Le constructeur canadien a enregistré, au deuxième trimestre, près d’un milliard de dollars de pertes.
L’info. Paradoxe. Vendredi, à l’heure où Apple lançait en grande pompe son nouvel iPhone 5, son concurrent BlackBerry s’enfonçait lui un peu plus dans la crise. Le groupe canadien, pourtant pionnier sur le marché des smartphones, a annoncé, pour le seul deuxième trimestre, des pertes d’exploitation de près d’un milliard de dollars. Pour tenter de redresser la barre, le fabricant prévoit désormais de se séparer de 4.500 de ses 12.700 employés, soit une réduction des effectifs de 35 %.
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Le contexte. Comment BlackBerry, longtemps considéré comme l’un des groupes phares du marché des smartphones, en est-il arrivé là ? Pour bien le comprendre, il faut remonter avant 2007, année du lancement de l’iPhone. A l’époque, les smartphones se destinaient avant tout aux professionnels : c’étaient des appareils peu pratiques (il n’y avait pas d’écran tactile, mais une molette sur le côté de l’appareil pour naviguer), dont la principale fonction était l’échange de mail.
L’arrivée sur le marché d’Apple a relégué du jour au lendemain ces produits au rang d’antiquité, en proposant sur son iPhone un écran tactile performant et toute une ribambelle d’applications pour personnaliser le téléphone, jouer avec et se divertir. Un changement auquel le canadien a mis beaucoup de temps à s’adapter, ce qui a poussé les consommateurs à se tourner vers la concurrence.
Des ventes en chute libre. La conséquence, c’est que la part de marché de BlackBerry est tombée de 10 % en 2007 à moins de 3 % aujourd’hui. Le constructeur canadien, encore présent dans toutes les entreprises il y a quelques années, est aujourd’hui en pleine descente aux enfers. Malgré le lancement en janvier dernier du système d’exploitation (celui qui fait fonctionner le téléphone) BlackBerry 10, censé relancer la machine canadienne, les ventes de mobiles n’ont pas décollé. Résultat, le groupe se retrouve avec des stocks très importants d’appareils pour lesquels il n’arrive pas à trouver preneur, stocks qui sont responsables de l’essentiel de la perte annoncée vendredi.
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A ces ventes en berne s’ajoute également l’échec sur le front des tablettes : la Playbook, réponse de BlackBerry à l’iPad, ne s’est vendue entre avril et juin qu’à 100.000 exemplaires, contre plus de 14 millions d’unités pour la tablette d’Apple.
L’entreprise doit-elle se vendre… Pour se sortir de cette crise, le groupe pourrait être tenté de chercher de se vendre à un concurrent, comme l’on fait Nokia (racheté par Microsoft) et Motorola (sauvé par Google) avant lui. Pour le fabricant canadien, la planche de salut pourrait être asiatique. Les constructeurs chinois, ZTE, Lenovo ou encore Huawei, tentent depuis plusieurs années de percer sur les marchées européen et américain, sans grand succès pour l’instant. Racheter la marque BlackBerry leur permettrait d’acquérir à peu de frais une solide image de marque.
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… Ou se recentrer ? L’autre solution consisterait pour BlackBerry à se recentrer sur le marché des entreprises. Malgré son incapacité à s’imposer dans les smartphones, l’entreprise dispose encore d’une solide réputation auprès des professionnels, notamment grâce à ses serveurs d’entreprise et ses logiciels de cloud. Des produits qui rencontrent un certain succès et dont la valeur est estimée par les analystes à plusieurs milliards de dollars.