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Bloqué en Calédonie, le Papeete Rugby Club fait preuve « d’esprit d’équipe »

Les joueurs et le staff du Papeete Rugby Club, 23 polynésiens bloqués en Nouvelle-Calédonie, sont toujours dans l’attente d’une solution de rapatriement. Leurs journées sont rythmées entre la quête de provisions, les tours de garde et les activités sportives. 

Selon la présidence, au moins 145 Polynésiens seraient bloqués en Calédonie où des émeutes ont éclaté il y a une dizaine de jours. Moetai Brotherson a communiqué mardi soir, en indiquant comment se faire recenser et en demandant à l’Etat d’autoriser un vol exceptionnel pour rapatrier les ressortissants du fenua, à l’image des avions affrétés pour les Australiens ou les Néo-Zélandais. De son côté, le Haut-commissariat de la République en Polynésie s’est contenté d’un laconique partage du communiqué de la représentation de l’Etat en Calédonie, évoquant sans donner de détails des « mesures d’accompagnement des touristes français résidant hors de Nouvelle-Calédonie ». Pas de date de retour, encore moins de marche à suivre concrète, si ce n’est un court formulaire à remplir, lequel se résume à décliner son identité, et une adresse mail pour l’envoyer : tourisme-assistance@nouvelle-caledonie.gouv.fr.

En attendant que le ciel se dégage, les Polynésiens retenus sur le Caillou s’organisent comme ils le peuvent, à l’image des 23 rugbymen et membres du staff du Papeete Rugby Club, partis disputer un match amical à Nouméa au début du mois. Voilà plus d’une semaine qu’ils devraient être de retour au pays. « On ne sait pas trop quand est-ce qu’on pourra rentrer à Tahiti, c’est le flou », pose l’un des entraîneurs, Anthony Hourtal. Il explique que « le Haut-commissariat calédonien est au courant de la situation et qu’il garde un œil sur nous mais pour le moment on a pas trop d’infos… »,  concédant avoir été « surpris » de voir les touristes australiens et néo-zélandais bénéficier d’un rapatriement.

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Un quartier sécurisé par les riverains

Pendant un temps, le groupe a pu être hébergé par la famille wallisienne d’un des joueurs de l’équipe, avant de revenir au centre la journée. « Un jour ça s’est un peu compliqué, on a fait face à des barrages, avec des voitures qui brûlaient et des jeunes qui étaient en bord de route donc on a décidé de ne plus faire les trajets et de rester définitivement dans le centre », avec la mise en place de tours de garde le soir. « Des gens du quartier faisaient aussi des barrages pour protéger leurs maisons, pour éviter que les gens brûlent le quartier, donc on a décidé de dormir tranquillement, puisqu’ils sont plus équipés que nous », poursuit l’entraîneur. Le groupe peut aussi compter sur le soutien des clubs locaux, l’Olympique de Nouméa et Dumbéa notamment, et d’amis sur palce. « Certains se sont mis en danger pour partager leurs provisions avec nous, il y a des gens hyper généreux », salue-t-il.

Esprit d’équipe

Loin de leur quotidien entre travail et entrainements au stade Bambridge, ces Polynésiens vivent des journées inédites. « Nous avons une équipe qui part faire des courses dans un des rares magasins qui est encore ouvert. Ils partent tôt, car la dernière fois qu’ils ont essayé, il a fallu attendre 4 heures pour accéder au magasin. La priorité est de rapporter un maximum de vivres », d’autant qu’il y a de sacrés gabarits à nourrir. Répartis en différents groupes, certains ciblent les boulangeries, les autres s’occupent du ménage et de l’entretien du centre sportif ou toute l’équipe est logée, en compagnie d’étudiants évacués en urgence de leur campus. « On essaye de se répartir les tâches et ensuite de partager un moment tous ensemble pour le moral et pour garder le groupe soudé jusqu’au bout », raconte Anthony. « On a besoin d’avoir cet esprit d’équipe », poursuit-il. Pour éviter les tensions naissantes, dans un vase clos au climat anxiogène, des tours de tables réguliers sont aussi organisés, « ce qui permet à chacun de vider son sac ». Sur place, chacun peut aussi se défouler avec les infrastructures sportives du centre d’hébergement. « On a décidé de s’aérer un peu l’esprit et de faire notamment des rugby à toucher. Certains d’entre nous sont adeptes du crossfit et nous font des petites séances histoire de se vider un peu la tête ». Et « si on est toujours là vendredi », une journée sportive sera organisée en commun avec les jeunes étudiants, « histoire de remettre de mettre une ambiance joviale dans le campus et de penser à autre chose et de partager des moments tous ensemble ».

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Plus difficile à gérer, la situation professionnelle des joueurs, tous amateurs. « Chacun essaye de s’organiser au mieux, certains font tourner leurs boites à distance… pour ceux qui peuvent », glisse Anthony, qui est parvenu à trouver des remplaçants pour faire tourner son cabinet de kiné. « Mais nous avons des gens patentés, qui perdent de l’argent. D’autres sont gênés de ne pas pouvoir retourner au travail, même si les clients et les patrons comprennent… On espère que ça ne durera pas trop longtemps, pour ne pas créer de difficultés par la suite. » La balle est dans le camp des autorités. « Nous souhaitons seulement rentrer chez nous auprès de nos amis et familles », concluent les joueurs.