puisque le transport de fret interîles est soigneusement géré par les autorités du Pays. La CPTM avait déjà choisie une cible prioritaire : les Australes, pour lesquelles elle a obtenu un feu vert de desserte l’année dernière. Pourquoi cet archipel ? D’abord du fait de son potentiel touristique largement sous-exploité. Les îles hautes et basses permettent des balades sur les plages de sable blanc, des activités nautiques autant que des sorties 4×4 et des randonnées en montagne ou en forêt. S’ajoute une une culture vivante, et qui ne demande qu’à s’exprimer davantage, comme l’a montré le récent redémarrage du festival des Tuha’a Pae… « Il y a une vraie volonté des habitants et des autorités de faire découvrir leurs îles, leur culture », prend Philippe Wong.

Et de développer leur activité économique et touristique : « c’est déjà ce qu’on fait aux Marquises avec l’Aranui », complète le dirigeant. Repas et activités à terre, vente d’artisanat, voyageurs s’arrêtant dans le pensions locales, tarifs de fret étudiés pour « encourager le développement de l’offre de transport »… « On peut vraiment aider à révéler le potentiel des Australes », précise-t-il, chiffrant à 120 millions de francs par an les retombées de la seule activité de croisière sur les cinq îles. À ceux, notamment les « sages » de Rapa, qui veillent à ce que le tourisme ne perturbe pas la vie locale, Philippe Wong se veut rassurant : « Tout se fera dans la discussions, tout sera modulable ».

Davantage orienté vers la croisière

Côté développement, les Australes peuvent aussi compter sur un autre projet, présenté à Radio1 il y a quelques jours : le Na Hiro e Pae. La SDA prévoit que cet autre cargo-mixte, qui brille par ses qualités environnementales inédites au fenua, prenne la relève du Tuha’a Pae IV sur sa desserte à la mi-2026. La concurrence risque-t-elle d’handicaper les deux sociétés ? Non, estiment les fondateurs de l’Aranui qui assurent les deux projets peuvent coexister, et « vont même se compléter », notamment sur la partie fret. « Les Australes ont besoin d’un deuxième opérateur pour que le transport de marchandises se fasse plus facilement, qu’il y ait plus de date d’escales dans les îles, pour la population, les magasins, mais aussi les projets qui demandent une programmation précise des approvisionnements », explique le responsable.

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L’Aranoa, ses 800 tonnes de capacités de fret (soit 56 conteneurs de 20 pieds) et ses cuves à hydrocarbures de 400 000 litres, sera tout de même plus orienté vers la croisière que son concurrent. Et sa conception s’en ressent : le navire, qui reprend les formes de l’Aranui V, disposera de stabilisateurs nouvelle génération, d’un système de positionnement dynamique par satellite, comme les navires câbliers, pour être plus stable dans les phases d’embarquement et de débarquement par sa « marina » arrière… De générateurs électriques aussi, pour gagner en souplesse sur l’utilisation des moteurs, faire baisser du bruit et pouvoir basculer, quand Papeete sera alimenté, en biocarburant, comme le Na Hiro e Pae. Le navire est aussi équipé d’une propulsion azimutale qui confère « beaucoup plus de manœuvrabilité et de confort de pilotage » au bateau. Pour remplir ses 88 cabines, avec ou sans balcon, et allant de 15 à 33 mètres carrés, il pourra compter sur le réseau de vente et la clientèle fidélisé par son grand frère.

S’ajoutent trois dortoirs pour les résidents en transit, soit 200 passagers au total, pour 99 membres d’équipage, et un « niveau de prestation qui correspond à celui de l’Aranui V », avec deux restaurants, deux bars, deux jacuzzis extérieur, un spa, une salle de sport et des salles et decks d’activité. Contrairement au cargo-mixte construit par la SNA, le tirant d’eau de l’Aranoa ne passera pas sous les 5 mètres, ce qui lui interdit, par exemple, de se mettre à quai à Tubuai. « Pour l’instant », précise Philippe Wong, qui a interpellé les autorités en pleine réflexion sur les équipements de cette île et qui pourrait, plus tard, travailler sur l’accès à Raivavae.

Les Raromatai sur le circuit… Et le triangle polynésien à l’esprit

La licence d’exploitation délivrée par le gouvernement fixe une desserte minimum des Australes de 16 escales par an. La compagnie, elle, en assure « 18 au minimum dans chaque îles » et prévoit de compléter son circuit par un passage par les Raromatai avant le retour à Tahiti. Une opportunités pour les touristes à bord, pour les résidents navigant entre les deux archipels, mais surtout pour les produits frais des Australes. « On peut imaginer avoir des letchis des Australes aux îles Sous-le-Vent en décembre, avoir de la carotte de la pomme de terre dans les grands hôtels, j’imagine aussi que la production de fleur va être relancée… reprend le dirigeant. Tout un potentiel, et l’opportunité d’avoir un transport pas seulement pendulaire entre Papeete et les îles, mais aussi entre les archipels qui ne sont pas très loin : il suffit de faire un détour ».

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Et des détours ce futur Aranoa devrait en faire d’autres, puisqu’il prêtera main forte à l’Aranui sur les croisières spéciales de Pitcairn, des Cook et pourquoi pas d’autres destinations polynésiennes à l’avenir. Le cargo mixte devrait aussi être déployé, en même temps que son grand frère, sur des grands évènement comme le festival des australes, ou celui des Marquises qui débute d’ailleurs samedi à Nuku Hiva. Calendrier de lancement : fin 2025. Quelques mois, donc, avant le Na hiro e Pae.