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Bientôt un réseau de ressourceries en Polynésie ?

Collecter des objets inutiles ou usagés, revendre des appareils reconditionnés ou des pièces détachées… Et au final, moins jeter. C’est le principe des ressourceries, de plus en plus nombreuses en métropole, et encore rares au fenua. Pourtant, vu le coût financier et environnemental de la prise en charge des déchets électroniques ou électroménager, la Polynésie aurait tout intérêt à se doter d’un vrai réseau de ressourceries. C’est ce que défend Moea Pereyre, à la tête de l’association Tia’i Fenua, qui organise déjà les ateliers de réparation Tātā’i. Reste à convaincre le Pays de s’emparer du projet.

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Mercredi dernier, Moea Pereyre a rencontré Éliane Tevahitua, vice-présidente, Vannina Crolas, ministre du Travail, et une représentante du ministère de l’Éducation. La cofondatrice de l’association Tia’i Fenua et représentante au Cesec de la Fape leur a présenté un projet de réseau de ressourceries, de lieux de collecte, de revalorisation, de réparation et de réutilisation d’objets usagés. L’idée est d’ouvrir plusieurs ressourceries dans les îles et dans les communes de Tahiti, ainsi que d’avoir une « ressourcerie mère » capable d’alimenter tout le réseau en matériel.

« Par exemple, Rangiroa pourrait contacter Tahiti pour avoir une courroie de machine à laver reconditionnée si elle n’en a pas sur place », explique Moea Pereyre. « Il nous faudrait, pour fonctionner a minima, des ressourceries dans les archipels car c’est là qu’est le besoin immédiat. Aujourd’hui dans les îles, quand on a quelque chose qui tombe en panne c’est très compliqué de trouver des pièces… Et c’est surtout que tout est enterré ou brûlé, ce qui est une catastrophe environnementale. »

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La ressourcerie de Rangiroa : un fonctionnement limité

Les ressourceries, déjà 300 en France font partie d’un réseau national, permettent aux particuliers de déposer des objets usagés, en panne, inutilisés, de l’électroménager comme de l’électronique… Bref, des lieux qui offrent une alternative à la poubelle et aussi une alternative aux magasins car on peut y trouver des appareils reconditionnés, moins chers, ou des pièces prêtes à l’emploi. En Polynésie, la ressourcerie de Rangiroa fonctionne mais pas au niveau espéré par l’association. Aujourd’hui, la commune a repris le projet mais ne propose que du démantèlement, du tri et du rapatriement. Ce qui déjà a permis de réduire de quatre fois le volume des déchets encombrants.

Mais Moea Pereyre espérait créer une véritable ressourcerie avec l’activité de réparation seulement l’enveloppe budgétaire promise par le pays n’est jamais arrivée. Les élections sont passées par là… Agréée « Structure d’insertion sociale par l’activité économique » par le gouvernement Fritch avec sept autres structures, ce dispositif a été abandonné par le gouvernement Brotherson qui n’a pas donné de réponse quant aux subventions prévues avec l’agrément : « On ne sait pas où est passée cette enveloppe. Ils nous parlent d’un vide juridique », soupire Moea Pereyre. Rangiroa n’a donc pas pu aller au bout du projet.

Baisser le volume des déchets

Sur Bora Bora, c’est une autre association qui a pris le relais, formée par Tia’i Fenua, et gère aujourd’hui la ressourcerie de l’île qui fonctionne, portée par la commune et subventionnée par le Pays. Et enfin, Arue et Mahina sont également en train de travailler avec l’association pour ouvrir bientôt leur propre structure. Mais Moea Pereyre veut aller plus loin et mettre en place d’autres lieux, fonctionnant en réseau, et surtout former des personnes.

Les ressourceries « permettraient d’arrêter d’enfouir nos déchets ou de les exporter. Aujourd’hui, le CET de Paihoro est pratiquement plein, on voit les montagnes de déchets. Le syndicat Fenua Ma estime à dix ans la durée de vie, ça veut dire que dans dix ans il faudra chercher un autre lieu pour enfouir nos déchets. Déjà qu’on a du mal à se loger aujourd’hui… Il faut se poser la question de ce qu’on veut laisser à nos enfants : une île de déchets ou une île tout court et pouvoir nous loger. »

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Création d’emplois et nouvelle filière économique à la clef

Une ressourcerie ce n’est pas qu’une question environnementale, cela répond également à des enjeux sociaux et économiques, comme la montée en compétences de personnes éloignées de l’emploi avec l’accès à des certifications et la création d’emplois en lien avec la réparation et la revalorisation d’équipements. Il faut donc aujourd’hui créer ces formations, avec les diplômes attachés, pour avoir des réparateurs pour ces futures ressourceries. « Nous sommes accompagnés par le réseau national des ressourceries qui est en mesure de délivrer des diplômes niveau 3 et 4, niveau Bac et CAP. »

Technicien valoriste du réemploi ou encore agent valoriste des biens de consommation courante sont le genre de formations et diplômes que Moea Pereyre souhaite voir mis en place au fenua. Seulement il faut les contextualiser à la Polynésie française où les pannes ne sont pas les mêmes que dans l’hexagone. « Cette partie ingénierie de la formation ne peut pas être portée par une association, il faut des moyens humains et financiers. L’idée de cette réunion de mercredi était de proposer au pays de porter ce projet officiellement. Si le Pays veut répondre aux ambitions du plan climat de la Polynésie française et du nouveau schéma territorial de gestion de déchets, il va falloir mettre en place les moyens nécessaires. »

Aujourd’hui, 170 tonnes d’encombrants sont expédiés de Tahiti vers les filières adaptées du recyclage, ce qui coûte cher au Pays, Moea Pereyre espère voir une partie ou tout de cette ligne budgétaire revenir aux ressourceries, avec, à la clef, la création d’emplois, la rationalisation de l’export au recyclage et la baisse de l’enfouissement des déchets. Déjà, les ateliers Tātā’i organisés une fois par mois sur différentes communes ont permis de réduire de 5 tonnes le volume de déchets en 2023.