ACTUS LOCALESÉCONOMIE Bière, jus, sodas… La Brasserie de Tahiti arrête sa production « pour une durée indéterminée » Charlie Réné 2020-04-13 13 Avr 2020 Charlie Réné © Cédric Valax La Brasserie de Tahiti a arrêté toute sa production de bière, jus de fruits, boissons gazeuses, et même la mise en bouteille de l’Eau Royale, en fin de semaine dernière. Il s’agit pour l’entreprise, une des plus importantes du territoire, de limiter les pertes d’exploitation en cette période de confinement doublée d’une interdiction de vente d’alcool. Une « hibernation » qui, si elle durait, pourrait aboutir à la suspension de beaucoup de contrats de travail parmi les quelque 400 salariés. Gilles Helme, délégué syndical A Ti’a I Mua, tire la sonnette d’alarme. Cinquième société du territoire en termes de chiffre d’affaires, la Brasserie de Tahiti fait partie des plus ébranlées par la crise actuelle. Le confinement, débuté le 21 mars, et l’interdiction de la vente d’alcool, trois jours plus tard, l’auraient privé de près de 60% de son chiffre d’affaires. L’entreprise, déjà engagée dans un effort de réduction de ses charges depuis le début de la crise, a donc annoncé, à la veille de l’annonce du prolongement de ces deux mesures, la fermeture de l’ensemble de ses lignes de production. En plus de la bière, l’usine de la Punaruu, a donc stoppé, jeudi soir, sa production de jus de fruits et de boissons gazeuses qui ne seront commercialisés que sur la base de stocks disponibles. Si la mise en bonbonne de la Premium Water (qui alimente les fontaines à eau) est maintenue, l’usine de l’Eau Royale à Arue a elle aussi stoppé son activité. Des mises à l’arrêt « pour une durée indéterminée », a annoncé la direction à son personnel, parlant d’une décision « très difficile » et qui n’a « jamais été prise dans l’histoire de la Brasserie de Tahiti ». Les congés payés avant la suspension des contrats Du côté des syndicats, pourtant, on s’attendait à une telle décision. « L’objectif, c’est de préserver les emplois », pointe ainsi Gilles Helme, délégué syndical de A Ti’a I Mua, qui se dit « en contact permanent » avec la direction. À l’entendre, une partie du personnel est aujourd’hui en télétravail ou en temps partiel, mais beaucoup d’autres, parmi les équipes techniques, ont posé leurs congés payés… Au terme desquels la brasserie suspendra les contrats. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/BRASSERIE-1.mp3 Si la crise sanitaire pèse sur les ventes de beaucoup d’entreprises du pays, la « baisse vertigineuse de l’activité » de la brasserie est surtout due à l’interdiction de la vente d’alcool, mise en place puis prorogée par le Pays pour limiter les rassemblements nocturnes et juguler les violences domestiques. Pour le syndicaliste, les autorités doivent tout de même réfléchir à un assouplissement de la règle pour éviter la suspension des contrats. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/BRASSERIE-2-vente-dalcool.mp3 Des produits pourraient être détruits à cause des dates limite de consommation La société Brasserie de Tahiti représente à elle seule près de 400 salariés – sans compter les nombreux sous-traitants – mais elle est aussi le « navire amiral » d’un des premiers groupes du pays (Plastiserd, Tahiti Sign, Polynésie Froid, Jus de fruits de Moorea, Manutea…). Pour Gilles Helme, c’est au moins 900 familles qui sont mises en danger par cette « hibernation » forcée. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/04/BRASSERIE-3-hibernation-et-groupe.mp3 La direction de la brasserie a aussi précisé que certains produits stockés dans ses entrepôts pourraient atteindre leur date limite de consommation dans les semaines à venir, et donc être détruits, faute de pouvoir être vendus. « Ça voudrait dire qu’on a produit pour rien, pointe le syndicaliste. Ça compliquerait encore la situation de l’entreprise ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Tags:coronavirus