Entre deux réunions de crise, le tavana explique que le black-out est dû à un « problème nouveau » : une impossibilité de connexion entre la centrale de Vaiare et le réseau. S’il ne peut pas dater le retour du courant, il assure que tous les acteurs sont « mobilisés » pour pallier aux problèmes causés par la coupure généralisée. Surtout, Evans Haumani rejette la responsabilité de la mairie dans cette situation, et ne remet pas en cause le choix d’avoir confié le réseau à un Epic local plutôt qu’à EDT depuis 2023.
Depuis mardi, peu avant 18h, Moorea n’a plus d’électricité. Un black-out qui pose des problèmes en cascade : magasins et stations fermés, eau coupée dans de plus en plus de quartiers, réseau téléphonique perturbé, numéros d’urgence injoignables… Une cellule de crise a été mise sur pied par la mairie, avec l’Epic Te Ito Rau no Moorea – Maiao, qui gère le réseau depuis début 2023, ainsi que des représentants de l’État, du Pays et des divers opérateurs de service publics, pour tenter de comprendre ce qui ne fonctionne plus et surtout réparer rapidement. Des anciens employés ont été appelés dès mardi soir mais n’ont pas su donner de solution, selon le maire Evans Haumani. « Le groupe marche et le réseau aussi mais c’est entre les deux que ça ne marche pas. Quand on lâche sur le réseau, ça tombe. C’est la première fois que ce problème arrive. C’est un problème à la centrale, quelque chose qui déconne au niveau sécurité ». D’après des techniciens, une alerte automatique de la centrale thermique de Vaiare empêche la reconnexion de la centrale, dont les moteurs tournent « sans problème » au réseau.
Les pompiers au domicile des malades
Le Haut-commissariat a envoyé un communiqué dans la matinée indiquant que le plan communal de sauvegarde était activé « pour assurer la continuité des services essentiels ». Il s’agit d’assurer la sécurité des personnes vulnérables comme celles nécessitant une assistance en oxygène. Une réunion a déjà eu lieu dès mardi soir à l’hôpital et selon le tavana, les pompiers ont été envoyés aux domiciles des personnes malades et qui ont besoin d’une assistance pour les ramener à l’hôpital.
Les communications sont devenues aussi très difficiles sur l’île, le réseau de téléphonie mobile est fortement perturbé. Autre problème : l’eau potable. Certains quartiers, de plus en plus nombreux à mesure que la panne électrique dure, n’ont plus rien au robinet. « C’est normal, et la Polynésienne des eaux est sur place, veut rassurer Evans Haumani. Ils amènent un groupe pour relancer l’usine de traitement de l’eau potable, c’est tout électrique. Et Onati pour le réseau, téléphonique, Vini. Et des techniciens arrivent pour travailler sur le problème de la centrale. »
La Polynésienne des eaux et Onati ont en effet activé leur propre cellule de crise et du matériel doit prendre le ferry ce matin pour tenter d’amoindrir les conséquences du black-out. Mais les groupes électrogènes en peuvent pas tout couvrir, préviennent certains responsables.
Des techniciens de Engie service doivent aussi prendre le bateau dans la matinée, à la demande de l’Epic de Moorea. Engie et sa filiale EDT ne gèrent plus le réseau depuis la fin 2022, puisque la mairie a décidé de créer un Epic local pour assurer cette mission, mais la société a accepté d’effectué cette mission de prestation en urgence. Certaines stations et grands magasins, restés fermés en début de matinée, devraient aussi se doter, lors des prochaines rotations de ferry, de groupes électrogènes pour pouvoir reprendre l’accueil des clients.
Epic plutôt qu’EDT : « On ne regrette pas »
La situation est « inédite » mais pour certains, elle est le résultat de nombreux dysfonctionnements depuis la reprise de l’électricité en régie. Des habitants de Moorea se plaignent depuis un moment des variations de tension sur le réseau ou de coupures régulières. Et nombreux sont ceux qui regrettent le temps où la concession était gérée par EDT. Pour Evans Haumani, ce n’est pas de la faute de la mairie. « Quand on a lancé le marché, EDT n’a même pas répondu. C’est pour ça qu’on prend. Mais ce n’est pas la commune qui a pris, c’est l’Epic. Comme EDT n’a même pas répondu. Voilà le résultat. On ne regrette pas. Si au moins ils avaient répondu au marché, ça aurait été toujours eu. Il ne faut pas qu’ils donnent des excuses, ce n’est pas notre faute. »
Une version de l’histoire assez partielle. La mairie avait plusieurs fois exprimé son souhait de reprendre la gestion du réseau électrique avant le lancement de l’appel d’offres. EDT-Engie avait expliqué à la mairie que les conditions fixées par le cahier des charges étaient impossibles à remplir – sur les engagements en terme de développement du renouvelable, ou le prix du KWh d’ailleurs -, aucun autre acteur n’avait d’ailleurs porté une offre jusqu’au bout de la procédure.
« C’est un problème »
Le tavana de Moorea assure que EDT continue à travailler avec Moorea. « On travaille en équipe », explique-t-il, même si les relations avec la filiale d’Engie ont été difficiles depuis 2023. Evans Haumani explique aussi que, des problèmes, il y en avait aussi avec la concession EDT et qu’à l’époque, « c’était eux qui ramassaient ». Aujourd’hui, c’est l’Epic Te Ito Rau no Moorea – Maiao qui est critiqué. Le tavana l’assure ce problème est complètement nouveau. « Toutes les personnes qui sont à l’exploitation sont des anciens de EDT et c’est ce qu’ils ont dit : c’est tout nouveau. Celui qui est parti (deux anciens employés de EDT embauchés à l’Epic avaient finalement quitté leur poste, ndlr) est revenu hier soir pour aider les équipes et il a dit que c’était nouveau. »