Gaston Tong Sang, maire de Bora Bora, a signé avec l’Agence française de développement un prêt de 186 millions de Fcfp pour la rénovation de son service d’assainissement collectif, et deux subventions pour des études sur un futur site unique de gestion des déchets ainsi que la conversion d’une trentaine de véhicules à l’hydrogène, toutes deux co-financées par l’AFD et l’Ademe.
Bora Bora emprunte 186,8 millions de Fcfp pour rénover son service d’assainissement collectif, qui fête ses 30 ans cette année, et plus particulièrement pour améliorer ses systèmes d’acheminement des eaux usées vers les deux stations d’épuration de la commune. Le projet permettra de sécuriser le fonctionnement du système d’assainissement, en particulier la production d’eau usées traitées, ressource alternative au dessalement, utilisée notamment pour l’irrigation agricole et facturée près de 50% moins cher que l’eau potable. De la maintenance, donc : en matière d’assainissement, dit le tavana de Bora Bora, « ce Pays a dépensé des dizaines de milliards pour les communes. À peine 10 ans plus tard, la qualité baisse, parce qu’on ne met pas assez de moyens dans la maintenance. »
L’emprunt, sur 15 ans à un taux bonifié de 0,38%, est rendu possible par le Fonds Outre-mer, explique la directrice de l’AFD Céline Gilquin. Comme Gaston Tong Sang, ou la chambre territoriale des comptes, elle rappelle que les capacités d’emprunt des communes polynésiennes sont sous-utilisées. Elle y voit un manque de volonté politique : « Si c’est possible de faire de l’assainissement à Ouagadougou, c’est possible ici aussi. Nous offrons un accompagnement complet, sur la communication, la tarification, la facturation : on ne cherche pas à simplement construire un réseau, on cherche surtout à mettre en place un service. » Gaston Tong Sang renchérit : « C’est ce que je dis aux maires. Ne demandez pas d’autres compétences si vous n’avez pas d’assainissement. »
Un site unique pour les déchets
La commune souhaite aussi mettre en place un site unique de gestion des déchets, sur l’emprise foncière qui accueille le centre d’enfouissement technique, la plateforme de compostage des déchets verts et l’unité de broyage de verre. Le site pourrait donc accueillir assez rapidement – l’étude, chiffrée à 1,4 million de Fcfp, devrait être finalisée en moins d’un an – un centre de tri, une déchetterie, une ressourcerie et une aire pédagogique. L’enjeu : diminuer le volume des déchets enfouis, réduire les transferts sur Tahiti en démantelant sur place une partie des déchets électroniques et électriques (par exemple en récupérant les pièces détachées d’électro-ménager pour permettre davantage de réparations), et « impliquer massivement » la population dans les pratiques éco-responsables.
L’hydrogène pour les véhicules et les bateaux de la commune : un projet expérimental
Bora Bora se veut toujours précurseur, avec cette fois un projet de conversion à l’hydrogène d’une trentaine de véhicules. La commune veut mettre en place un système de production d’hydrogène alimenté à 100% par une centrale solaire dédiée, installée là aussi sur le site du CET. L’AFD co-finance aussi cette deuxième étude de faisabilité chiffrée à 1,78 millions de Fcfp, L’Agence française de développement soutient cette initiative expérimentale pour « son potentiel de standardisation pour des centaines de bateaux », et pour son intérêt en termes de préservation de la biodiversité car la propulsion à l’hydrogène réduit l’impact sonore sur la faune aquatique.
« C’est un appel à projet de l’Ademe, explique Gaston Tong Sang. Ce serait toujours au CET où nous avons des casiers pleins, qui sont maintenant fermés et sur lesquels on peut installer des panneaux solaires, qui alimenteraient une petite unité de production d’hydrogène liquide. On va donc motoriser à l’hydrogène nos deux véhicules de ramassage des déchets, dans un premier temps, et pourquoi pas des bateaux. Parce que les bateaux solaires c’est bien pour les amoureux qui ne sont pas pressés, mais si tu as un avion à prendre tu risques de le rater. »
Gaston Tong Sang ne veut pas tout miser sur l’énergie solaire : « On s’est rendu compte que le rendement n’est pas si élevé que ça. On a testé un osmoseur solaire, il devait produire 80 m3 d’eau par jour, et finalement on dépasse difficilement les 50m3. Il en faut quand même, mais c’est plus adapté à un projet d’agri-énergie, des serres anti-cycloniques sur lesquelles on place des panneaux. C’est Akuo qui va le faire. Et mon rêve, c’est une usine pilote d’énergie thermique des mers. » Un projet pour lequel Bora Bora pourra bénéficier de fonds européens, car l’île a été choisie dans le cadre du projet IANOS.