José Thorel fait le bilan © Samia STAMBOULI
La Cour d’Appel et le Tribunal de Première instance de Papeete ont tenu ce mardi leur traditionnelle séance solennelle.
Elle a été l’occasion pour les présidents des deux tribunaux de dresser le bilan de l’année écoulée et d’annoncer les perspectives pour celle à venir. Un bilan toujours très attendu pour ce qui concerne le TPI puisqu’il permet de faire le point sur l’activité criminelle en Polynésie française.
Premier constat, les atteintes aux personnes ont augmenté de 10% dans la zone gendarmerie.
Comprenez les agressions sexuelles, les coups et blessures et les violences conjugales.
+8% de violences intrafamiliales par rapport à 2012, avec la mort de 5 femmes durant l’année écoulée.
Le procureur général l’a dit pendant son discours, il en appelle à toutes les ressources. La justice, bien sûr, « pour qu’elle soit encore plus ferme », mais aussi à « une mobilisation et une vigilance citoyenne qui a fait la preuve de son efficacité. » a précisé le Procureur général dans ses réquisitions. Car dans beaucoup de ces cas, le silence est souvent de mise chez les victimes, et surtout parmi les témoins. Concernant les violences sexuelles, on en dénombre 314 l’année dernière.
Chiffres de la sécurité routière.
Le haut-commissaire, Lionel Beffre avait communiqué en début d’année, notamment lors de ses vœux à la presse la semaine dernière une baisse de 25% de tués sur les routes du pays. Cette tendance à la baisse, se confirme dans le détail puisque 157 accidents corporels ont eu lieu sur les routes du pays, dont 27 mortels. Le procureur a d’ailleurs appelé le Pays à améliorer l’état des routes notamment en ce qui concerne « les accotements, le marquage au sol et les feux tricolores ».
Sans surprise, l’alcool et le paka sont souvent en cause lors des accidents de la route.
Le procureur prévient : tolérance zéro.
Prison de Nuutania surpeuplée. Les chiffres sont éloquents. 328% de surpopulation carcérale dans la prison de Nutania qui en fait l’une des pires prisons françaises. A ce sujet, le Procureur de la République compte bien développer le bracelet électronique pour 2014.
Une justice « archaïque » Au-delà des chiffres, les présidents ont évoqué les perspectives de l’année à venir et en ont profité pour faire l’état des lieux d’une justice qui souffre. Le colloque « la Justice du 21ème siècle » initié par Christiane Taubira, où plusieurs pistes pour moderniser la justice ont été évoquées, a été commenté lors de cette séance solennelle. Tous les orateurs, président de la Cour d’appel, Procureur général, Président du TPI, Procureur de la République, sont unanimes : ils veulent une « justice moderne », mais qui doit leur donner les moyens de travailler. Car les problèmes à Papeete ne manquent pas : pauvreté du matériel, palais de justice trop petit. Au-delà d’un budget faible alloué à la justice, le fenua accuse un retard important dans les nouvelles technologies.
Il faut savoir que La Cour de cassation est la première juridiction en Europe à avoir entièrement réalisé la dématérialisation de sa procédure en matière civile. Mais celle-ci, n’est toujours pas parvenue jusque la Polynésie française.
Un système qualifié « d’obsolète » par José Thorel